Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

ALLÉON-DULAC Jean Louis (1723-1788)

par Louis David.

 Les racines de la famille, telles qu’on peut les connaître, remontent au village de Beaulieu près de Lavoûte-sur-Loire (Haute-Loire). Henri Alléon sera le premier, au xviie siècle, à s’installer à Saint-Étienne comme marchand de soieries. Marié en 1620 à Hélène Falque, puis en 1654 à Antoinette Thomas, il aura huit enfants parmi lesquels : Jean-Baptiste (1638-1702), époux d’Anne Courbon ; Pierre (1643-1722), procureur fiscal à Saint-Étienne ; Jean, époux de Marie Valloux ; François, époux de Sybille Bernou ayant comme fils Jean François (?-1742) et comme petit fils Jean Louis.

 Jean Louis est né le 11 février 1723, fils naturel et légitime de Jean François, conseiller du roy, juge lieutenant des traites foraines de la ville de Saint-Étienne, et de demoiselle Claudine Carrier ; il a été baptisé le 12 en l’église paroissiale de Saint-Étienne avec comme parrain Jean Louis Carrier, colonel de la milice bourgeoise, ancien échevin, et comme marraine dame Nicole Réal, femme de noble Antoine Dumarest, conseiller et avocat du roy au baillage de Forez.

 Après sa première éducation chez les jésuites, il poursuit des études de droit à Toulouse où il est reçu avocat. Dès 1748, il s’établit à Lyon pour exercer sa profession. Mais l’étude des sciences naturelles l’intéresse au plus haut point, et il parcourt les provinces lyonnaises en accumulant les observations : ses premières communications sont faites auprès de la société royale d’Agriculture de Lyon. Il finit par abandonner le barreau pour se consacrer exclusivement à l’étude de la nature régionale ; en 1765, il revient à Saint-Étienne pour prendre une place de finance lui laissant beaucoup de loisirs, d’abord comme directeur de la poste aux lettres et entreposeur des tabacs, puis directeur du bureau de la loterie.

 Il termine sa vie, non pas en 1768 (selon Michaud*, date reproduite en maintes biographies ultérieures), mais en 1788, comme l’atteste le registre de la paroisse Notre-Dame : « Noble Jean Louis Alléon Dulac, âgé de 66 ans, avocat au parlement, époux de dame Antoinette Fleurie Ménard, décédé hier–avant-hier [un des mots aurait dû être rayé] a été inhumé […] le 27 janvier 1788, en présence d’André Francon, bourgeois, d’autre sieur Antoine Guillomot, autre bourgeois, ses gendres ». La date de décès qu’on peut considérer comme certaine est donc le 25 janvier. Il avait épousé à Oullins le 11 février 1753 Antoinette Fleurie Ménard, fille de Théodore Ménard (1702-1753), marchand drapier et de soie à Lyon, et d’Anne Fessy. Ils ont trois enfants : Anne, qui épouse en 1776 Jean François André Francon ; Marie Catherine Louise Victoire (1761-Clermont-Ferrand 1801), qui épouse en 1781 Antoine François Guillemot (Thiers 1750-Rueil-Malmaison 1832), négociant, directeur des postes et entreposeur de tabac à Saint-Étienne, inspecteur des postes du Puy-de-Dôme ; et Philippe Jean Marie.


Académie

Le 16 novembre 1753 Christin*, directeur de la Société Royale, annonce la mort de Delamonce* et propose pour le remplacer, Nonotte, Proulier et Alléon-Dulac. Le 26 avril 1754, celui-ci « est élu à la forme ordinaire du scrutin pour remplir la place vacante dans la classe de physique ». Il remercie la compagnie lors de l’assemblée publique du 3 mai 1754. Le 28 juin 1754, « après avoir fait quelques réflexions sur l’étude et les progrès de la physique expérimentale, il donne le plan du projet qu’il a formé de travailler à l’histoire naturelle des provinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais ». Le 23 août 1754, il fait la lecture d’un mémoire sur la génération des grenouilles (voir Ms120). Lors de l’affaire d’Alembert-Tolomas, il prend parti pour d’Alembert et quitte la Société Royale : « Du 28 février 1755, M. Alléon a présenté à M. Bollioud*, président de l’assemblée, deux lettres datées du même jour : l’une de M. Goiffon, l’autre de M. l’abbé Audra qui contiennent chacune la démission que donnent ces académiciens de leur place d’ordinaire. Après la lecture de ces lettres, M. Alléon s’adressant au Président de l’assemblée a déclaré qu’il se démettait aussi de sa place d’académicien ordinaire, et est sorti sur le champ, séance tenante ».

Bibliographie

Bréghot. – Michaud. – Mémoires de Trévoux, janvier 1766, p. 104-126. – L. Grognier*, « Notice sur Alléon-Dulac », AHSR 1, 1825, p. 94-96. – Auguste Bernard jeune, Histoire du Forez, 1835, vol. 1, 356 + 42 p. ; vol. 2, 318 + 80 p. – F.Z. Collombet, « Étude sur les historiens du Lyonnais », RLY 1843, p. 97-104. – Descreux, Notices biographiques stéphanoises, Saint-Étienne : Constantin, 1868, 8 + 349 p. (rééd. 1999, Feurs : C. Bussy) – A. Falsan*, « Des progrès de la minéralogie et de la géologie à Lyon », MEM 1874, p. 219-275. – Claudius Roux*, « Notice bio-bibliographique sur J.-L. Alléon-Dulac […] et sur ses manuscrits inédits… », Bull. Soc. Linn. Lyon, (n.s.) 53, 1906, p. 1-10. – O.C. Reure, Bibliothèque des écrivains foréziens jusqu’en 1835, Montbrison : E. Brassart, 1914, t. 1 (A-K) (extr. Mém. La Diana, XIII). – Éloi Thiollière, « Un écrivain stéphanois au siècle des Lumières, Alléon-Dulac (1723-1788) », Bull. Vieux Saint-Étienne 109, 1978, p. 13-19 ; 110, p. 43-47 ; 111, p. 66-69.

Manuscrits

Lettre de remerciement à l’Académie. Ac.Ms262 f° 4-5, 1754. – Discours sur les progrès des Sciences expérimentales et sur le projet et le plan d’une Histoire naturelle des provinces du Lyonnois, Forest et Beaujolois. Ac.Ms120 f° 32-36, 1754. – Histoire naturelle des grenouilles (recherches sur la génération des grenouilles et sur l’usage avantageux qu’on peut faire de ces animaux) (avec observations de Mr Roesel fameux naturaliste allemand). Ac.Ms223 f° 97-100, 1754. – Observations topographiques, physiques et critiques sur le climat, les maladies, la population, les arts et le commerce de la ville de Saint-Étienne-en-Forez. BNF Ms11857, 172 p., 1786 – Nouveaux mémoires pour servir à l’histoire naturelle des provinces du Lyonnois, Forez et Beaujolois [5 mémoires : le sol et les diverses productions ; les rivières ; les eaux minérales ; les sapins et pins ; la montagne de Pierre-sur-Haute]. BNF Ms11857, 210 p., 1786. – Observations sur le charbon minéral ; essai sur l’Histoire naturelle des mines de charbon de Rive-de-Gier et de Saint-Étienne ; topographie des mines de charbon du Lyonnais et du Forez, depuis le Rhône jusqu’à la Loire [6 parties]. BNF Ms11857, 189 p., 1786.

Publications

Panégyrique de Louis XV. Prononcé dans l’hôtel de ville de Lyon, le 21 décembre, fête de S. Thomas, de l’Année 1749. Lyon : Journet et Claude Cizeron, 1749, 20 p. [existe à La Diana à Montbrison, et BML]. – Mélanges d’histoire naturelle, 2 vol., Lyon : Duplain, 1763, 16+456 p. et 15+471 p. ; réimpression 1765 ; nouvelle édition, 6 vol., Lyon : Duplain, 1765, 16 + 456, 15 + 471, 12 + 467, 8 + 472, 12 + 500 et 8 + 556 p. – Mémoires pour servir à l’Histoire naturelle des provinces du Lyonnois, Forez et Beaujolois, 2 vol., Lyon : Cizeron, 1765, 40 + 384 et 320 p. [prix de 1 200 livres du Consulat] ; réimpression sous le titre Mémoires pour servir à l’Histoire naturelle des départements du Rhône et de la Loire, Paris : Francart et Berry, Lyon : Cizeron, Guyet et Brubot, 2 vol., 1795. – Mémoire pour les Sieurs Recteurs et Administrateurs de la Maison de Charité et Aumône générale de la Ville de Saint-Étienne en Forez [] contre les Dom Prieur et Religieux de l’Abbaye Royale de Val-Benoite [], Lyon : Aymé de la Roche, 1773, 42 p.

Les ouvrages d’Alléon-Dulac ont été violemment critiqués dans les Mémoires de Trévoux en janvier 1766, p. 104-126.