Né à Rouen le 28 janvier 1911, fils de Louis Antoine Debidour (Sarlat-la-Canéda [Dordogne] 1873-Auberive [Haute-Marne] 1915, mort pour la France), professeur agrégé d’histoire, et de Camille Henry (Lille 1877-Villefranche-sur-Mer 1950), fille du linguiste Victor Henry (Colmar 1850-Sceaux 1907) ; petit-fils de l’historien Antonin Debidour (Nontron [Dordogne] 1847-Paris 1917).
Il est élève à la khâgne de Marseille avant d’entrer à son tour – comme son père, son grand-père, son oncle (Élie Debidour, promotion 1908), son frère (Antonin, promotion 1921) et plus tard son fils – à l’ENS-Ulm en 1929. Après un diplôme d’études supérieures sur Le Grand Meaulnes, il est agrégé des lettres en 1934. Il se fait alors nommer professeur à Quimper à l’incitation de ses camarades bretons le futur géographe Maurice Le Lannou et le futur romancier Henri Queffélec : la Bretagne le marque profondément, et suscitera de sa part la composition, après la guerre, de plusieurs livres sur l’art breton. Il est ensuite professeur à Avignon. C’est en 1938 qu’il est nommé professeur à Lyon au lycée du Parc, en hypokhâgne puis en khâgne, jusqu’à sa retraite en 1971.
À côté de son enseignement en français et en grec auquel il se donna avec passion, il a beaucoup écrit, et pris une place de plus en plus marquée dans le monde intellectuel lyonnais. Critique littéraire du Bulletin des Lettres (longtemps publié par la librairie Lardanchet), il en a été le rédacteur en chef durant trois décennies. Essayiste, traducteur, grand amateur d’art, il a reçu le Grand Prix Catholique de Littérature en 1962, et le Grand Prix de la Critique et de l’Essai de la ville de Paris en 1982. Chevalier de la légion d’honneur. Il est le père de l’historien et archéologue Michel Debidour, époux de Michèle Debidour*.
Il est décédé à Lyon le 14 juin 1988, et ses funérailles ont été célébrées le 20 juin à l’église Saint-Pothin (Lyon, 6e). Il a été inhumé à Septème (Isère).
Debidour avait donné une conférence le 23 juin 1970 sur « Les difficultés de la traduction » (MEM 30, 1975, p. 27-28). Il est élu le 7 décembre 1971 au fauteuil 1, section 1 Lettres, sur un rapport de Louis Pize* présenté le 9 novembre ; son discours de réception, le 22 février 1972, a pour titre Réflexions sur la critique littéraire vue de Lyon (MEM 29, 1975, p. 28). Plusieurs communications : Montherlant et l’Espagne (MEM 29, 1975), Alexandre Soljenitsyne (MEM 30, 1977), Statues et vitraux de Bretagne (MEM 36, 1982). En 1987, à sa demande, il devient émérite. À sa mort, son éloge a été prononcé par Robert Favre* (MEM 43, 1988, p. 15-19).
DBF, notice Antonin Debidour par R. Leguay, notice Victor-Henry par A. Fierro. – A. Loranquin, « Victor-Henry Debidour », Bulletin des Lettres 478, 1988, p. 213-216. – Association des amis de Victor-Henry Debidour, Victor-Henry Debidour. Saveur des lettres... saveur du maître, Lyon : ELAH, 1990, 109 p.
Les nombreux ouvrages qu’il a publiés reflètent ses multiples centres d’intérêt :
Essais : Saveur des lettres, Paris : Plon, 1946. – Le miroir transparent, Paris : Lardanchet, 1947.
Études sur des auteurs français : Giraudoux, Paris : éd. Univers., 1955. – Rivarol, Paris : Grasset, 1956. – Simone Weil ou la transparence, Paris : Plon, 1963.
Traductions : d’auteurs grecs en français (textes joués sur scène avec succès depuis les années 1960) : La totalité des Tragiques grecs (Eschyle, Sophocle, Euripide), parution posthume, Paris : La Pochothèque, 1999. – Surtout les Comédies d’Aristophane – t. 1, Paris : Hachette, Poche, 1965 ; t. 2, Paris : Gallimard, Folio, 1966 –, pour lesquelles il s’est attaché avec bonheur à donner des équivalents lisibles et scéniques pour les innombrables calembours de l’original grec ; il a écrit aussi une étude avec des textes : Aristophane par lui-même, Paris : Seuil, 1962. ; Traduction de Méthode d’Olympe, Le Banquet, Sources Chrétiennes n° 95, Paris : Cerf, 1963.
Iconographie et art religieux : La sculpture bretonne, Rennes : Plihon, 1953, rééd. Ouest-France, 1981. – L’art de Bretagne, Paris : Arthaud, 1979. – Brève histoire de la sculpture chrétienne, coll. Je sais je crois, Évreux : Arthème Fayard, 1960. – Bestiaire sculpté du Moyen Âge en France, Paris : Arthaud, 1961. – Les trésors cachés du pays niçois, Paris : Hachette, 1961. – Vézelay, Paris : Plon, 1962. – Sur Lyon : Avec M. Laferrère*, Lyon et ses environs, Grenoble : Arthaud, 1975 ; rééd. Flammarion, 1990.