D’ascendance alsacienne protestante, Maurice Jacob est né le 16 septembre 1909 à Izieux (Saint-Chamond, Loire) où son père était ingénieur chimiste. Après son internat au lycée de Saint-Étienne, quatre années à l’École de Chimie de Lyon et à l’École centrale lyonnaise lui donnent en 1930 le titre d’ingénieur-chimiste. Il épouse Marguerite Moulins, étudiante en pharmacie, le 14 mai 1932. Ils auront trois enfants : Maurice René (28 mars 1933-2 mai 2007) qui fera une brillante carrière de physicien théoricien au CERN (et père de l’actrice Irène Jacob, née à Paris le 15 juillet 1966) ; Bertrand qui s’orientera vers l’éducation physique ; et Françoise professeur de sciences physiques. La vocation de Maurice Jacob était d’enseigner. Une licence et un diplôme d’études supérieures le conduisent à l’agrégation de Sciences physiques à laquelle il est reçu deuxième en 1935. Pendant la « drôle de guerre », du 2 septembre 1939 au 26 juillet 1940, lieutenant formé à l’École d’artillerie de Poitiers, il tient un journal, dont la copie de son écriture fine et régulière a été publiée en fac-similé en 2011.
Nommé au lycée de Saint-Étienne en 1935, puis au lycée du Parc à Lyon en 1939 dans les classes préparatoires, excellent professeur, il a formé des générations d’étudiants qu’il a suivis de près, fier d’en retrouver nombreux dans de belles carrières. Extrêmement organisé, conservant notes et appréciations de ses élèves, il se faisait un malin plaisir de les leur rappeler des dizaines d’années plus tard. Dans un recueil de témoignages pour l’anniversaire de ses 90 ans, les souvenirs et les anecdotes abondent. « Étincelant d’intelligence, d’une autorité chaleureuse, sachant dire simplement les choses importantes, être sérieux sans se prendre au sérieux », tel le décrit Pierre Moussa. Chargé de cours à l’École Centrale, à l’École de Chimie, à l’INSA et à la Faculté des sciences, il a fait partie de nombreux jurys de concours aux grandes écoles et à l’agrégation.
Animateur et organisateur hors pair, il était d’une activité débordante. Fondateur en 1949 de la section académique de l’Union des Physiciens, qu’il a présidée pendant 24 ans, il en a préparé toutes les activités : formation continue, visites de sites industriels, congrès nationaux à Lyon en 1950 et 1966 (avec participation des prix Nobel L. Néel et A. Kastler), excursions et voyages, autant d’occasions de créer des relations professionnelles et amicales.
L’enseignement ne suffisait pas à l’intense besoin d’activité de Maurice Jacob. Membre de cinquante-deux associations, il en présida vingt-quatre : Amis du Musée de l’Imprimerie, Amis des Bibliothèques de Lyon, Académie du Merle Blanc fondée en 1949 avec Edmond Locard, Société de Musique de chambre, etc. Partout il a fait preuve de ses dons d’initiative, de dévouement et d’efficacité, et particulièrement dans trois domaines. Mélomane, il a créé en 1942, salle Rameau, une série de conférences-concerts d’initiation à la musique qui a laissé de grands souvenirs. Directeur-artistique, il a présenté à Radio-Lyon cent émissions jusqu’en 1976, « À l’écoute des voix régionales », véritable florilège de la vie musicale lyonnaise. Membre du Rotary en 1962, président du club Lyon-Nord en 1973, il a été gouverneur du 171e district en 1979.
Élu à l’Académie le 7 juin 1966, il a consacré son discours de réception à Alfred Kastler, prix Nobel de Physique 1966 pour sa découverte en 1950 du « pompage optique » et de ses applications dans de hautes technologies : horloge atomique, magnétomètre, laser… Secrétaire général de l’Académie en 1970, président en 1973, trésorier de 1978 à 1998, il a rempli toutes ces fonctions avec autant de dévouement que de soin, de rigueur et de minutie. Suivant de près les prix scientifiques décernés par l’Académie, il en a été le rapporteur et l’archiviste : prix Thibaud*, prix de la Fondation scientifique de Lyon et du Sud-est, prix Ampère qu’il a fait renaître en 1981 après une éclipse de plusieurs décennies et dont il a été la cheville ouvrière, prix De Lancey et de la Hanty... Il a présenté deux communications sur des musiciens méconnus : en 1976 Claude Goudimel auteur de cent cinquante psaumes, en 1999 sur Philibert Jambe de Fer, musicien lyonnais de la Renaissance.
Amoureux de la montagne, fervent de ski, Maurice Jacob a fait construire un chalet en Oisans, à Villard-Laté (près de Serre-Chevalier), Les Trolles, en 1952, et un second en 1968, Le Génépi, du nom de cette petite plante à fleur jaune d’où il tirait une liqueur qu’il se faisait un plaisir d’offrir à ses invités. Grand voyageur, il a parcouru en voiture la France et l’Europe, en croisières ou en voyages organisés la Grèce, la Turquie, la Jordanie, le Golfe persique…, et le monde, Asie centrale, Chine et Inde, l’Amérique du Canada jusqu’à la Patagonie. Voyages et missions universitaires, aux États-Unis en 1964 et en Iran de 1965 à 1968, ont été suivis de conférences à l’Académie, de 1971 à 1978.
Curieux de tout, d’une vaste culture, esprit brillant, Maurice Jacob était toujours à l’aise. Sous cette apparence de facilité se cachait en réalité un grand travailleur, remarquablement organisé, méthodique, rigoureux et précis, efficace, d’une mémoire sans faille. Conférencier de talent, capable d’improvisation, il tenait son auditoire sous le charme. S’il a beaucoup écrit, rédigé un nombre incalculable de circulaires et de comptes rendus, tenu une correspondance abondante avec ses nombreux amis, il a peu publié.
Maurice Jacob est mort à Lyon le 23 mars 2003 ; sa tombe est au cimetière de Châteaudouble (Drôme). Éloges par Joseph Janin* (MEM 2003), et par Ch. Rulha* (Bull. de l’Union des Physiciens 97, juin 2003).
Une salle de sciences physiques du lycée du Parc a reçu le nom de Maurice Jacob en 2004. Son buste est exposé dans la bibliothèque de l’Académie. Au Point-du-Jour une rue aboutissant à la rue Joliot-Curie, où il a longtemps habité au n°35, a été inaugurée à son nom le 17 novembre 2007.
J. Burdy*, « Maurice Jacob, scientifique et humaniste », BMO, 5 octobre 2009.
Le Cercle d’Études Musicales Universitaire de Lyon, 22 octobre 1942-28 avril 1945, s.d. - « La musique à Lyon », dans la Grande encyclopédie de Lyon et des communes du Rhône, Horvath, 1981. – Entretiens. La musique à Lyon d’Édouard Commette à Ninon Vallin, ELAH, 2002. – Lieutenant Maurice Jacob, Journal de guerre, 192e RALT, 2011.