Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

SANTY Paul (1887-1970)

par Philippe Mikaeloff.

 Paul Eugène Jules Norbert Santy est né à Die (Drôme), rue Villeneuve, le 16 avril 1887, fils de Sernin Vincent de Paule [sic] Santy (Dun-le-Palestel [Creuse], 19 mai 1850-Saint-Pantaléon-de-Larche [Corrèze] 26 août 1906), receveur de l’enregistrement et des domaines, et de Marie Françoise Camille Véron (Saint-Étienne, 17 février 1856-21 décembre 1903). Déclaration en présence de Louis Magnan, docteur en médecine, et de Nicolas Amédée Cangardel, conservateur des hypothèques. Il fait ses études secondaires au lycée de Saint-Étienne où son père a été muté. D’abord tenté par l’École des Mines de Saint-Étienne, il décide finalement de devenir médecin, fait ses études à Lyon et devient externe des hôpitaux en 1908, interne des hôpitaux en 1910, prosecteur à la faculté de médecine en 1912. Il subit l’influence d’Antonin Poncet, de René Leriche (« c’est à René Leriche que je dois le meilleur de ma vie chirurgicale »), de Xavier Delore*, plus tard de Léon Bérard. Pendant la Première Guerre mondiale, mobilisé en 1914, il soutient en 1915, au cours d’une permission, une thèse inspirée par Xavier Delore* sur « le traitement chirurgical des ulcères d’estomac ». Maintenu sous les drapeaux jusqu’en 1919, il participe aux travaux du Centre chirurgical d’instruction de Bouleuse (Marne), conçu par le secrétaire d’État Justin Godard*.

 Après la guerre, et après avoir occupé en 1919 les fonctions de chef de clinique auprès de Léon Bérard et un bref passage par l’hôpital des Charmettes dépendant de la Croix-Rouge à Villeurbanne, il devient chirurgien des hôpitaux de Lyon en 1920, agrégé en 1923. Il est nommé chef de service en urologie à l’Antiquaille en 1926, chef de service à la Croix-Rousse en 1930, enfin à l’hôpital Édouard Herriot de 1934 à 1958. Après avoir été professeur de chirurgie opératoire en 1939, il devient professeur de clinique chirurgicale en 1941. Il succède à Léon Bérard comme directeur du centre anti-cancéreux de Lyon de 1940 à 1958, installé dans ses locaux actuels à son départ à la retraite. Il a été « l’un des derniers représentants de ces grands patrons qui menèrent de front les tâches de la chirurgie générale et celles de la cancérologie » (Marcel Dargent*). En chirurgie générale, il aborde successivement plusieurs disciplines différentes : traumatologie et chirurgie orthopédique pendant la guerre, chirurgie de l’appareil digestif, chirurgie thoracique (il réalise le 5 juillet 1937 la première exérèse pulmonaire réussie en France), enfin chirurgie du cœur et des gros vaisseaux. Dès 1937, il obtient des résultats encourageants dans le traitement des péricardites constrictives. En 1947, il se rend à Baltimore au Johns Hopkins Hospital chez A. Blalock pour étudier la nouvelle chirurgie du cœur. À son retour, entouré de nombreux élèves, il se lance dans l’opération des « enfants bleus » (300 opérés en 10 ans), la résection de l’aorte, en 1950, après un voyage d’étude à Stockholm et un travail expérimental sur l’animal, l’opération à cœur ouvert, en 1956, donnant ainsi un rayonnement international aux travaux du pavillon O. Sa carrière correspond à une période de l’histoire de la chirurgie marquée par la mise au point de nouvelles méthodes d’anesthésie et de réanimation, l’extension de la transfusion sanguine, le développement des antibiotiques, des corticoïdes et des anticoagulants.

 Il est mort le 20 janvier 1970 à Écully, à 82 ans, d’une crise cardiaque. Maurice Guilleminet* a prononcé, au nom de l’Académie, son éloge funèbre.

 Une avenue de Lyon 8e porte son nom (ancienne Route d’Heyrieux), ainsi que le centre orthopédique qui s’y trouve. Il existe également une avenue Paul-Santy à Écully.

 Il avait épousé à Écully le 29 juin 1921 Blanche Atuyer (Lyon 5e 9 août 1896-Écully 8 octobre 1977) – fille de Pierre François Atuyer (Lyon, 1861-1912), fabricant de soieries (Maison Atuyer-Bianchini-Ferrier), et de Marie Victoire Perrine Philomène Bunel –, dont il a eu six enfants.

 Il demeurait à Lyon, place Gailleton, et l’été dans la propriété de quatre hectares des Granges à Écully, rachetée à la famille Atuyer en 1939 [devenue en 1996 le laboratoire de la police technique et scientifique].

 En 1920, il a été membre du comité de rédaction du Lyon médical, président du congrès français de chirurgie en 1952, membre correspondant de l’Académie nationale de médecine le 9 mars 1943, membre titulaire le 24 novembre 1953, et membre correspondant de l’Académie des sciences pour la section de médecine et de chirurgie. Il a été aussi membre de l’académie de chirurgie, membre fondateur de l’académie drômoise des lettres, sciences et arts, membre correspondant étranger de l’académie royale de Belgique élu le 20 décembre 1947.

 Croix de guerre 1914-18, commandeur de la Légion d’honneur (1957)


Académie

Élu membre de l’Académie le 1er décembre 1953 au fauteuil 4, section 3 Sciences, sur un rapport de Maurice Patel*, il succède à Barthélemy Lyonnet*. Il consacre son discours de réception, le 23 février 1954, aux Origines et exigences de la chirurgie cardiaque (MEM 1959). Il est président en 1959.

Bibliographie

M. Patel*, « Rapport sur la candidature de Paul Santy », Dossier Acad. – M. Guilleminet*, « Éloge funèbre de Paul Santy » Dossier Acad. – François de Gaudart d’Allaines, « Notice nécrologique de Paul Santy », CRAS 270, 23 février 1970. – P. De Moor, « Éloge de Paul Santy », Bull. Acad. Royale de Belgique, 31 octobre 1970. – M. Latarjet*, « Le professeur Santy et la chirurgie d’aujourd’hui » Discours de réception à l’Académie, 15 décembre 1970, MEM 1975. C. Choux, La vie et l’œuvre du professeur Paul Santy, thèse de médecine Lyon 1, s.l. s. n., 1984. – David 2000. – Corneloup, DHL.

Publications

Praticien et chef d’école, Paul Santy n’a laissé ni ouvrage ni traité. Il a cependant publié de nombreux articles principalement dans le Lyon médical et inspiré de nombreuses thèses. Un exposé de ses titres scientifiques daté de 1938 (Lyon, A. Rey) figure dans son dossier à l’Académie.