Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

DUPASQUIER Louis (1800-1870)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Né à Lyon, le 4 décembre 1800, Petite rue Mercière, Louis Gaspard Dupaquier n’est déclaré que le surlendemain 6 décembre ; présents Lazare Comte clincailler place du Plâtre, et André Morand fabricant de peignes de corne rue Ecorchebœuf (act. rue Port-du-Temple). Par jugement du tribunal civil du 29 août 1840, « il a été prononcé que le nom s’écrivait Dupasquier » (indication en marge de la déclaration de naissance). Louis est le fils de Joseph Denis Dupacquier (Du Paquet) (Lyon, 16 novembre 1762–14 octobre 1805), pharmacien et fabricant de bas de soie comme son père Gaspard, et de Françoise Glénard, née avec sa sœur jumelle Jeanne le 11 juillet 1764 à Chessy (Rhône), décédée le 4 mai 1832 à son domicile, 1 rue Saint-Joseph (act. rue Auguste-Comte). Du mariage du couple le 25 avril 1792 en l’église Saint-Polycarpe, sont issus cinq enfants : Gaspard Alphonse* (Chessy 27 août 1793-Lyon 13 avril 1848) docteur en médecine, professeur de chimie à l’école de médecine ; Élisabeth (Lyon, 13 février 1797-5 avril 1828), qui le 11 mai 1813 épouse son voisin du 29 rue de L’Hôpital, le droguiste Jean-François Coignet (Saint-Étienne 9 février 1793-Lyon 5 mars 1846) ; Laurent Auguste (Lyon 15 février 1799-Saint-Cyr-au-Mont d’Or 11 juillet 1880), pharmacien ; Louis Gaspard ; et Mariette, née en 1807, épouse Dessalles. Louis n’a pas encore 5 ans lorsque décède son père, devenu épicier rue de L’Hôpital après les aléas de la Révolution.

 Il commence ses études au collège de Thoissey, et les poursuit à Lyon. À sa sortie du lycée impérial, contrairement à son souhait d’entrer à l’école des Beaux-Arts, Louis doit travailler dans la fabrique de produits chimiques que son beau-frère Jean-François Coignet crée en 1818 à Saint-Rambert avec sa belle-mère et ses beaux-frères. Cependant à l’âge de 20 ans, Louis intègre l’école, et deux ans après il obtient une première mention pour un temple à la Paix, d’ordre corinthien, en 1825 un prix de perspective et le prix d’architecture pour un rendez-vous de chasse. Devenu collaborateur d’Antoine Marie Chenavard*, alors architecte du département du Rhône, il est chargé en 1825 de surveiller les travaux d’aménagement de l’hôtel de la préfecture place des Jacobins. En 1825, il gagne le premier prix d’un concours lancé par la ville de Villeurbanne pour un projet d’église, et l’année suivante celui qu’a lancé la ville de Lyon pour un abattoir à la Quarantaine. Quelques mois auparavant (septembre 1825), il se rend à Bourg-en-Bresse pour faire des relevés du monastère de Brou. En cela, étant légèrement plus âgé que les architectes parisiens Lassus (né en en 1807) et Viollet-le-Duc (né en 1814), il est un précurseur, puisqu’il est le premier architecte qui s’intéresse à l’art gothique. En 1829 après avoir exposé ses relevés de Brou, Louis Dupasquier est nommé professeur de dessin et d’architecture à l’école de la Martinière de Lyon, enseignement qu’il pratique, transforme et modernise jusqu’en 1854, et où le rejoint en 1834 son frère aîné Alphonse* pour enseigner la chimie. Le 26 mai 1830, Louis se marie avec sa cousine germaine Geneviève Alphonsine née à Lyon le 26 juin 1813 ; nièce de Françoise Glénard, c’est la fille de François Gaspard Glénard (Chessy 1772-Lyon 1828), négociant, et d’Anne Marie Vochez (Lyon, 1787-1823), et la sœur du chimiste Alexandre Glénard*, fondateur de l’école de médecine de Lyon (Croix-Rousse 22 novembre 1818-Lyon 27 avril 1894 ; tombe Familles Coignet, Glénard à Loyasse, Hours 193). Geneviève Alphonsine décède en couche le 11 mars 1833, dans sa vingtième année. Son fils, Léon Étienne né le 5 mars (déclaré le 8 – témoins le sculpteur Legendre-Héral* et Laurent Dupasquier) décède en nourrice, montée de Choulans, le 12 décembre de la même année. Louis Dupasquier se remarie le 5 avril 1837 avec une autre cousine doublement germaine, Élisabeth Glénard, née le 27 décembre 1813 à Lyon, décédée le 9 mars 1874, fille de Jean-François, négociant marchand (Chessy, 1770), et de Louise Dupaquier (Lyon, 1770), la sœur de Joseph Denis ; contrat de mariage signé le 9 février 1833 chez Me Glénard, notaire à Chamelet ; le couple n’a pas de descendance.

 En 1839, Dupasquier expose au Salon de Paris : Pavement coloré du sanctuaire de Notre-Dame de Brou et trois vitraux coloriés, deux représentants les fondateurs de Notre-Dame de Brou, le troisième, l’histoire de la chaste Suzanne. De 1843 à 1865, Louis Dupasquier est architecte diocésain de Belley (Ain) et d’Autun (Saône-et-Loire). En 1855, il est récompensé d’une médaille de 1re classe à l’Exposition universelle de 1855 pour sa monographie de Brou. Le 25 septembre 1865, de jeunes architectes (Martin, Barqui, Journoud, Flachat et Mazerat) rédigent une Lettre adressée par les élèves de Dupasquier à la presse lyonnaise pour rétablir la vérité concernant l’implication de Dupasquier dans la restauration de la cathédrale d’Autun, imputée à tort à Viollet-le-Duc.

 À Lyon, il était domicilié 3 rue Saint-Joseph.

 Décédé le 15 octobre 1870 dans sa maison de Blacé, il repose dans le cimetière communal. À Loyasse la tombe de la famille Dupasquier où est inhumé Alphonse* rappelle la mémoire de Louis, « arche du gouvernement, professeur de dessin, membre de l’Institut, chevalier de St Maurice et de St Lazare » (Hours 301).

 « Dupasquier avait une taille avantageuse ; sur sa figure, un peu sévère, se révélait le sérieux de son esprit, l’indépendance de son caractère et son inflexible probité. Doué d’une âme fortement trempée, le devoir fut sa règle, le travail sa passion, l’amour des arts son mobile. » (Mulsant). Il a mené en parallèle travaux d’architecture, recherches et restaurations archéologiques, et enseignement.


Académie

Le 4 juin 1844, Alphonse Dupasquier* fait hommage à l’Académie de la première livraison de la Monographie de Notre-Dame de Brou de son frère Louis, à la suite de quoi Auguste Aimé Boullée* demande que Louis Dupasquier figure sur la liste des candidats dans la section des lettres et arts. Le 18 novembre 1845, Louis Dupasquier fait lui-même hommage de la seconde livraison de sa Monographie de Notre-Dame de Brou. Chenavard* est chargé avec Bonnefond* et Rey*de rédiger pour l’Académie un rapport sur cet ouvrage (Ms 279-II, pièce 57). Le 2 décembre 1845, Louis Dupasquier est élu dans la classe des lettres et arts en même temps que Blanc de Saint-Bonnet*. Il prononce son discours de réception le 25 août 1846, « De l’enseignement de l’art et de l’architecture en particulier. Du but que l’art doit se proposer », MEM L 2, 1846, p. 69-92. En 1847, il fait partie des membres de la section des Beaux-Arts chargés d’élaborer le nouveau diplôme des académiciens. À partir de 1848, il est titulaire du fauteuil 6 section 4 Lettres-arts. Le 26 février 1858, il fait part à l’académie de sa découverte des tombeaux de Brou. Le 9 juin 1863, il fait hommage à l’Académie de son ouvrage polémique contre Antonin Montmartin. Le 10 octobre 1872, Étienne Mulsant* lit la notice qu’il a rédigée en hommage à l’architecte. Le 11 novembre 1873, Mme Dupasquier conformément au vœu de son époux fait don à l’académie d’une somme de 12 500 F destinée à la fondation d’un prix annuel en faveur de jeunes artistes. Après réunion d’une commission de sept membres, les conditions du prix sont arrêtées le 16 décembre 1873 : le prix Dupasquier d’un montant de 500 F accordé chaque année alternativement à un architecte, un peintre, un sculpteur et un graveur, élève ou ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Lyon, né dans le département du Rhône et âgé de moins de 28 ans (35 ans pour les architectes).

Bibliographie

L. Charvet, Ann. SAAL 2, 1869-1870. – Étienne Mulsant, Notice sur Dupasquier architecte, Lyon : Pitrat, 1873. – L. Charvet, Architectes, notices biographiques et bibliographiques, Lyon ; Bernoux et Cumin, 1899, p. 134 (portrait). – Audin et Vial. – Paul Cattin, Répertoire des artistes et ouvriers d’art de l’Ain, Bourg-en-Bresse, 2004. – notice Gérard Corneloup, DHL, 2009. – DBF.

Iconographie

Portrait en buste par le graveur Jean-Baptiste Danguin, inséré dans la notice d’Étienne Mulsant. – Buste en bronze de Charles Textor sur le monument de l’architecte Joseph Dubuisson, érigé place Gabriel-Rambaud à l’initiative d’anciens élèves de La Martinière à la mémoire de quatre de leurs professeurs et fondateurs, Claude Martin, Charles Tabareau*, Louis et Alphonse Dupasquier*, inauguré le 10 décembre 1911. Les bustes, fondus en 1943, ont été restitués en 1957.

Publications

Monographie de l’église Notre-Dame de Brou, avec un texte historique et descriptif de Didron, Lyon : Dumoulin, 1842 (CR de l’ouvrage dans le Courrier de l’Ain du 11 décembre 1845). – Monographie de l’église Notre-Dame de Brou par Louis Dupasquier, architecte du gouvernement, Paris, Librairie archéol. Victor Didron, 1843, grand in-folio, avec dédicace et frontispice, une feuille de texte et 30 planches gravées ou chromolithographiées. – De la restauration des monuments religieux, Lyon : Dumoulin, 1843. –- De l’enseignement de l’art, Lyon : Boitel, 1846. – « Du moulage à la gélatine », MEM L 2, 1846, p. 209-224. – Enseignement de l’école du Dessin à La Martinière, à Lyon, éd. 1849, 1852, 1868. – Quelques opinions de M. Antonin Montmartin sur l’école La Martinière réfutées par Louis Dupasquier, créateur du cours de dessin professé par lui à l’école La Martinière de 1835 à 1854, Lyon : Vingtrinier, 1860.

Œuvres d’architecture

Projet du pont suspendu de Fribourg (Suisse), à la demande de l’ingénieur chargé des travaux, Joseph Chaley (Ceyzérieu [Ain], 1796-Tunis 1861), 1826. – Hôtel particulier du sculpteur Legendre-Hérald* à Perrache, 1829. – Hangars métalliques pour les marchands de fer Gonon et Languinier à Lyon-Perrache, vers 1830-1840. – Église de Fareins (Ain), 1834-1840 (clocher, chœur, chapelles adjacentes). – Abattoir municipal de Perrache, 1836-1840. – Église de Blacé (Rhône), 1838. – Église de Massignieu-de-Rives (Ain), 1838. – Église de Saint-Sorlin-en-Bugey (Ain), 1839-1841. – Église de Vaulx-en-Velin, 1842. – Deux fontaines à Saint-Trivier-sur-Moignans (Ain),1843. – Église de Saint-Martin-du-Mont (Ain) (1844, la construction de la nouvelle église se passa mal, et en 1848, la construction des voûtes étant à peine commencée, le chantier fut confié à l’architecte Burjoud). – « Hôtel des Beaux-arts », immeuble de rapport pour Fleury Richard* en hommage aux artistes lyonnais, 11 rue d’Algérie, Lyon, 1845. – Église de Miribel (Ain), 1845-1874. – Église de Villebois (Ain), 1846-1853. – Église de Guéreins (Ain), 1847-1850. – Église de Beauregard (Ain), 1847-1855. – Église de Bourg-Saint-Christophe (Ain), 1848-1857. – Reconstruction de la chapelle du petit séminaire de Meximieux (Ain), 1849. – Établissement médico-pneumatique de bains du Dr Milliet, Lyon, 1851. – Église de Bellegarde (Ain), 1851-1856. – Église de Domsure (Ain) 1852-1860. – Église Saint-Corneille de Pizay (Ain), 1852-1867. – Église de Saint-Laurent-sur-Saône (Ain), 1852-1875. – Église de Massignieu-de-Rives (Ain), 1854-1855. – Église de Marboz (Ain), 1855. – Chapelle de la Vierge de Miribel et dessin du maître-autel (Ain), 1856. – Asile d’aliénés de Saint-Georges à Bourg-en-Bresse pour la congrégation des dames de Saint-Joseph, 1856-1866. – Mobilier de la cathédrale de Belley : reliquaire de saint Anthelme, chaire à prêcher (1857), trône épiscopal (1860), maître-autel, ameublement des sacristies. – Mobilier de l’église de Marboz (Ain), 1859. – Église de Fontaines-sur-Saône (Rhône), 1869. Œuvres non datées : Maison de santé du docteur Binet à Champvert (Lyon). – École communale, presbytère de Tarare.

Projets (non réalisés) : maison commune et hôpital de Tarare. – Église de Neuville-les-Dames (Ain, 1846). – Église de Lagnieu (Ain), 1847 et 1860. – Église Saint-Pierre de Mâcon (Saône-et-Loire), 1859-1865. – Églises de Coligny, Échallon, Lagnieu, Martignat, Neuville-les-Dames (1846, projet de construction d’une nouvelle église), Saint-Cyr-sur-Menthon, Pont-d’Ain, Saint-Martin-du-Frêne, Loyettes, et des Ursulines de Trévoux.

Travaux de restauration : aménagement de l’école de la Martinière dans l’ancien couvent des Augustins (Lyon), vers 1830. – Église de Fareins (Ain), 1834-1840. – Cathédrale Saint-Lazare d’Autun (1840-1855). – Église de Brou (1845-1865). – Église de Faramans (Ain), 1858-1864. – Évêché de Belley (Ain). – Couvent de la Madeleine à Bourg (Ain). – Grand séminaire de Brou. – Château de Genoud, Certines (Ain). – Château de Montmelas, Saint-Julien (Rhône). – Château de la Rigaudière à Saint-Julien (Rhône) pour la famille Roche. – À la demande de M. de Coëtlogon, préfet de l’Ain, Dupasquier procède à la recherche et à la découverte à Brou des tombeaux de Marguerite d’Autriche, de Marguerite de Bourbon et de Philibert le Beau (procès-verbal rédigé le 2 décembre 1856), ce qui lui vaut la décoration de chevalier de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare par Victor-Emmanuel II.

Un fonds de 344 dessins réalisés par Louis Dupasquier, versé en 1902 par Léon Galle à la ville de Bourg, est conservé dans la médiathèque Élisabeth-et-Roger-Vaillant ; il a été restauré en 2004 et numérisé en 2006.

Louis Dupasquier est membre correspondant du ministère de l’instruction publique (1838), membre correspondant du comité historique des arts et monuments, membre fondateur de la société académique d’architecture de Lyon, membre correspondant du CTHS de 1838 à 1859, membre de la société d’agriculture de Lyon à partir de 1829, membre de la société éduenne des lettres, sciences et arts, membre de la société linnéenne de Lyon (1861-1870) et membre de la société lyonnaise d’horticulture (1830).