L’acte de baptême de Louis de Puget (parfois du Puget) n’a pas été retrouvé, mais il est probablement né en 1635 ou 1636 (plutôt qu’en 1629), à Lyon dans la paroisse Saint-Paul où ont été baptisés ses sœurs et son frère : Charlotte le 22 juin 1633, Marine le 8 novembre 1634, Benoît le 3 mai, et Jeanne le 16 novembre 1639. Il est le seul fils survivant en 1643.
Louis de Puget est le fils de Barthélemy de Puget – voyer, procureur du roi à la sénéchaussée et siège présidial de Lyon, procureur général au parlement de Dombes (par lettres du 22 novembre 1625 et reçu le 12 août 1626, après ses parents Jacques Daveyne et Jean de Pomey, Louvet, Hist. du Beaujolais, 1903, vol. 2, p. 83), – et de Catherine Daveyne (probablement fille de Jacques Daveyne, trésorier de France, et de Catherine de Molla), mariés par Pierre Scarron, prieur et seigneur de Montgon, chanoine et sacristain à l’église Saint-Paul le 19 janvier 1626.
La famille de Puget est une famille de noblesse de robe, très bien installée à Lyon et à Paris. Ses armes sont « D’azur à deux chevrons ondés d’argent accompagnés de trois étoiles d’or, 2 et 1 » (Armorial 1907) ; elles sont représentées sur un jeton de 1628 conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon, ainsi que sur un cachet de cire rouge porté sur des lettres autographes de Louis de Puget académicien (Tricou 1942). Le grand-père, et homonyme, de Louis de Puget est trésorier du roi en la généralité de Lyon et recteur de l’hôpital de la Charité en 1622 et 1623, avant de s’installer à Paris vers 1635, pour devenir conseiller du roi et maître honoraire en la chambre des comptes de Paris (acte du 6 juillet 1643 AN, Châtelet de Paris, Insinuations Y//181-Y//183, f° 59.
Le 5 août 1671, Louis de Puget vend la maison des champs, chemin de Fontanières, acquise par son grand-père et, le 5 décembre 1690, la maison sise à Bellecour, héritée de sa tante Charlotte Daveyne (décédée le 25 août 1652, église Saint-Clair, Brignais), femme de François de Solleizel, seigneur du Clappier. Il habitait Bellecour, comme l’établissent diverses correspondances (Brocard 1905) et son acte de décès.
Louis de Puget est mort à Lyon le 16 décembre 1709, âgé de 74 ans d’après l’acte de décès des registres de la paroisse Saint-Michel. Dans une lettre du 17 décembre, Claude Brossette annonce à Boileau que « M. de Puget mourut hier en cette ville, âge de 75 ans ». Dans son éloge funèbre, l’abbé Tricaud*, chanoine d’Ainay, parle à propos de son confrère de l’académie, d’« un cœur si simple avec un esprit si éclairé » (Mém. de Trévoux, septembre 1710, p. 1582), et son ami Nicolas Chorier le décrit comme un « érudit plein de talents [, qui] n’a point de supérieur par la douceur et la suavité des mœurs. S’appliquant à l’étude de la poésie, il fait de bon vers que j’ai lus avec volupté. Il en est lui-même rempli de dédain, et il dit qu’il a résolu de ne demander rien absolument aux muses, ni aux femmes, pour ne pas essuyer un refus » (Mémoires, p. 157).
Puget est un homme pieux et charitable. Il est reçu à la Compagnie du Saint-Sacrement à Lyon le 13 mai 1694 et devient recteur du bureau des écoles des pauvres de Lyon le 13 septembre 1695 (ADR 5 D 5 p. 253). Il est élu, le 3 décembre 1696, comme l’un des trois conseillers du bureau des écoles (ADR 5 D 5 p. 267) et dès 1698 il est l’un des directeurs des Recluses (ADR 3 E 5636). Il combattit les prétendues merveilles de la baguette divinatoire de Jacques Aymar, paysan du Dauphiné, qui prétendait trouver les eaux souterraines, mais aussi les métaux et les malfaiteurs (Michaud 1823, vol. 36, p. 306) ; le médecin Pierre Garnier, agrégé au collège des médecins de Lyon, raconte comment le sorcier fut mis à l’épreuve en présence de Louis de Puget en 1692 (Pierre Le Brun, Histoire critique des pratiques superstitieuses, Amsterdam, J.-F. Bernard, 1733, t. I, p. 58-60 et 196-197).
Louis de Puget est un savant estimé ; Boileau le mentionne dans sa correspondance et fait l’éloge des Lyonnais à travers sa figure : « Pour M. de Puget, que vous saurais-je dire, sinon que jamais personne n’a fait mieux voir combien, dans les objets même les plus finis, les merveilles de Dieu sont infinies, et combien ses plus petits ouvrages sont grands. Je vous prie de bien témoigner de ma part à quel point je l’honore et révère. J’ai lu son livre plus d’une fois. J’admire combien vous êtes d’hommes merveilleux dans Lyon. Je doute qu’il y en ait dans Paris de meilleur goût et de plus fin discernement » (lettre à Brossette du 15 juillet 1706). La Fontaine a connu Louis de Puget lors de ses séjours chez un banquier lyonnais, M. Case, et tiré le sujet du « Chien qui porte à son cou le dîner de son maître » d’une fable de l’académicien lyonnais, Le chien politique, que Brossette donne in extenso dans sa correspondance (lettre de Claude Brossette, 21 décembre 1706). Pernetti mentionne une nouvelle publiée dans le Mercure galant (p. 162-167) ; mais c’est peut-être la pièce, fort leste, dont parle Péricaud : « Louis de Puget […] qui s’était déjà fait un nom comme naturaliste et versificateur, publia cette année dans le Mercure galant [1673, t. vi, p. 280-282], une fable, La Jument et l’Asne ». Puget est effectivement un poète, connaisseur des littératures grecque et latine : « Voici des vers, Monsieur, de la façon de M. de Puget, lesquels contiennent une imitation du commencement de la belle Ode d’Horace : Justum et tenacem propositi virum… », écrit Brossette à Boileau le 25 septembre 1706 ; à quoi celui-ci répond le 30 septembre : « Ses vers m’ont paru fort polis et fort bien trouvés. Oserais-je pourtant vous dire qu’il n’est pas entré parfaitement dans la pensée d’Horace […] ».
Une note rédigée par le curé de la paroisse de Saint-Pierre-ès-liens de Vaise, à la fin des registres paroissiaux de l’année 1709, témoigne de l’extrême rigueur de l’hiver où mourut Louis de Puget : outre le froid, le gel de la Saône et la famine, des épidémies se propageaient dans Lyon et « une maladie […] enmenat [sic] presque tous les plus riches » [AML 1GG265]. Pour éviter les troubles, nombre de ceux-ci subvinrent aux besoins des pauvres ; tel Louis de Puget qui vendit sa vaisselle d’argent. Il succomba à la fin de cette « année de désolation », probablement victime d’une des maladies qui sévissaient. Sans descendance, il fit des hôpitaux de Lyon son légataire principal. Il céda cependant sa bibliothèque au Petit collège jésuite, la maison professe Saint-Joseph fondée par le père Mathieu Compain. À cette occasion, les pères jésuites firent imprimer deux Ex-libris, l’un avec le blason de Louis de Puget et l’autre sans :
« ludovicus || de puget, || patricius lugdunensis. || Hoc pio Librorum munere || Bibliothecam Domûs Proba- || tionis Lugdunensis Societatis || jesu locupletavit. Anno 1709 ».
Laurent Pianello de La Valette*, son proche ami, récupéra les instruments de son cabinet, admiré pour sa collection d’aimants et ses microscopes : « rien n’est plus agréable que les expériences qu’il [Puget] fait sur l’Aimant, rien n’est plus poli que ses manières, et rien n’est plus curieux que son cabinet qui est visité par tous les savants qui passent à Lyon » (Claude Brossette à Boileau, le 10 avril 1700). Le cabinet contenait des machines comme celle dont parle Brossette : « Je vous remettrai aussi le dessin gravé d’une petite machine représentant un support d’ivoire, sur lequel des pierres d’aimant, diversement disposées, font voir les principaux effets de la vertu magnétique, ce qui est expliqué dans un petit cahier imprimé. Dès qu’il s’agit d’aimant, vous jugez bien que cela doit regarder M. de Puget notre maître. C’est lui qui a inventé cette machine, et qui l’a fait exécuter fort proprement, comme vous le reconnaîtrez par l’estampe que je vous envoie de sa part. Vous savez déjà que ce sont les expériences et jeux magnétiques de M. de Puget qui avaient inspiré au P. Fellon*, le poème latin de l’Aimant dont je vous ai fait présent autrefois » (lettre à Boileau, 30 avril 1701).
Louis de Puget est un des fondateurs de l’Académie de Lyon. Le 10 avril 1700, Claude Brossette écrit à Boileau pour l’informer de cette naissance, et il cite les sept personnes composant alors l’académie : MM. Dugas, Falconnet, Brossette, de Serre, de Puget, de Saint-Bonnet et Fellon. La bibliothèque de l’Académie ne conserve pas de manuscrit de lui ni de trace de son activité académique, mais deux éloges manuscrits : Tricaud, Éloge de M. de Puget, 1710 (Ac.Ms124 f°250, publié dans les Mém. de Trévoux en septembre 1710) ; Bory*, Éloge du Président Puget, 23 février 1779 (Ac.Ms124 f°262).
Vanière, Épigramme à la louange de M. de Puget (lettre de Brossette à Boileau du 30 avril 1709 dans Boileau et Brossette 1858). – Tricaud de Belmond, « Éloge de feu Monsieur de Puget par Mr. l’Abbé de Belmond », Mémoires de Trévoux, septembre 1710, p. 1575-1589. – Pierre Bimet, In Obitum clarissimi viri D. D. Ludovici de Puget, ecloga, authore Petro Bimet [...], Lyon : Philibert Chabanne, 1710 (trad. fr. par Jean Camille de Moulceau de Grigny). – Journal historique sur les matières du temps, février 1710, p. 143-144, et juin 1710, p. 416-420. – Colonia, Histoire littéraire de Lyon, Lyon : Fr. Rigollet, t. 2, 1730, p. 814-816. – Pernetti. – Lettres Familières de Messieurs Boileau Despréaux et Brossette, pour servir de Suite aux œuvres du premier, François Louis Cizeron-Riva (éd.).
BML Ms Chavavay 737 : sept lettres autographes, datées et signées, traitant toutes de magnétisme ; trois sont adressées à Joblot, dont deux avec enveloppe et cachet de cire rouge au chiffre et aux armes de Louis de Puget ; les quatre autres, adressées à « Mon Révérend Père », sont certainement destinées à François Lamy (1636-1711), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur et cartésien reconnu (Zaccone Sina). Lettre 1 : « Lyon 23 xbre 1698 » signée Puget ; deux feuillets manuscrits annotés d’une seconde main avec soulignements ; destinataire : « Monsieur [Joblot ?] ». – Lettre 2 : « Lyon 19 [ill.] 1699 », signée Puget, avec enveloppe : « Monsieur joblot, Professeur || en mathématiqe [sic] et philosophie || rue St. Honnoré viz-a-viz || le Grand Conseil, A Paris », avec cachet de cire rouge cassé en deux ; trois feuillets, le quatrième servant d’enveloppe. – Lettre 3 : « Lyon le 7e juillet 1699 » signée Puget ; deux feuillets adressés à « Mon Révérend Père ». – Lettre 4 : « Lyon 19e juillet 1699 », signée Puget ; deux feuillets avec enveloppe à « Monsieur || Monsieur joblot, Professeur en || Philosophie et Mathématique || rue St. Honnoré devant || le Grand Conseil, A Paris » et cachet entier ; mention dans ce courrier d’un envoi similaire au R. P. Mallebranche ; le chevalier Le Vassan est le messager de la lettre qui devait être accompagnée d’un cahier. – Lettre 5 : « Lyon 16 7bre.99 », signée Puget ; deux feuillets, destinataire : « mon Révérend Père ». – Lettre 6 : « Lyon 21e 9bre 1699 », signée Puget, deux feuillets, même destinataire : « Mon Révérend Père ». – Lettre 7 : « Lyon 24e 8bre 1699 », signée Puget ; deux feuillets, destinataire : « Mon Révérend Père » ; demande au R.P. de se prononcer sur « le petit différend » avec Joblot.
BM Besançon, Ms 603 : documents datés de 1671 à 1708 ayant appartenus à Louis de Puget : une trentaine de lettres du R.P. François Lamy à Puget et cinq réponses de ce dernier. – Lettres de Joblot à Lamy. – Lettres de Christiaan à Constantyn Huygens. – Lettres de Dugas, Du Guet, Dieulamant, Devallière, Marcillis, Sébastien à Puget (feuilles volantes protégées par un cartonnage, 200 feuillets). Ces documents ont probablement été entre les mains de l’abbé Tricaud* ; certaines lettres sont résumées dans des manuscrits autographes conservés à la BML [Ms 1006 (ancien Delandine 986) et Ms 935 (ancien Delandine 832)].
Louis de Puget, « aussi profond que ce qu’il était poli » (Colonia, p. 814), « un des plus célèbres naturalistes de ce siècle, grand philosophe cartésien, et qui a fait de belles découvertes sur l’aimant » (Journal historique, février 1710, p. 144), était considéré comme « le premier Magnétiste du monde » (Brossette à Boileau, 10 avril 1700) et l’un des meilleurs microscopistes. Il n’a cependant publié que deux livres : Lettres ecrites a un philosophe sur le choix d’une hypothèse propre à expliquer les effets de l’Aiman, [Lyon, 1702,] 138 p., in-12 : ensemble de trois lettres concernant la polémique avec Louis Joblot ; la première n’est pas datée, les deux autres le sont des mois de juillet et d’août 1699. – Observations sur la structure des yeux de divers insectes, et sur la trompe des papillons, contenues en deux Lettres au R. P. Lamy, Religieux Benedictin, & dans un Memoire qui explique les figures de quelques objets qu’on découvre par le secours du Microscope, Lyon : Léonard Plaignard, 1706, 157 p., 3 pl. gravées dépliantes, in-8° ; ce livre reprend une « Lettre de M. Puget au R. P. Lami », datée de « Lyon, ce 6 décembre 1703 », déjà parue dans le Journal des savants du 31 janvier 1704, p. 53-59.