La famille Pianelli, ou Pianello, Panelli ou Planelli, est originaire de Bitonto dans la terre de Bari, dans les Pouilles (royaume de Naples). Selon L’Hermite de Soliers, une branche de cette famille s’installe à Rapallo près de Gênes et se lie à la famille Pallavicini. « La mort funeste du duc Pierre Marie Pallavicini bornant toutes leurs espérances de là des monts », l’un d’entre eux vient s’établir à Lyon en 1537. Laurent Pianello, premier du nom, citoyen de Gênes, courtier de changes à Lyon en 1562, est le trisaïeul de Laurent Pianello de la Valette, troisième du nom et premier académicien de cette famille. Son fils, Baptiste I Pianello, né vers 1538, décédé à Avignon en 1605, présenté à Henri IV par le maréchal Alphonse d’Ornano, gouverneur de Lyon, lors de la venue du roi le 4 septembre 1595, aurait été chargé du compliment de la nation génoise. Il figure sur la liste de l’assemblée convoquée au consulat de Lyon le 10 décembre 1608. Venus à Lyon comme changeurs et marchands, les Pianello consolident d’abord leur fortune, qui se constate lors de chaque mariage : Laurent II Pianello, fils de Baptiste I et de sa première femme Isabeau Agnola, né à Lyon le 20 juillet 1564, où il est décédé le 29 septembre 1640 (Arch. mun. Lyon, 1 GG 442, acte n° 3217), reçoit 3 000 écus de 3 livres à son mariage le 4 octobre 1600 avec Marguerite Dénot (mars 1581-15 janvier 1657). Son fils aîné, Baptiste II Pianello, baptisé paroisse Saint-Paul à Lyon le 20 avril 1602, où il est décédé le 19 mai 1685 et inhumé le 21 en l’église des Minimes dans la chapelle de Saint-François-de-Paule, président des trésoriers de France en la généralité de Lyon de 1636 à 1670, reçoit 30 000 livres à son mariage le 27 octobre 1638 avec Marie Besset (1620-1694) ; il signe d’ailleurs « Pianello Besset ».
Son fils Laurent III Pianello de La Valette (né le 18 mars 1644) est baptisé à Lyon, paroisse Saint-Paul, le 26 mars. Parrain : noble Laurent Pianello, conseiller du roi au présidial de Lyon ; marraine, damoiselle Marie Nicollier. Il adjoint à son nom celui de La Valette, par héritage de sa mère, Marie Besset de La Valette, dont le père, Jean Besset, conseiller du roi au siège présidial de Lyon, avait acquis le 24 février 1622 le fief seigneurial de La Valette, situé à une demi-lieue de Saint-Étienne-en-Forez. Il reçoit de son père 50 000 livres à son mariage avec Laure Mascranny en 1673, et lui-même donnera 200 000 livres, dont 150 000 livres comptant, à son fils Jean Baptiste* III lorsqu’il épouse en 1707 Claudine de Serre. Cette aisance financière permet à la famille Pianello une ascension sociale méthodique et rapide, par achat de charges à la cour des monnaies, par des mariages qui leur apportent des fiefs, comme celui de La Valette puis celui de Charly, par leurs mérites propres qui les mènent au consulat. Cette réussite a, avec Laurent III Pianello de La Valette, atteint son apogée. Il est chevalier, seigneur de La Valette en Forez, conseiller du roi, trésorier général (1670), puis président du bureau des finances de la généralité de Lyon, subdélégué de l’Intendant, prévôt des marchands de la ville de Lyon en 1687-1688.
Il épouse le 15 octobre 1673, dans l’église des Récollets de la paroisse Saint-Paul de Lyon, Laure Mascranny, fille de Paul Mascranny (1601-1675), écuyer, seigneur de La Verrière, prévôt des marchands de Lyon en 1667-1668, et d’Anne Pellot, décédée en 1681. Laure Mascranny a été baptisée à Saint-Paul, le 16 février 1651, avec pour parrain François Camus, et pour marraine Laure Pelot, veuve de feu Mr Piqua. Elle est morte à Ainay, le 7 février 1743, âgée de 92 ans, et a été portée le lendemain en l’église des religieuses de Sainte-Claire dans le tombeau de sa famille. Laurent III Pianello est reçu le 28 février 1686 en la Compagnie du Saint-Sacrement. Il meurt dans la paroisse d’Ainay, vraisemblablement dans son hôtel de Bellecour, le 9 octobre 1718, et il est inhumé le lendemain dans l’église des R.P. Minimes.
« En 1686, sa réputation de capacité et de probité était si bien établie, que le roi crut devoir écrire aux échevins de Lyon pour leur dire qu’il désirait le voir nommer prévôt des marchands : c’est ce qui eut lieu en effet pour les années 1687 et 1688, durant lesquelles il reçut un traitement de la cour. C’est le seul, dit M. d’Herbigny dans ses mémoires sur la généralité de Lyon, qui pour sa bonne administration, ait été honoré par le roi d’un traitement de mille écus […] La famille La Valette demeurait alors place Bellecour dans l’Hôtel de Malte, appelé aussi la maison rouge, ou la maison du roi, parce que Louis XIV y avait logé en 1658. C’est là que Laurent avait rassemblé à grands frais, non seulement des livres, mais des tableaux et des antiquités » (Auguste Bernard). L’académicien Louis de Puget* légua à Laurent III les aimants et les microscopes, et les instruments de physique qu’il avait réunis. En 1718, la bibliothèque comptait 4 000 ouvrages. « À la mort de M. de La Valette arrivée en 1718, son fils J.B. Pianelli, conseiller à la cour des monnaies de Lyon, hérita de sa bibliothèque et la laissa à sa mort à son fils, M. de Charly, qui prit alors le titre et le nom de marquis de Maubec. En 1766 ce dernier quitta Lyon pour aller habiter le château de Thorigny près d’Auxerre et la bibliothèque La Valette y fut transportée. En 1792 mourut M. de Maubec, son fils ancien député à la Constituante émigra cette année. La bibliothèque fut confisquée, une partie des livres fut adjugée à la bibliothèque nationale, le reste à celle de Sens ». Les archives départementales de l’Yonne conservent une grande partie des papiers de la famille Pianello (série E).
Lorsqu’en 1704, Trudaine* est nommé intendant du gouvernement de Lyon, il reconstitue la société créée par Brossette, qui avait cessé de se réunir, réduite à 5 membres par la mort du Père de Saint-Bonnet* et les départs du Père Fellon* et de Falconnet*. Huit nouveaux membres sont alors nommés, dont Laurent Pianello de la Valette en l’hôtel duquel l’académie tient ses séances en 1710-1711 (la Maison Rouge, place Louis-le-Grand) [Péricaud et Tricou écrivent : « de 1705 à 1711... »]. Bien que très érudit, il n’aurait fait lui-même qu’une seule communication, le 28 mars 1718 : Sur le goût des anciens païens pour les événements merveilleux et extraordinaires.
Fonds Frécon. – J. B. L’Hermite du Soliers, La Ligurie française, contenant les éloges, armes et blasons des plus illustres seigneurs de la République de Gênes qui ont été affectionnés à la Couronne..., ca 1656. – J.P. Gutton (dir.) : L’intendance de Lyonnais, Beaujolais et Forez en 1698 et en 1762, édition critique du mémoire rédigé par Lambert d’Herbigny et des observations et compléments de La Michodière, Paris : CTHS, 1992, 247 p. (Notices et documents, 35). – Auguste Bernard : Notice historique sur la bibliothèque de La Valette, Lyon, 1854, et R.D.L. 1853, n°7, série 2. – Éloge de la Valette dans le Journal de Verdun, décembre 1718. – BN Manuscrits français supplément français 2355 : Catalogue des livres qui sont dans la bibliothèque de messire Laurent Pianello, chevalier, seigneur de la Valette, conseiller du Roy et président du bureau des finances de la généralité de Lyon, fait par Claude Bourgeat, marchand libraire de Lyon, en décembre 1692, 125 feuillets. – Archives de l’Yonne avant 1790, série E, Papiers de la famille Pianelli de La Valette : E 270 : Liasse, 94 pièces, 1704-1719, Correspondance de M. de Pianelli, président des trésoriers de France. – E 277 : Registre, 95 feuillets, 1637-1718, Comptes de M. de la Valette, président au bureau des finances et prévôt des marchands de Lyon, depuis son mariage avec mademoiselle de Mascrany jusqu’à sa mort. – E 284 : Liasse, 151 pièces, 1626-1733 : Inventaires des titres concernant les seigneuries de Charly, La Verrière, Du Vivier et Vernaison, etc. – Michel Popoff, « Une famille génoise émigrée à Lyon : les Pianelli : xvie-xviiie siècles : héraldique et généalogie », Genealogica et heraldica, actes du 22e congrès international des sciences généalogique et héraldique, Ottawa, 18-23 août 1996, Ottawa, Presses de l’université, 1996, p. 447-460.
Abrégé nouveau et méthodique du blason, pour apprendre facilement et en peu de jours tout ce qu’il y a de plus curieux et de plus nécessaire en cette science (attribué par Barbier à Laurent Planelli de la Valette), Lyon : T. Amaulry, 1705 ; pièces liminaires, 168 p. nouvelle édition 1722.