Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

MAHUDEL Nicolas (1673-1747)

par Michel Dürr.

 Nicolas Mahudel est né le 27 novembre 1673, a été baptisé le 28 à Langres, paroisse Saint-Pierre, fils de Claude Mahudel (Langres, 1638-1724), docteur en droit, avocat en parlement au bailliage, juge présidial de Langres, et de Claire Rose Rouillaud. Parrain : Nicolas Rouillaud (décédé en 1678 ; il signe Rouillaut), conseiller du roi et son procureur au grenier à sel de Langres, son aïeul maternel ; marraine : Jeanne de Martinecourt (Selongey [Côte-d’Or] 1599-Langres St-Pierre 1686), veuve de Guy Mahudel (né à Langres 1590), avocat en parlement et aux bailliages et juge présidial de Langres (et médecin), son aïeule paternelle.

 Il est éduqué tout d’abord par un médecin nommé Mariette, homme instruit, mais bizarre, dont il partage toute sa vie les opinions singulières. D’abord attiré par les ordres, il commence un noviciat chez les jésuites, mais il n’y reste que huit jours ; puis il passe onze mois à la Trappe, qu’il abandonne pour revenir à Langres. Il étudie le droit jusqu’au doctorat, puis se décide pour la médecine qu’il étudie à Montpellier. Entre temps, pour subvenir à ses besoins, il est précepteur du fils du marquis de Réauville, président de la cour des comptes d’Aix. Dans cette fonction, il séduit une fille de chambre nommée Olympe Perrot (ou il est séduit par elle). Celle-ci, enceinte, fait mine d’exiger le mariage. À son instigation ou à celle de Mahudel, le curé de la paroisse Sainte-Marie-Madeleine d’Avignon, assiste en 1705 à un mariage clandestin dans la chambre même où Olympe vient d’accoucher. Bien consciente de l’irrégularité de cette union « à la Gaulmine », elle s’engage devant notaire, moyennant une somme de 600 livres, à renoncer à faire valoir ses droits et à laisser Mahudel libre de se marier par ailleurs, ce qu’il fait ensuite avec une demoiselle Hurlot. On le retrouve en 1707 à Montpellier où il instruit François Xavier Bon, plus tard premier président de la Cour des comptes, dans « tous les mystères de la science numismatique ». Paraît en 1708 un manuscrit intitulé Abrégé très facille pour apprendre en peu de tems les premières connoissances qu’il faut avoir pour entrer dans la sçiance des médailles antiques, réduit en conférances par demandes et réponces, composées par M. Mahudel, docteur en droit et en médecine, et par moy [François-Xavier Bon] pour M. de Baville qui nous engagea de le faire (AM Montpellier, récolement Grand, p. 668). Reçu docteur en médecine, il envisage de s’installer à Dijon, mais refuse de souscrire aux conditions exigées pour être agrégé au collège des médecins de cette ville, et finit par s’établir à Lyon où il est en 1709 l’un des principaux acteurs des conférences qui se tiennent chaque lundi chez le trésorier Lavalette. Mahudel y lit plusieurs dissertations, dont certaines sont insérées, par extraits, dans le Journal de Verdun (1709, t. 1er, p. 305 ; 1713, t. 2, p. 285). Il se fixe ensuite à Paris, où il partage son temps entre la pratique de la médecine, la numismatique et l’étude des antiquités. Il est proposé en 1714 par l’abbé Fraguier comme « élève », et nommé en 1716 associé de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, où, fort assidu aux séances de cette compagnie, il lit un grand nombre de mémoires. Que ce soit du fait de la pratique de son art, ou par héritage, sa situation financière lui permet d’acheter en 1719 à Gros de Boze, nommé gardien des médailles du roi, la collection de médailles que celui-ci tenait de Nicolas Foucault. Il est alors rattrapé par Olympe qui le fait chanter et dont les exigences toujours plus grandes l’entraînent à des expédients dangereux. Il est contraint de vendre sa collection de médailles pour une somme de 40 000 livres le 27 février 1725. Il rédige et répand pour le compte de l’Espagne des libelles injurieux à l’égard du duc de Bourbon qui a succédé au Régent décédé. Son valet le trahit et intercepte des lettres compromettantes qui font embastiller Mahudel le 30 août 1725 pour libelles et nouvelles à la main satiriques, et pour sa correspondance secrète avec les ministres des pays étrangers, en particulier la cour d’Espagne. Les déboires politiques du duc de Bourbon rendent opportune la grâce de Mahudel, qui est libéré le 5 juillet 1726. Il n’est pas encore quitte des tracasseries d’Olympe, qui a porté plainte pour bigamie. L’affaire traîne, et selon les Nouvelles à la main : « 6 décembre 1728 : l’on continue de plaider à la Tournelle la cause du sieur Mahudel (lequel était constitué prisonnier pour cause de bigamie). La plupart des membres de l’Académie et des gens de lettres sollicitent pour lui. 20 décembre 1728 : la cause du sieur Mahudel a été jugée à la Tournelle, sur les conclusions de M. Gilbert Desvoisins, avocat général. La cour l’a déchargé de l’accusation de bigamie et déclaré son premier mariage nul et abusif et le deuxième valide, et en conséquence ordonne son élargissement de prison, tous les dépens, dommages et intérêts compensés à l’égard de l’enfant qu’il a eu de sa prétendue première femme ».

 Malgré le scandale, Mahudel qui était d’un caractère doux et affable, reste très apprécié de ses confrères et c’est en 1744, seulement, qu’il démissionne de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

 Il serait mort à Paris le 7 mars 1747 en montrant de grands sentiments de piété.


Académie

Selon Pernéty, Mahudel aurait été admis à l’académie de Lyon comme Trudaine vers 1704-1705. Cela ne semble pas compatible avec ce que l’on sait de sa vie à Aix, Avignon et Montpellier. Michaud donne 1709 pour cette admission. Mahudel fait le 4 mars 1715 un discours sur Le lin incombustible [l’amiante], dont Brossette* note le sommaire. Le 18 mars 1715, Mahudel présente « un instrument d’airain probablement utilisé lors des sacrifices ». Pernéty indique qu’il devient vétéran cette même année 1715.

Communications. Histoire de l’académie royale des inscriptions et belles lettres, avec les mémoires de littérature tirés des registres de cette Académie, t. III, Paris : Impr. royale, 1746, « Examen de ce qu’il y a de plus probable sur la taille des géants », p. 169-174. – « Examen des divers monuments sur lesquels il y a des plantes que les antiquaires confondent presque toujours avec le lotus d’Egypte », p. 181-187, 2 planches, lu en 1716. – « Observations sur le caractère et l’usage de quelques moules antiques des monnaies et médailles romaines découverts à Lyon », p. 218-224 (et Mémoires p. 333). – « Conjecture sur l’usage d’un instrument antique d’airain trouvé près de Langres », p. 225-229, 1 pl. – « Réflexions sur un monument antique élevé sur le pont de Charente, à l’entrée de la ville de Saintes », p. 235-242, 1 pl. (expliqué par Mahudel en 1715). – « De l’origine des feux de joie », p. 283-288 (voir aussi C. Leber : Collection des meilleures dissertations et traités particuliers relatifs à l’histoire de France, t. VIII, Paris : Dentu, 1838, p. 463-471). – T. IV : Du lin incombustible, p. 634-647. – T. V : De l’origine et de l’usage des jetons, p. 259-264. – Des médailles contorniates, p. 284-287. – De l’origine de la soie, Mémoires, p. 218- 230. – T. VI : Du lin incombustible, Mémoires p. 409-420. - T. VII : Réflexions critiques sur l’histoire de Héro et de Léandre, p. 74-78 (cité dans Mémoires de Trévoux 1734, article LXXXVIII, p. 1643-1644.). – Recherches sur le caractère, la vie et les ouvrages de Celse le médecin, par M. Mahudel, p. 97-101. – Réflexions sur le caractère et l’usage des médaillons antiques, p.266-273. – T. IX : Explication de quelques inscriptions [douze] découvertes à Langres pendant les deux derniers siècles, p. 137 à 148 ; une pl. – T. XII : Des prétendues pierres de foudre, p. 163-169, 6 pl., première lecture 19 février 1734, lecture publique 12 novembre 1734 ; version intégrale publiée par E.-T. Hamy, Rev. arch. 1, 1906, I, p. 239-259. – Réflexions sur une médaille singulière de l’Empereur Tite fils de Vespasien « apportée à l’académie au mois de juin 1734, par M. Mahudel », p. 303-308. – T. XIV : De l’utilité que les sobriquets ou les noms burlesques peuvent avoir dans l’histoire, p. 181-193. – Observations sur les contremarques les plus ordinaires des médailles, avec quelques conjectures sur leur usage, p. 132-146.

Bibliographie

Michaud. – Michault [avocat au parlement de Dijon] : Mélanges historiques et philologiques 2, Paris 1754, p. 46-48. – Correspondance historique et archéologique, vol. 5, 1898, Paul d’Estrée : « Les tribulations d’un académicien », p. 66-75 et 114-116. – Th. Samant, Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, p. 115. – Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire 13, janvier 1846, p. 866.

Manuscrits

BN NAL 2627 Latin 9652 : Bibliotheca selecta et singularis antiquorum authorum litteraturae politioris ab insignioribus typographis Venetiis, Parisiis et Lugduni Gallorum celeberrimis arte typografica urbibus editorum ab anno 1500 ad 1600 collecta studio et opera Nicolai Mahudel. – BN Français 24498 f°191 : Note sur les propositions de M. Mahudel. – BN Français 22231 titreVII, f°1-7 : Correspondance de l’abbé Jean-Paul Bignon, bibliothécaire du Roi et Nicolas Mahudel. – BN Français 14303 : De l’usage des feux et des illuminations dans les festes sacrées et prophanes, 99 feuillets. – BN Français NAF. Cote 22098 : papiers de Camille Falconet, Lettres adressées à Falconet, dont lettres de Mahudel. – Bibl. Arsenal. Archives de la Bastille. 2e section-Prisonniers, dossiers individuels et documents biographiques Cote 10946 : Mahudel Nicolas.1725, Bastille cote 10948 : de Poleins, Dossier Mahudel. – Ibid., Cote 10904 : Dossier de Nicolas Mahudel, docteur en médecine, homme de lettres, numismate, membre de l’Académie des inscriptions, à la Bastille du 30 août 1725 au 5 juillet 1726 pour libelles et nouvelles à la main satiriques, et pour la correspondance secrète avec les ministres des pays étrangers, en particulier la cour d’Espagne [pièces relatives à la détention de Mahudel ; papiers saisis sur lui : sa correspondance 1720-1725 et quelques nouvelles à la main des mois de juin, juillet, août 1725]. On saisit également chez Mahudel «beaucoup de planches et gravures licencieuses et contre les bonnes mœurs» qui furent remises au comte de Maurepas. 211 feuillets. – Bibl. municipale Besançon : CGM1504-1507, t. IV f°361 : Dissertation de M. Mahudel, docteur en médecine, sur un cachet antique. – Bibl. municipale Besançon : CGM1223 : Antiquit. langroises : Inscriptions antiques trouvées à Langres, expliquées par M. Mahudel, 105 feuillets. – Muséum d’histoire naturelle, Ms954 : Traité du lin incombustible. Discours lu à l’Académie royale des inscriptions le … octobre 1714 par M. Mahudel, médecin, 34 p. – Ibid., Ms Jus 2/1/414 mars 1711, Lettre de Nicolas Mahudel. – Médiath. François-Mitterand, Saintes, CGM24 : Mahudel : Extr. Mémoire sur l’arc de triomphe de Saintes, copie xixe siècle, 22 p. [Histoire de l’Académie des inscriptions, t. III, p. 216]. – Bibl. municipale M.-Arland. Langres. CGM40 : Bibl. langroise, par ordre de matières, per il signore Nic. M. broché 45 p.

Publications

Dissertation sur un monument antique découvert à Lyon, sur la montagne de Fourvière, au mois de décembre 1704, Lyon, 1705. – Lettre de M. Mahudel de Langres, docteur en droit et en médecine, à M. de Baville, conseiller d’état ordinaire et intendant en Languedoc, contenant l’explication d’une inscription antique gravée sur une pierre trouvée dans la ville de Calahorra, sur les frontières de Castille et Navarre (Montpellier, 20 février 1708), Trévoux : E. Ganeau, 1708, 22 p. – Médailles sur la Régence, avec des tableaux symboliques du sieur Paul Poisson de Bourvalais, premier maltôtier du royaume, et le songe funeste de sa femme, à Sipar [Paris], Pierre le Musca [Le Camus”, rue des cent portes, à la maison percée, 1716, 32 p. [voir Dictionnaire des anonymes, n° 4091, où Barbier expose les raisons qui le déterminent à attribuer cet ouvrage à Mahudel]. – Dissertation historique, sur les médailles antiques d’Espagne et les monnaies, etc., Paris : Le Mercier, 1725, 59 p., pl. (Suppl. au T.V, de l’Histoire générale d’Espagne, du P. Jean de Mariana). – De l’origine de la soye, Paris : Imprimerie royale, 1729. – « Les monuments les plus anciens de l’industrie des hommes et des arts reconnus dans les pierres de foudre, par M. Mahudel, 1737 », Rev. arch., 1906 , p. 239-259 (et dans E.-T. Hamy : Matériaux pour servir à l’histoire de l’archéologie préhistorique, Paris : E. Leroux, 1906). – Lettre [Paris, 1er avril 1741] de M. Mahudel [...], à M. le baron de Schmettau au sujet d’une médaille de la ville de Carthage l’afriquaine (du cabinet de ce seigneur), [S.l.] 1741, 16 p. ; trad.en latin : Nova nummi in colonia Kartagine africana percussi, Quem nuper illustrare conatus est, Cl. Mahudel, explicatio, [auctore Jo.Goth. Richter] e Lipsiae, litteris Breitkopfianis, 1742, 32 p. – Catalogue historique d’un laraire curieux, formé par les soins de M. Mahudel, Paris 1746. (C’est la description de son cabinet d’antiquités). – Catalogue de livres (dont la vente se fera à l’amiable le 17 de janvier 1746. Les prix seront marqués sur chaque livre, à Paris : Piget, 1746, 235 p. – Dissertazione intorno all’origine della seta, del signor Mahudel, 2da edizione, Venezia, per Groppo, 1754, 11 p. – Histoire des médaillons, s.l., s.d. ; d’après Michault (Mélanges philol., t. I, p. 47), il composa cet ouvrage à la Bastille, et il disait qu’on n’en avait tiré que quatre exemplaires.

Additions et corrections à l’Histoire naturelle du cacao et du sucre, par M. de Quélus [Chélus selon Barbier], Paris : L. d’Houry, 1719, VIII + 227 p. –

Éditeur de : Lettres choisies de feu M. Gui Patin tirées du cabinet de M. Charles Spon contenant l’histoire du tems et des particularitez sur la vie et les savants de ce siècle, La Haye : Gosse, 1718, 2 vol., 410 et 438 p. – Nouvelles lettres de feu Gui Patin, tirées du cabinet de Spon, Amsterdam : Steenhouwer et Uyticerf, 1718, 2 vol. – De l’utilité des voyages, et de l’avantage que la recherche des antiquités procure aux savants, par M. Baudelot de Dairval, Nlle éd. revue, corrigée et augmentée [par Mahudel], Rouen : Ferrand, 1727, 2 vol.