Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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LEFEBVRE Pierre (1727-1806).

par Pierre Crépel.

  Pierre Jacques Lefèvre, ou Lefebvre, serait né à Paris le 13 novembre 1727 (Bollioud). Son dossier aux archives de l’Oratoire dit qu’il avait 18 ans et demi quand il est entré à l’Oratoire à Paris le 27 mai 1746 et a été reçu ou vêtu le 10 juin. Il y est noté comme fils de Pierre Le Fèvre, avocat au Parlement et de Marie Nicole Malot. Il a fait ses humanités et un an de philosophie au collège de Vendôme. Il étudie ensuite la philosophie à Montmorency, est minoré en 1750.

  Il est ensuite noté économe (sans date indiquée) au collège de Lyon. Les jésuites avaient été expulsés du collège de la Trinité en 1762 et remplacés peu après par les oratoriens. Il est professeur de physique expérimentale et de mathématiques au collège de la Trinité, créateur du cabinet de physique en 1770. « Le P. Pierre le Febvre » est noté, parmi les professeurs, comme « Physicien » à partir de l’Almanach pour 1771 (« Pierre-Jaques » pour l’année 1772), jusqu’à celui pour 1783, ensuite « ancien professeur de physique expérimentale ». Jean-Baptiste Say a suivi ses cours. Il cherche à convaincre le P. Béraud* (jésuite qui a dû s’exiler en 1764 puis est revenu à Lyon) de reprendre la direction de l’Observatoire, mais en vain. Lefebvre dirige cet établissement, y construit un télescope de 5 pieds de foyer. La Révolution, en le privant de son état, le réduit à une situation peu fortunée, et il se retire à la campagne. Pendant le séjour du premier consul à Lyon en 1801, le ministre de l’intérieur, Chaptal, sur la demande de l’Académie, accorde au P. Lefebvre une gratification annuelle de 600 fr. Dans les almanachs, son adresse change tous les ans (an IX, « Lyon », p. 12, « La Guillotière », p. 108 ; an X, « en Vaise, faubourg de Lyon » ; an XII, « à St Rambert, près de Lyon » ; ans XIII et XIV, « à la Croix-rousse ». En juin, il revient à Lyon même. Il meurt à Lyon le 24 octobre 1806 ; son acte de décès le domicilie à « champ-vert n° 24 ».


Académie

Après s’être porté candidat le 8 juillet 1777 (registre), Lefebvre est finalement élu académicien associé le 17 mars 1778, après plusieurs votes entre quatre candidats, aucun ne parvenant à la majorité requise. Il donne son remerciement (d’associé) le 24 et « propose un projet de travail astronomique à l’observatoire du collège ». Dès la séance publique du 5 mai 1778, il lit un discours où il rend hommage au P. Béraud et se propose de rétablir la perfection de la méridienne du Grand Collège. Le 26 mai, il fait diverses expériences électriques qui confirment en fait le système de Franklin. Le 30 juin 1778, il rend compte de ses observations de l’éclipse du 24 juin. Désirant « d’appartenir plus intimement à la Compagnie », il est élu membre ordinaire le 7 juillet 1778, succédant au P. Béraud. À la demande de la compagnie il rédige l’éloge de cet ancien jésuite, le lit aux académiciens le 1er août 1780, puis en séance publique le 29 août, et le fait immédiatement imprimer « par le vœu unanime de l’académie » (il en donne un exemplaire dès le 12 septembre). Le 23 février 1779, il rapporte ses observations des aurores boréales visibles à Lyon dans les nuits des 9, 10, 13 et 16 février 1779. Le 20 avril 1779, il lit un discours sur les causes attribuées par les physiciens à ces météores avec une digression qui lui semble importante sur les changements qu’il a observés sur la nébuleuse de l’Épée d’Orion par rapport aux observations de 1636. Le 15 juin 1779, il donne ses observations de l’éclipse de soleil du 14 juin 1779. Le 21 août 1781, il fait la « lecture d’un détail circonstancié des effets différents qu’a produits la chute du tonnerre aux Brotteaux le quinze du présent mois »Il est directeur le second semestre 1781 et prononce donc les discours d’ouverture des séances publiques les 10 juillet (réception de Servan, associé, prestigieux magistrat philosophe de Grenoble), 28 août (remise des prix) et 4 décembre (observations sur l’utilité des conducteurs électriques), ainsi que de la thèse de mathématiques et physique de Gavinet* fils (probablement Nicolas, né en 1761) le 31 juillet (à Saint-Irénée). Seul le discours du 4 décembre a été conservé (Ac.Ms267-I f238-262) ; il contient notamment d’intéressantes « Reflexions sur les conducteurs electriques » (f°253-262). Lefebvre lit assez peu de mémoires aux séances, mais participe à de nombreux rapports, souvent sur des machines, avec Brisson*, Delorme*, Devillers*, Lallié*, Le Camus*, Loyer*, Montluel*. Le 18 mars 1783, il observe l’éclipse de Lune avec le baron von Zach (1754-1832), qu’il introduit à l’Académie le 1er avril – cet astronome qui fait partie du réseau de Lalande et deviendra très connu, est déjà membre de l’académie de Marseille (où il rencontre Bernard, professeur à l’observatoire de cette ville et directeur de celui de Lyon entre Béraud et Lefebvre) ; il n’est alors que professeur de mécanique à Léopold [auj. Lviv, Ukraine] ; les registres le notent M. Duzac, Dezac, Desak, etc. – ; Franz Xaver von Zach devient associé de l’académie de Lyon le 11 décembre 1783 : voir ses lettres des 20 mai et 12 octobre 1783 (Ac.Ms268-IV f°137 et 153). Le 25 janvier 1785, Lefebvre lit le mémoire qu’il avait déposé en 1782 pour diriger la construction de la méridienne tracée la même année dans la cour de l’Hôtel de ville. Il n’est plus très présent à partir de 1787-1788, et encore moins sous la Révolution. Il est néanmoins chargé de surveiller le déménagement des effets de l’Académie vers le collège de la Trinité (registre du 13 novembre 1792). Le 11 juin 1793, on lit les observations du citoyen Lefebvre sur l’éclipse de lune du 23 février 1793. À la reconstitution de l’Académie sous le nom d’Athénée, il est nommé associé libre (Almanach de Lyon pour l’an IX), mais il n’est vu présent qu’une fois, le 24 messidor an IX. Il figure sur le tableau des émérites arrêté lors de la séance extraordinaire du 15 frimaire an XI. L’Almanach de Lyon pour 1806 l’inscrit dans la liste des titulaires.

Bibliographie

Bollioud, p. 257-258. – Dumas, t. I, p. 323-324. - Nécrologie, in Bull. de Lyon, n° 87, 1er novembre 1806, p. 348. – Archives de l’Oratoire.

Manuscrits (mémoires et observations)

Projet de perfection pour la méridienne du Collège de la Trinité, 12 mai 1778, 26 janvier, 23 février 1779 (registres). – Expérience sur quelques effets de l’électricité, 26 mai 1778 (registres). – Observation de l’éclipse du 24 juin 1778 faite au collège de la Trinité (Ac.Ms205 f°115-116). – Observations sur les aurores boréales vues à Lyon au mois de février et autres phénomènes (dont la nébuleuse de l’épée d’Orion), 23 février, 2 mars, 13 et 20 avril 1779 (Ac.Ms205 f°160-171). – Observations astronomiques sur la détermination du moment de l’équinoxe de mars 1781, lu le 20 mars 1781 (Ac.Ms207 f°254-255). – « Observation de l’Éclipse de la lune faite à Lyon à l’Observatoire du grand College le 18 mars 1783 par le R.P. Le Fevre et moi » [il s’agit du baron von Zach], lu le 1er avril 1783 (Ac.Ms205 f°157-158). – « Observation de l’Éclipse de lune du 25 février avec un telescope qui grossissoit environ 200 fois », envoyé le 11 juin 1793 (Ac.Ms205 f°159)

Publications

Éloge historique du père Béraud, Lyon : Aimé de la Roche, 1780, 47 p. – « Observation de l’éclipse du 24 juin 1778 », Journal de physique 2, 1778, p. 121, lu à l’Académie le 30 juin [voir aussi ms]. – « Observations sur les nébuleuses d’Orion », Journal de physique 1, 1783, p. 34.

Rapports manuscrits

Compte rendu d’une machine à Plonger inventée par M. Zacharie, 28 juillet 1778 (registre). – Rapport sur le prix de 1778 (Ac.Ms173 f°28-29). – Avec Lallié et Loyer, Rapport sur le levier de l’abbé de Mandre, 10 mars 1779 (Ac.Ms183 f°10). – Avec Loyer et Delorme, [Examen du] moulin du Sr. [Georges Antoine] Balland [maître charpentier], 16 mars 1779 (Ac.Ms174 f°211-212). – Rapport sur un mémoire de M. Roux sur les maxima et minima, 23 janvier 1781 (Ac.Ms198 f°75-76) ; un rapport analogue de Lallié est daté du 22 janvier 1781 et lu le même jour ; ces deux rapports permettent l’élection de l’abbé Roux le 30 janvier. – Rapport sur le concours de 1782 (électricité végétale), lu le 13 août 1782 et en séance publique le 27 août (Ac.Ms212 f°310-323). – « Calcul et operations pour les meridiennes du temps vrai et du temps moyen, tracées sur le mur de l’Hotel de Ville et demandées à l’Academie par MMrs. du Consulat au mois d’aoust 1782 », lu le 1er avril 1783 (Ac.Ms307 f°51-60), voir aussi Dépôt reçu par délibération du 26 mai 1783 d’une lettre de M. Lefebvre protestant sur les observations à lui faites par le Sr Villars, toiseur à Lyon (pages paraphées par la Tourette, en tant que secrétaire) (Ac.Ms307 f°170-175). – Avec Le Camus et Brisson, Rapport sur le métier du sieur Sarrasin (Ac.Ms189 f°19-20), voir aussi Brisson, Mémoire sur la machine à faire les mailles retournées [du sieur Sarrasin], 1783 (f°37-45). – Rapport [sur les Mémoires relatifs à l’électricité de M. Pilâtre], janvier 1784 (Ac.Ms227 f°116-117). – Rédigé par Devillers, co-signé par Lefebvre et Le Camus : Rapport [...] sur l’experience de l’aérostat faite aux broteaux pres de cette ville le 19 janvier 1784 (fait le 19 mars) (Ac.Ms307 f°207-213), voir aussi (avec Devillers et Lecamus) Dissertation sur le fluide cause de l’ascension des aérostats (Ac.Ms232 f°26-49). – (Avec de Villers) Rapport [sur un ventilateur pour les salles de spectacle, présenté le 20 avril 1784], 4 mai 1784 (Ac.Ms183 f°11-12). – Lettre à l’abbé Roux, donnant un avis sur les mémoires du concours des aérostats, 15 juillet 1785 (Ac.Ms401 f°124-125). – Avis du P. Lefebvre sur le concours [des aérostats] 15 juillet 1785 (Ac.Ms401 f°215-222). – (Avec Loyer) [Rapport sur une machine du Sr Michel Million pour épargner aux calendreurs l’usage des chevaux], 29 novembre 1785 (Ac.Ms154 f°52, 55), voir aussi Lettre de Michel Million [sur sa machine pour les calendreurs], 15 novembre 1785 (f°53-54). – Avec Montluel et Vitet, Rapport pour examiner la machine inventée par M. Etevenard dont l’usage est destiné à se baigner sans danger, 6 juin 1786 (registre et Journal encyclopédique, août 1786, p. 536-537). – Avec Admiral, de Montluel, [Rapport sur des machines du Sr Balland principalement pour retirer des fonds d’une rivière différents corps submergés], 8 avril 1787 (Ac.Ms154 f°56, 59). Lefebvre a été commissaire pour d’autres mémoires et inventions, ou pour déterminer des sujets de prix (rapports écrits non retrouvés).

Cette notice a été révisée.