Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

HEINRICH Guillaume Alfred (1829-1887)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Lyon, 11 rue Neuve, le 4 décembre 1829, fils de Christian Heinrich, 30 ans, tailleur, et de Barbe Bonnet. Présents : Guillaume Dazord, propriétaire à Montluel (maçon et charpentier), et Jean Baptiste Besson, tailleur, 20 rue du Bât-d’Argent. Son père, d’une famille originaire de Landau (Palatinat), avait francisé son nom en Henry. Guillaume fait ses études au collège de Lyon sous ce nom et y suit les cours de l’abbé Noirot* et d’Henri Hignard* ; il obtiendra le prix d’honneur de rhétorique.

 Redevenu Heinrich, admis à l’École normale supérieure en octobre 1848, le plus jeune de sa promotion, nommé bibliothécaire de l’École, il en sort dans la section des lettres en 1851. Nommé professeur d’histoire au collège de Pau, il ne peut rejoindre son poste en raison de son état de santé (maladie de la gorge). Le père Gratry, oratorien, aumônier de l’ENS, lui trouve une place de précepteur dans la famille du docteur Tonnellé de Tours. Heinrich, en compagnie d’Alfred Tonnellé (1831-1858), qu’il assiste à Paris pour obtenir une licence ès lettres, fait trois voyages en Allemagne. Conseillé à l’origine par Frédéric Ozanam, disparu en 1853, alors professeur de littérature étrangère à la faculté des lettres de Paris, Heinrich soutient en juin 1855 une thèse intitulée : Le Parcival de Wolfram d’Eschenbach et la légende de Saint-Graal, assortie d’une thèse complémentaire : De origine juris septem principum electorum in imperio germanico, tendant à résoudre quelques énigmes de l’ancienne constitution de l’empire germanique. La même année, il participe à l’édition des œuvres d’Ozanam chez Lecoffre, en compagnie de Jean-Jacques Ampère, Mgr Maret, Montalembert, Egger et Lenormant.

 Chargé du cours de littérature étrangère le 12 novembre 1855 à la faculté de Lyon, il supplée Frédéric Gustave Eichhoff*, qui voulait du temps pour ses recherches, puis il est titularisé professeur dans cette chaire le 31 décembre 1859. Du 15 août au 19 novembre 1862, il retourne en Allemagne avec l’abbé Adolphe Perraud, futur évêque d’Autun en 1874, cardinal en 1895 et membre de l’Académie française en 1882. En 1870, il sert dans une ambulance à Lyon, se rend jusqu’en Allemagne, pour visiter les prisonniers et les blessés français. Il publie alors Les invasions germaniques en France. Il est élu le 30 octobre 1871 doyen de la faculté des lettres de Lyon, en remplacement de Dareste de La Chavanne*, nommé recteur à Nancy.

 Président à Saint-Polycarpe de la confrérie du Saint-Sacrement, secrétaire général de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, membre en 1864 de la Congrégation des Messieurs de Lyon. Il n’est pas réélu en décembre 1886 au décanat en raison, dit-on (Pellissier), de son soutien à la création de l’université catholique. Il a fréquenté le salon de Mme Yemeniz, dont le fils Eugène Yemeniz* était entré à l’académie de Lyon la même année que lui. Il a collaboré au Français et au Correspondant.

 Alors qu’il est domicilié 5 rue Sainte-Catherine, il épouse à Lyon 1er le 17 juin 1865 Élisabeth Victoire Racine, née à Lyon le 29 décembre 1840, fille de François Constant Racine, négociant, (Besançon 1797-Lyon 1844) et de Jeanne Marie Victorine Dognin (Lyon, 1811-1847). Ils ont eu six enfants : Christian, Amélie, Claire épouse Chofardet, Pierre Antonin, Adolphe, et Paul. Pierre (Lyon, 9 août 1874-6 mai 1936), professeur d’histoire, a dirigé de 1916 à 1928 Le Bulletin des professeurs catholiques de l’université fondé par Joseph Lotte ; auteur de plusieurs ouvrages, il a collaboré, sous le pseudonyme de Gabriel Paulhac, à divers revues et journaux, notamment à la République lyonnaise ; il avait épousé à Lyon 2e, le 14 mars 1910 Gabrielle Ollier (1881-1944), fille de Léopold Ollier*.

 Guillaume Alfred Heinrich est mort à son domicile 20 rue de Noailles (act. av. Maréchal Foch) Lyon 6e, le 19 mai 1887, à l’âge de 57 ans, et inhumé le 22 à Loyasse (Hours 418). Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 7 août 1870 (LH/1278/6), décoration remise par Henri Hignard*.


Académie

Élu membre titulaire le 7 décembre 1869 sur un rapport de Victor de Laprade*. Secrétaire général pour la classe des lettres dès le 11 décembre 1870, au décès de Charles Antoine Fraisse*, pendant 16 ans. Le 30 mai 1871, il fait une lecture des travaux de M. Ferraz*. Le 13 juin, une commission est nommée examiner son discours de réception (non retrouvé). Le 20 juin, il lit un Rapport sur l’érection de la faculté de médecine ; le 16 janvier 1872, il « fait hommage d’un travail sur la crise autrichienne » ; le 20 février, il disserte sur La signification symbolique du Faust de Goethe ; le 11 mars 1873, il lit un travail sur La littérature en Allemagne ; le 12 juin, il lit un fragment de son Histoire de la littérature allemande : la poésie politique ; le 24 juin, il fait une lecture sur Les caractères principaux de la poésie de Heine ; le 25 novembre, il présente le 3e volume de son Histoire de la littérature allemande ; le 1er juin 1875, il disserte sur Une statistique de suicides, parue dans une revue allemande… Il a prononcé les Éloges de l’abbé Noirot* (MEM L 1881), Ernest Faivre* (MEM L 1880), Cléo Dareste de La Chavanne* (MEM L 1884), Victor de Laprade* (MEM L 1885) et Émile Belot* (MEM L 1888). Un discours a été prononcé sur sa tombe par Caillemer* (MEM L, 1887).

Membre fondateur de la Société de géographie de Lyon, en 1873.

Bibliographie

GDU. – Vapereau. – T. de Morembert (sur Guillaume Alfred Heinrich), et H. Blémont (Pierre-Antonin Heinrich), DBF. – Catherine Pellissier, DMR. – Henri Hignard*, Notice biographique sur G.A. Heinrich, lue à l’Académie… dans les séances du 13 décembre 1887 et des 10, 17 et 24 janvier 1888, Lyon : Assoc. typogr., 1888, et MEM L, 1889, 67 p. – Henri Hours*, « Heinrich père et fils », Église à Lyon, 1998, n° 9.

Publications

Henri Hignard a donné dans sa notice nécrologique la liste des publications d’Heinrich. Retenons : Le Parcival de Wolfram d’Eschenbach et la légende de Saint-Graal, thèse de doctorat, Paris : Frank, 1855. – De origine juris septem principum electorum in imperio germanico, thèse latine, Paris : Franck, 1855. – Fragments sur l’art et la philosophie, suivis de notes et de pensées recueillies dans les papiers d’Alfred Tonnellé, Tours : Mame, et Paris : Douniol et Reinwald, 1859. – Du mouvement littéraire et philosophique en Allemagne, Lyon : Glairon-Mondet, 1865, et RLY 30, 1865, p. 195. – Les invasions germaniques en France, Paris : Hachette, 1870. – « Les Facultés de l’État et la liberté de l’enseignement supérieur », Le Correspondant, 25 mars 1870. – « La question juive en Allemagne », Le Correspondant, 1871. – « La crise autrichienne », Le Correspondant, 25 décembre 1871. – L’enseignement des langues vivantes en France, 1871. – Histoire de la littérature allemande, ouvrage couronné par l’Académie française (prix Bordin), 3 vol., Paris, 1870-1873. – « M. de Bismarck et les catholiques allemands », Le Correspondant, 25 juillet 1871. – La France, l’étranger et les partis, Paris : Plon, 1873. – « Les Réformes dans l’enseignement supérieur », Le Correspondant, 25 octobre 1875. – « La Légende jacobine et la Critique », Le Correspondant, 25 août 1878. – Notice sur l’abbé Noirot, lue à l’Académie de Lyon, Lyon, 1880. – Le livre de Persévérance, conseils après la 1re communion, livre de spiritualité pour enfants, Tours, 1884. – Le procès du latin, Paris : Leroux, 1886.