Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

REBOUL Edmond (1923-2010)

par Louis David.

 Edmond est né le 5 mars 1923 à Béziers (Hérault), fils d’Emmanuel Fernand Reboul (Beauquiès, Le Vigan [Gard] 1894-Pont-Saint-Esprit [Gard] 1968) et d’Élisabeth Jeanne Marie Viala (née à Béziers en 1895). Edmond restera toujours très attaché à ses racines cévenoles.

 À 5 ans, il est inscrit comme enfant de troupe au 85e régiment d’infanterie ; à 12 ans il entre par concours à l’école militaire préparatoire d’Autun, puis à celle d’Épinal, enfin au Prytanée de La Flèche. À l’issue d’une année préparatoire, en 1942, il réussit, major de sa promotion, le concours d’entrée à l’école du Service de Santé des Armées. Après deux années, il quitte l’école pour s’engager dans la 1re armée du général de Lattre : médecin auxiliaire puis aspirant dans un groupe chirurgical, il participe aux campagnes des Vosges, d’Alsace et d’Allemagne ; décoré de la Croix de Guerre, il quitte l’armée en mai 1945 pour reprendre ses études à Lyon, qui s’achèvent avec une thèse en 1948 ; il les complète par un stage à l’hôpital du Val-de-Grâce. Médecin lieutenant, il choisit une affectation au Sahara comme médecin chef de Timimoun, avec la responsabilité sanitaire d’un vaste territoire, le Gourara. À la demande de l’institut Pasteur, il écrit une monographie historique, géographique et médicale, Le Gourara, qui lui vaut un prix du Gouvernement Général puis celui de l’Académie de médecine. Revenant avec une blessure et le grade de capitaine pour un bref séjour en Allemagne, il réussit le concours d’assistant de médecine, ce qui le conduit à trois années de stage à l’hôpital militaire Desgenettes ainsi qu’à la faculté de médecine de Lyon. Il entame alors une carrière de médecin militaire hospitalier à Casablanca et en Allemagne. Franchissant peu à peu les degrés de la hiérarchie, c’est comme médecin-colonel qu’il est nommé médecin-chef de l’hôpital de Lille, puis sous-directeur du service de Santé de la région militaire de Marseille, enfin avec le grade de Médecin-Général (1977) il revient à Lyon pour prendre la direction du service de Santé de la 7e région.

 Il a épousé, le 16 septembre 1954 à la chapelle de l’hôpital Desgenettes, Micheline Chanteloube (née le 17 juillet 1931 à Beynost [Ain]) – après des études au lycée E. Herriot puis à la faculté de médecine de Lyon, reçue au premier concours d’entrée à l’école du service de santé ouvert aux jeunes-filles en 1953, docteur en médecine en 1956, Micheline est la première femme issue de l’École ; elle aura diverses affectations en France, en Allemagne et au Maroc avant de revenir à Lyon en 1976 où elle prendra la direction, avec le grade de Médecin-Général, de la nouvelle École du service de santé construite à Bron. Plus tard, après son départ pour le sud de la France, Reboul contractera un second mariage avec Corinne Suel le 23 mars 1998 à Vialas (Lozère), mais il restera d’une discrétion totale envers ses vies familiales. En 1978, à sa demande, il bénéficie d’un congé spécial qui prendra fin en 1983 pour se consacrer à sa vie d’écrivain et d’académicien.

 Cette vie d’écrivain a commencé très tôt, aussi bien en prose qu’en poésie. Du romancier on retiendra les 8 ouvrages, souvent inspirés par sa carrière militaire (Si Toubib, Les mirages du désert, etc.) ou ses souvenirs d’enfant de troupe et d’écolier (Frog). C’est surtout l’œuvre du poète qui assure la renommée de Reboul : près de vingt recueils de poésies et plusieurs essais sur la poésie (Des jardins de la poésie au jardin secret du poète, Musique et poésie, Le désert, l’homme et la poésie…), et même un manuel : Écrire des poèmes. Ses œuvres lui ont ouvert la porte de multiples sociétés littéraires et ont été couronnées de nombreux prix.

 Edmond Reboul a été décoré de la croix du combattant volontaire et de la croix de guerre ; il est officier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du Mérite, officier des Palmes académiques et chevalier des Arts et Lettres.

 Il est mort dans le Gard au Vigan, le 10 mars 2010.


Académie

Élu correspondant le 4 juin 1974 sur rapport d’Aymé Camelin* ; élu au fauteuil 6 section 1 Lettres, le 10 mai 1977, toujours sur rapport d’A. Camelin ; le discours de réception prononcé le 16 mai 1978 est intitulé Un destin de poète : Louis Pize*. Reboul est secrétaire de la classe des Lettres de 1983 à 1989, président en 1991, émérite en 1992, membre d’honneur le 4 juin 1996.

Membre de l’académie de Nîmes (1887) et de cinq autres.

Bibliographie

David 2000. – D. Grasset, « Edmond Reboul (1923-2010), père fondateur de la conférence nationale des Académies (CNA) », Bull. Conf. Nation. Acad. Sci. Lettres Arts 26, avril 2011, p. 4-7, portrait.

Conférence nationale des académies (CNA)

L’académicien Francisque Bouillier* avait à plusieurs reprises imaginé l’avenir des académies après un constat dont il fit part à l’académie le 29 juin 1857 : « Les académies de province sont encore aujourd’hui presque sans ressources, elles sont abandonnées à elles-mêmes, sans relations d’aucune sorte les unes avec les autres, ni avec le ministère, ni avec l’Institut ». On peut penser que c’est en lisant le livre de Bouillier, publié en 1879 sous le titre : L’Institut et les Académies de province, que Reboul a décidé de reprendre ses idées ; et grâce à ses contacts littéraires avec l’Institut, d’entamer une véritable croisade académique.

Le 20 novembre 1989, Reboul, accompagné d’une délégation représentant vingt-trois académies nées avant la Révolution, est reçu par Albert Brunois, président de l’Académie des sciences morales et politiques, et par le chancelier Édouard Bonnefous ; Reboul est chargé de la mise en place d’une structure d’échanges académiques entre Paris et la province. Le 20 octobre 1991, Reboul alors président de l’académie de Lyon reçoit les représentants des académies de province et une délégation de l’Institut de France conduite par Louis Leprince-Ringuet ; la structure d’échanges inter-académiques est créée sous le titre de Conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts ; Reboul est élu à sa présidence et A. Brunois à sa présidence d’honneur. En 1992, la première réunion de la CNA à Paris prononce l’admission de trois nouvelles académies, en plus des 23 à l’origine. En 1993, réunion à Marseille. En 1994, réunion à Rouen avec la mise au point des statuts qui renferment quelques points fondamentaux : siège social à l’Institut de France ; critères d’admission : création par lettres patentes royales sous l’ancien régime, pluridisciplinarité, sélectivité des membres (nombre fixé à l’avance, élection…), activités régulières avec publication des travaux.

De 1995 à 2015 : publication des statuts au J.O. du 23 juin 1995 ; réunions annuelles alternées à Paris et en province avec organisation d’un colloque sur un thème choisi ; admission de nouvelles académies portant leur nombre à trente-et-un. Enfin, Reboul a créé trois outils de communication : la Lettre des académies à usage interne, une revue, Akademos, pour accueillir les comptes rendus des réunions et les colloques, et un site internet www.interacademies.com.

Publications

Académie : « La poésie, le poème et le poète » (R), MEM 30, 1977. – « Le Sahara vu de Timimoun » (R), MEM 31, 1977. – « Hommage à Pascal Bonetti, poète français » (1886-1975), MEM 32, 1978. – « Un destin de poète : Louis Pize » (discours de réception), MEM 33, 1979. – « Désert, source de poésie » (R), MEM 35, 1981. – « Joséphin Soulary, poète ou sonnettiste lyonnais » (R), MEM 37, 1983. – « Une petite ville à un tournant de son destin, Pont-Saint-Esprit », 1942-1982 (R), MEM 38, 1984. – « Éloge funèbre de Bill Bavin » (1919-1985), Ibidem. – « Éloge funèbre d’Aymé Camelin (1907-1985) », MEM 40, 1986. – « L’académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon : hier et aujourd’hui », Ibidem. – « Mesdames de l’Académie », MEM 41, 1987. – « Éloge funèbre de René Cheval, 1918-1986 », Ibidem. – L’académie a inspiré plusieurs essais : Éloge de l’académie, 1988 Nîmes : Lacour ; Réflexions d’un académicien rustique, 1990 Nîmes : Lacour ; Regards sur l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 1991, Nîmes : Lacour. – Avec Christiane de Clavières, Index des Mémoires de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, répertoire des auteurs et thèmes, 1845-1987, Ac. Lyon, 1990, 277 p. [précieux répertoire].

18 recueils de poèmes ont été publiés de 1963 à 2009. Nous retiendrons : Au jour la nuit (1972) [prix Valentine de Wolmar de l’Académie française]. – Surgi du sable (1986) [prix André Séveyrat de la société des Écrivains et poètes lyonnais, remis par L.S. Senghor]. – Ensemble de l’œuvre couronné par le grand prix Pascal-Bonetti de la société des Poètes français, en 1997, dans les salons du Sénat en présence de MM. L. Leprince-Ringuet, J. de Bourbon-Busset et J. Leclant.

Huit romans de 1958 à 2010 : Si toubib, Paris : Julliard, 1958 [prix Vérité du Parisien libéré] ; 2e éd. Lacour 1997. – L’interne des lépreux, Paris : France-Empire, 1970. – Île en péril, Paris : éd. L’Hermès, 1978. – Les mirages du désert, Paris : éd. L’Hermès 1981 [prix Broquette-Gonin de l’Académie française]. – Amours de Constance et autres, Toulon : Presses du Midi, 2004. – Ki et Wou, Toulon : Presses du Midi, 2005. – Frog, Paris : L’Harmattan, 2007.

Divers. Le Gourara, étude historique, géographique et médicale, Alger : Inst. Pasteur, 1952 [prix Gouv. Général Algérie et prix Larrey de l’Académie de Médecine]. – Hier Pont-Saint-Esprit, Nîmes : Lacour, 1990. – Dans l’aura d’André Chamson, Nîmes : Lacour, 1993. – Un soir l’âme du vin…, Nîmes : Lacour, 1997 ; Écrire des poèmes, Toulon : Presses du Midi 2006 ; etc.

On trouve sous data.bnf.fr une liste (incomplète) d’une trentaine de publications. J. Penaud a rassemblé sur Internet une brève notice, avec une liste plus complète des publications et une analyse de quelques livres (WWW.aet-association.org).