Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

FALSAN Albert (1833-1902)

par Louis David.

 Le plus ancien de ses ancêtres dont on a gardé le souvenir est Gilles Falsan, bourgeois de Montpellier (1603-1678) ; il faut attendre la troisième génération pour que Jean Falsan, né le 25 mai 1685, s’installe à Lyon comme marchand ; son fils Gatien François est marchand drapier, recteur de l’hôpital de Notre-Dame-de-Pitié du pont du Rhône et Grand Hôtel-Dieu ; vient ensuite Claude François, négociant, membre du conseil municipal et de la chambre de commerce de Lyon, né le 28 juillet 1760 paroisse Saint-Nizier, mort le 3 septembre 1839 à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, chevalier LH (LH930/1), très connu sous le nom de « chevalier Falsan », il épouse le 27 janvier 1789, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, Jeanne Marie Marguerite Maupetit (1763-1831), sœur du général d’Empire Pierre Maupetit (1772-1811). Une fille Sophie (1796-1824) épousera en 1815 l’académicien Claude Bréghot du Lut*.

 Un fils, Pierre Honoré (Lyon 19 février 1794- Saint-Cyr-au-Mont-d’Or 27 novembre 1867), est plus attiré par les sciences que par le négoce, marié à Lyon le 9 octobre 1822 à Joséphine Chavanis, née à Charnay (Rhône) le 10 mai 1804 ; ils auront deux filles, Amélie Claudine (1823-1887), mariée à Ariste Potton*, et Élisabeth (1826-1902) mariée à Claude Pierre Lagrange – parents d’Albert, dit Marie Joseph, Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem et de la Revue Biblique. Mais, devenu veuf, résidant rue Romarin, Pierre se remarie à Lyon le 1er août 1832 avec Thérèse Alexandrine Niepce, née à Cassel (Wesphalie) le 28 décembre 1810, fille du colonel Étienne Niepce (Chalon-sur-Saône 1781-Sennecey-le-Grand 1869 où il a été conseiller général, un lycée portant son nom en 1988), commandeur LH, commandant la place de Lyon (cousin de Nicéphore), et d’Alexandrine von Zandt (Dusseldorf (1788-Sennecey-le-Grand 1866) ; la sœur de Thérèse Niepce, Alexandrine Caroline, est la mère de l’ingénieur Arnould Locard*.

 Leur fils, Claude Alexandre Albert naît le 14 mai 1833 à Lyon ; témoins : Alexandre de Coutances, négociant rue Romarin, et Pierre Paris, commis négociant. Sa prime enfance est partagée entre Lyon et Saint-Loup-les-Varennes, résidence de son grand-père, le colonel Niepce. Ensuite c’est au petit séminaire des Minimes qu’il fait ses études classiques. Bien que destiné au commerce, il était attiré dès sa prime jeunesse par l’histoire naturelle : il est auditeur assidu aux cours de la faculté des Sciences, et ce sont ceux de J.-B. Fournet qui l’orientent vers la géologie.

 Albert décide cependant de poursuivre l’œuvre familiale, et il entame les études préparatoires au commerce des soies, mais une chute grave dont les suites altèrent sa santé l’oblige à les abandonner. Il se tourne définitivement vers les sciences et les arts : il organise avec quelques amis la « Société des amis de la nature » pour collectionner et discuter librement ; il est formé au dessin par Grobon, puis Appian, mais c’est surtout pour reproduire les paysages.

 En 1860, la santé de sa mère nécessite un séjour dans le Midi et Albert l’accompagne à Hyères, ce qui sera l’occasion de son premier ouvrage géologique consacré à la région (1863). Sa mère meurt le 14 septembre 1862 dans la propriété de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.

 Albert, habitant alors 7 rue de la Charité, se marie à Arbignieu (Ain) le 24 avril 1867 avec Louise Joséphine Marie Jordand (Belley 12 novembre 1839-Lyon 6e 12 février 1911), fille de Louis François Jordand et de Claudine Gouvet ; ils auront trois filles, Thérèse (1868-1909), épouse François Férier, Amélie (°1869) épouse Max Frachon, Alexandrine (1872-1941), et un fils, Pierre (1875-1912). Le 27 novembre de la même année, meurt à son tour Pierre Falsan son père, et Albert devient le chef de famille.

 1867 est aussi l’année où il publie, avec Arnould Locard*, la si célèbre monographie du Mont-d’Or lyonnais, l’une des œuvres majeures de la fin du xixe siècle pour le fossé rhodanien, première synthèse de ce massif de terrains triasiques et liasiques, sur lequel vont s’appuyer tous les travaux ultérieurs. Le volume (499 pages) est accompagné d’une carte à 1/20 000 qui sera directement reprise dans la feuille Lyon à 1/80 000, puis ne subira que des retouches mineures jusqu’à la parution de la carte à 1/50 000 en 1978.

 Attiré par le Jura, Falsan va avoir deux autres maisons, un cellier perdu dans les vignes au pied du Colombier à Culoz, avec très belle vue sur le Rhône et les Alpes, une maison à Thoÿs hameau d’Arbignieu. En 1872, il publie avec Dumortier* d’abord une note sur les terrains qui encadrent les gisements à poissons et végétaux du Bas-Bugey, puis en 1873 l’ouvrage posthume de Victor Thiollière* sur les fossiles de Cerin, grâce à la collaboration de plusieurs paléontologues dont le comte Gaston de Saporta ; ainsi naîtra une profonde amitié entre ce dernier et Falsan, matérialisée par une correspondance permanente.

 En 1875, au congrès géologique de Genève, il présente une communication et surtout la carte de l’ancien glacier du Rhône jusqu’à Lyon : c’était le fruit de douze années d’exploration méticuleuse qu’il avait commencé à publier avec Ernest Chantre* auprès de la société d’agriculture de Lyon ; rassemblé en deux gros volumes et un atlas, ce fut un réel succès : Desor dira que « l’ouvrage de MM. Falsan et Chantre est et demeurera le plus beau monument que l’on ait élevé à la science glaciaire ». Les auteurs définissent les limites du glacier alpin et ses courants d’écoulement, ainsi que celles et ceux de divers petits glaciers locaux (Jura, Beaujolais, Pilat…) : leurs six cartes à 1/80 000 qui montrent le sens d’écoulement de la glace, les principaux vallums morainiques et la position des blocs erratiques. Les auteurs passent une revue historique et analytique des travaux des géologues qui les ont précédés, dressent un catalogue complet des blocs erratiques connus occupant 430 pages, et donnent aussi une description, région par région, des phénomènes glaciaires et de leurs dépôts. C’est donc un ouvrage majeur, d’une grande précision, essentiellement descriptif. En 1889, Falsan accepte d’écrire, sous la pression de l’éditeur Félix Alcan, un livre sur la période glaciaire en France et Suisse pour un public cultivé ; en 1895, ce seront les deux volumes sur les Alpes françaises, pour grand public.

 Pendant la majeure partie de sa vie, Falsan a eu une santé délicate, en particulier des accès de fièvre ; vers la fin, sa santé déclina inexorablement, il dut abandonner les séjours dans le Jura, puis finalement quitter Saint-Cyr pour Lyon auprès de ses filles. Il meurt à Lyon, à son domicile 18 place Morand (act. place Maréchal-Lyautey), le 11 février 1902. Il est inhumé le 13 février à Loyasse après une cérémonie à Saint-Pothin (Hours 457).

 Albert Falsan était officier de l’Instruction publique (1880), chevalier des Saints-Maurice-et-Lazare (1882), chevalier de Saint-Jacques de l’Épée (Portugal, 1891) ; lauréat de l’Institut (prix Bordin 1886), médaille d’or du concours de la Sorbonne (1880). Une rue Albert Falsan est à la limite de Lyon et de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.


Académie

Albert Falsan est élu le 1er juin 1869 fauteuil 4, section 2 Sciences, sur un rapport manuscrit d’E. Dumortier* du 25 mai. Son discours de réception, le 23 décembre 1873, est un hommage à son maître en géologie : Des progrès de la minéralogie et de la géologie à Lyon et de l’influence de Joseph Fournet sur l’avancement de ces sciences (MEM S 20, 1873-1874, p. 219-275).

Il est également membre de l’académie de Savoie, correspondant des académies de Genève, d’Aix-en-Provence, Marseille et Annecy.

Bibliographie

E. Chantre*, Notice sur la vie et les travaux d’Albert Falsan 1833-1902, Lyon : Rey et Cie, 1902, 14 p. – A. Bondet*, « Albert Falsan, allocution prononcée aux funérailles », MEM-rapports III, 1902, p. 19-25. – Albert Falsan, souvenirs de famille, Mâcon : Protat frères, 1905, 46 p., portrait (écrit par sa famille). – A. Vachet*, Nos Lyonnais d’hier 1831-1910, Lyon : chez l’auteur, 1910, p. 154-155. – St. Le Tourneur, DBF.

Publications

« Notice sur la géologie et la minéralogie du canton d’Hyères (Var) », Ann. Soc. Agric. Lyon 7, 1863, p. 400-459, 1 tabl. – « Instruction pour l’étude du terrain erratique de la partie moyenne du bassin du Rhône », MEM 17, 1869, p. 179‑204, ill. – Falsan et A. Locard, « Monographie géologique du Mont-d’Or lyonnais et de ses dépendances », Ann. Soc. Agric. Hist. Nat. Arts utiles Lyon 10, 1866, et 11, 1867, réunis en 1 vol., 499 p., 11 pl., carte 1/20 000. – Avec Ernest Chantre, « Monographie des anciens glaciers et du terrain erratique de la partie moyenne du bassin du Rhône », Ann. Soc. Agric. Lyon 7, 1874, p. 611-864 ; 10, 1877, p. 117-141 ; 1, 1878, p. 509-874 ; 2, 1879, p. 205-474, réunis en 3 volumes : XXVIII + 622 p., 42 fig. ; 572 p., 147 fig. ; atlas in folio. – Avec Arnould Locard, « Note sur les formations tertiaires et quaternaires des environs de Miribel (Ain) », Ann. Soc. Agric. Lyon 1, 1878, p. 1-10. – La période glaciaire étudiée spécialement en France et en Suisse, Bibl. Scient. Intern., Paris : Félix Alcan, 364 p., 104 fig., 2 pl. – Les Alpes françaises : les montagnes, les eaux, les glaciers..., le rôle de l’homme..., Bibl. Sciences contemporaines, Paris : Baillière et fils, 1895, 2 vol.