Robert Favre est né le 21 avril 1927 dans une famille originaire du nord du département du Rhône, bourgeoisie industrielle de Cours pour sa mère, paysannerie du village de Mardore pour son père qui, après avoir été porté pour mort sur le champ de bataille, revint à Lyon travailler comme maître d’hôtel à l’hôtel Terminus de Perrache. Pendant toute son enfance, et son adolescence marquée par la guerre et la Résistance, Robert Favre vécut de près l’activité du café tenu par ses parents, au 9 rue de la Martinière. Il fait ses études au lycée Ampère, avec Jean Beaufret comme professeur de philosophie, dont l’enseignement l’influença plus tard dans le choix de sa thèse, puis dans la khâgne du lycée du Parc, où il suit les enseignements de V.-H. Debidour*, grand helléniste et grand chrétien auprès de qui s’est sans doute définie sa vocation intellectuelle. Il entre à l’ENS de la rue d’Ulm en 1947, cacique de la promotion littéraire. Agrégé en 1951, il hésite pour accepter un poste au Japon et part finalement s’installer avec son épouse Colette Reboullet à Alger, où naîtront leurs deux premiers enfants, Madeleine et Étienne. Il est nommé au lycée Gautier. Là comme ailleurs, ses élèves, devenus à leur tour des maîtres, parlent encore de sa culture et de son élégance intellectuelle. Il retrouve Lyon en 1956, habitant d’abord place Croix-Paquet puis quai de la Pêcherie, la famille s’étant agrandie avec la naissance d’Isabelle, Sylvie et Benoît. Après quelques années comme professeur de lettres classiques au lycée Jean Perrin, il est nommé en 1961 à la faculté des lettres de Lyon, où il enseigne pendant trente ans, comme maître-assistant puis professeur (1979) de littérature du xviiie siècle jusqu’à sa retraite en 1993. Sa thèse très remarquée sur La Mort dans la littérature et la pensée françaises au dix-huitième siècle (1976) se situe à l’intersection de l’histoire des idées et de l’histoire des mentalités. Au sein du Centre d’études du xviiie siècle de Lyon, aux côtés Pierre Rétat, Claude Labrosse et Henri Duranton, et en collaboration avec l’équipe de Jean Sgard à Grenoble, il participe à un programme pionnier sur la presse d’Ancien Régime. Après la mort en 1983 de sa « première Colette », qui fut la proche compagne de ses activités d’enseignement et de recherche, il partage sa retraite avec sa seconde épouse, « sa deuxième Colette », dans le quartier du Point du Jour. Il a longtemps été président des Foyers de culture (aujourd’hui MACLY).
Il meurt à Lyon le 30 avril 2010.
Présenté par Gabriel Pérouse*, Robert Favre est élu le 2 décembre 1986 au fauteuil 1, section 1 Lettres, précédemment occupé par V.-H. Debidour. Son discours de réception, le 10 novembre 1987, porte sur les voyages de l’abbé Prévost (MEM 1988). Il est président en 2001. Il devient membre émérite en 2006. Communications : 15 mars 1983, L’obsession du temps chez les romanciers du libertinage de Crébillon à Sade (MEM 1984) ; Éloge funèbre de Victor-Henri Debidour (MEM 1989) ; 25 et 26 octobre 1991, Compte rendu de la réunion à Lyon de l’Institut et des académies de province antérieures à la Révolution (MEM 1992) ; Éloge funèbre de Jean Georges Ritz (MEM 1995) ; 1er février 1994, L’idéologie de la littérature de colportage (MEM 1995) ; Éloge funèbre de Francis Ambrière (MEM 1999) ; 24 novembre 1998, Vers une histoire littéraire des odeurs (MEM 1999) ; avec Michel Dürr*, Un texte inédit de l’abbé du Gua de Malves concernant la naissance de l’Encyclopédie (MEM 2001) ; Éloge funèbre de Jorge Amado (MEM 2001) ; 9 janvier 2001, Confidences d’écrivains : Pourquoi ont-ils écrit ? (MEM 2001) ; 21 septembre 2004, La littérature et les arts aux sources de l’unité européenne (MEM 2004) ; Éloge funèbre de Corado Rosso (MEM 2005) ; Éloge funèbre de Gabriel Pérouse (Ibidem) ; Éloge funèbre de René Rémond (MEM 2007) ; 15 décembre 2009, La Francographie (MEM 2010).
Son éloge funèbre a été prononcé par Michel Le Guern* (MEM 2012).
Le fonds Robert Favre, à l’Académie, a été inventorié en 2013 par Pierre Crépel*. Il comprend un carton sur l’Académie ; un carton Foi, religion, personnalisme, mariage ; quatre cartons sur Le xviiie siècle (dossiers classés par auteurs : Prévost, Senancour, Marivaux, Diderot, etc.) ; trois cartons de dossiers disparates sur La littérature de diverses époques, la religion, les rééditions du livre sur le rire, l’unité culturelle de l’Europe. L’intérêt de ce fonds est de montrer comment a travaillé un dix-huitémiste important de la seconde moitié du xxe siècle. Outre toute la documentation sur sa thèse, on y voit ses préoccupations d’humaniste chrétien. Enfin, une partie du fonds intéresse directement l’Académie et correspond essentiellement à son année de présidence en 2001. Un second fonds complémentaire non encore inventorié a été déposé par la famille.
Sélection parmi huit livres et une cinquantaine d’articles portant sur le xviiie siècle, mais aussi sur des poètes modernes comme Desnos, Follain ou Frénaud : « Les Mémoires de Trévoux dans le débat sur l’inoculation de la petite vérole (1715-1762) », Études sur la presse au xviiie siècle, 1, Lyon, 1973, p. 39-58. – « Naissance d’une médecine pour le peuple sous le regard des journalistes de Trévoux », Ibidem 2, Lyon, 1975, p. 5-26. – Avec Claude Labrosse et Pierre Rétat, « Bilan et perspectives de recherches sur les Mémoires de Trévoux », DHS 8, 1976, p. 237-255. – La Mort au siècle des Lumières, PUL, 1978, 640 p. – Avec Jean Sgard et Françoise Weil, « Le fait divers », in P. Rétat et J. Sgard (dir.), Presse et Histoire au xviiie siècle : l’année 1734, CNRS, Lyon, 1978, p. 199-225. – « Montesquieu et la presse périodique », Études sur la presse au xviiie siècle 3, PUL, 1978, p. 39-60. – « Le fait divers en 1778 : permanence et précarité », in P. Jansen (dir.), L’Année 1778 à travers la presse, PUF, 1982, p. 113-146. – « Une fonction du périodique : du manuscrit au livre », in P. Rétat (dir), Le Journalisme d’Ancien Régime, PU Lyon, 1982, p. 257-270. – Avec P. Rétat, « L’amélioration de la vie quotidienne », in J. Sgard (dir.), La Presse provinciale au xviiie siècle, PU Grenoble, 1983, p. 65-77. – La Fin dernière, Arthaud/Montalba, la bibliothèque bleue, 1984, 432 p. – « Discours affectif et scènes sensibles en 1789 », in P. Rétat (dir.), La Révolution du journal, 1788-1794, Paris : Éd. du CNRS, 1989, p. 197-204. – « Les Nouvelles ecclésiastiques au seuil de la Révolution (1788-1790) », DHS 21, 1989, p. 277-284. – Avec Chantal Thomas, « Le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette d’Autriche (1770), estampe et feu d’artifice », in H. Duranton, C. Labrosse et P. Rétat (dir.), Les Gazettes européennes de langue française, Saint-Étienne : PUSE, 1992, p. 213-228. – Le Rire dans tous ses éclats, Lyon : PUL, 1995. – « Le gazetier idéal », in D. Reynaud et C. Thomas (dir.), La Suite à l’ordinaire prochain, Lyon, PUL, 1999, p. 17-24. – Le Temps, la mort, la poésie, Lyon, PUL, 1999. – Pourquoi rions-nous ?, éd. Aléas, 2009.