François Bottu de la Barmondière, seigneur de Saint Fonds et Limas, est né le 28 novembre 1675. Ondoyé le 29 novembre 1675, il est baptisé le 5 janvier 1676 à Villefranche, église Notre-Dame-des-Marais. Le premier membre connu de cette famille est Antoine Bottu, qui reçut de Louis XI en 1478 des lettres de grâce, car il était accusé de violences contre les habitants de Villefranche. Son arrière-petit-fils, Noël Bottu, bourgeois de Villefranche, consul et échevin, a été le premier sieur de la Barmondière.
François est le fils de Jean Bottu de la Barmondière (Villefranche 6 juillet 1642-29 mai 1686) – avocat en parlement, fondateur de l’Académie de Villefranche en 1679, qui avait acquis le 30 août 1669 le fief de Saint Fonds (commune de Gleizé, près de Villefranche), avec le château de Limas – et de Catherine Donguy (1656-Villefranche 5 avril 1703), fille d’Henry Donguy, bourgeois de Lyon, et de Marie de Jussieu. Parrain le 5 janvier : François Donguy, bourgeois de Lyon, sieur de Malfara (Charlieu) ; marraine : Claudine Bottu, femme de Louis Dugas, écuyer, seigneur de Bois-Saint-Just, conseiller au présidial de Lyon.
Le 22 septembre 1705, il épouse à Villefranche Marthe Bertin, fille de noble Oudard Bertin (Châlons-sur-Marne 1645-Villefranche 1709), conseiller du roi, élu en l’élection de Villefranche, et de Lucienne Ramponnet (Villefranche 1652-1713) qui lui donne quinze enfants, tous baptisés à Villefranche entre 1707 et 1724. Dont Marie Anne (Villefranche 7 novembre 1710-Lyon 11 avril 1793) épouse de Dominique Dujast (vers 1702-Ambérieu 29 août 1747), seigneur de Saint-Germain d’Ambérieu, des Allymes, Luysandre, Gy, Bon-les-Croix, secrétaire du roi. Ils sont les parents de Marie Gabrielle Dujast, née à Ambérieu le 12 novembre 1738, qui épouse à Ambérieu-en-Bugey François Jussieu de Montluel*.
François Bottu de Saint Fonds est aussi le cousin germain de Laurent Dugas*, fils de Claudine Bottu de la Barmondière (1746-1724). Il serait mort à Lyon le 28 ou le 29 novembre 1739.
Il commence ses études à Villefranche sous la conduite de Zacharie Noyel, chanoine de Notre-Dame-des-Marais. De 1698 à 1705, il poursuit des études de théologie à Paris au séminaire de Saint-Sulpice, protégé par son oncle Claude de la Barmondière, curé de Saint-Sulpice. Il s’y lie avec les abbés Fleury et Terrasson. Après avoir renoncé à l’état ecclésiastique (six de ses tantes Bottu de la Barmondière sont religieuses), il est pourvu en 1707 d’une charge de lieutenant particulier civil et criminel au baillage de Villefranche, puis de subdélégué de l’intendant de Lyon dans le département du Beaujolais. Il est propriétaire d’une bibliothèque de plus 1 500 livres, dont Adamoli dresse le catalogue à sa mort (Catalogus bibliothecæ illustrustrisimi [sic] viri D. Francisci Bottu de Saint Fonds, equitis, 92 p., in-8°, 1739). Une grande partie fut acquise en 1750 par Pierre Goyet, chanoine de la Collégiale de Villefranche. Une trentaine de volumes conservés à la BM de Lyon portent l’ex-libris de François Bottu : « D’azur, au chevron d’or accompagné en pointe d’un lion du même, au chef aussi d’or » ; la devise – « Elle conservera le parfum » – est tirée d’Horace.
Bottu est membre de l’Académie des sciences et belles-lettres dès 1702 : remerciement de réception. « Il se serait, écrit Pernetti, rendu formidable par sa critique à ceux qui lui déplaisaient, si la religion ne l’avait adouci, si bien que personne n’avait jamais eu à se plaindre de lui ». Pernetti et les procès-verbaux signalent une douzaine de communications académiques sur des sujets de littérature et de morale : Traités de morale de Plutarque rédigés en maximes (8 janvier et 9 avril 1714) ; Explication de la fameuse prophétie de Jacob non auferetur sceptrum (7 mars 1717, « une des plus belles qu’on ait lues à l’Académie », selon les Nouvelles littéraires 8, p. 8-10) ; Sur un festin donné par Curaus sous Demetrius Poliorcète rapporté dans Athénée (7 avril 1721) ; Éloge de la paresse (« paresse toute philosophique, faite d’indifférence pour les honneurs et les richesses », « ode très applaudie ») (2 janvier 1725) ; Paraphrase en vers du Pange lingua (8 juillet 1727) ; La morale de Plutarque réduite en maximes (23 décembre 1727) ; Réflexions sur un livre intitulé : Examen philosophique sur la poésie en général [Rémond de Saint-Mard, 1729], (19 juillet 1729) ; Réflexions sur le poème de Milton (4 juillet 1730) ; Dissertation sur la Poétique de M. de la Mesnardière imprimée en 1640 (17 avril 1731) ; Vie et ouvrages de Marcellus Palingenius (6 mai 1732) ; Sur la Rodogune de Gilbert et celle de Corneille (2 juin 1733) ; Sur le silence et le secret (6 mars 1736) ; Apologie de Racine contre l’abbé d’Olivet (21 avril 1739).
Les lettres qu’envoie le président Dugas à son cousin fournissent de précieux renseignements sur la vie de l’Académie entre 1715 et 1739. Voir aussi la longue épître en vers de Saint Fonds contenue dans sa lettre du 9 juin 1715. Il a été membre de l’Académie de Villefranche dès 1697, et son secrétaire perpétuel à partir de 1718 ; il décrit le fonctionnement de cette compagnie dans une lettre du 19 mars 1727.
Bollioud, Ac.Ms271. – Pernetti. – Correspondance littéraire et anecdotique entre Mr de Saint Fonds et le président Dugas, 1711-1739, Lyon : Matthieu Paquet, 1900, 2 vol. (63 + 290 p., et 392 p.), éd. William Poidebard, avec une Notice sur Monsieur de Saint Fonds, p. I-XXI. – Claude Brossette, Trente Lettres inédites à M. de Saint Fonds, éd. Louis de Longevialle, Villefranche : impr. du Réveil du Beaujolais, 1930, 66 p.
Saint Fonds n’a rien publié. Sa traduction en vers d’une épigramme du P. Vanière à la louange de Puget est rapportée dans une lettre de Brossette* à Boileau (30 avril 1709). Seul manuscrit parvenu jusqu’à nous : Sur le secret et le silence, 6 mars 1736 (Ac.Ms134 f°16-19). Plus de 600 pages de sa correspondance avec son cousin le président Dugas entre 1711 et 1739 sont recueillies par lui sous le titre d’Adversaria : ces trois registres étaient alors conservés au collège Notre-Dame-de-Mongré, à Villefranche et la trace en est perdue, mais ils ont été publiés en 1900 par W. Poidebard. Il existe un fonds « Famille Bottu de la Barmondière » aux ADR (56 J 1-375).