Claude Étienne Marie Robert Proton de La Chapelle est né à Lyon 2e le 27 septembre 1894, fils de Louis Marie Julien Proton de La Chapelle (Propières [Rhône] 7 novembre 1855-Saint-Just-d’Avray [Rhône] 3 octobre 1932), directeur de la succursale de la Lyonnaise de dépôts à Vaise, et de Marie Anne Louise Guy (Givors 4 septembre 1861-Saint-Just-d’Avray, 31 mars 1943), mariés à Givors le 12 février 1885. Présents à la déclaration : Jean Mezancieux, négociant, et Étienne Proton de La Chapelle (oncle de l’enfant, 1854-1908), viticulteur à Koléah (Algérie). Son père, né et marié à Givors sous le nom de Proton, avait joint à son nom celui de sa mère Marie Jeanne Victoire de Lachapelle (Lyon 25 août 1826-Propières 8 mars 1861), descendante de négociants et de juristes lyonnais, qui avait épousé le 29 septembre 1847 à Villié-Morgon Claude-Victor Félix Proton (Saint-Just-d’Avray 1808-Vichy 1857), maire de Saint-Just-d’Avray.
Durant sa jeunesse, Robert fréquente l’Institution Notre-Dame des Minimes tout en développant très vite sa passion pour la musique. À 16 ans, il remplace même l’organiste de la cathédrale de Lyon, Édouard Commette*. Engagé en 1917 comme volontaire (158e RI), il revient gazé en 1919, avec la croix de guerre. Le 30 mars 1921, il épouse à Lyon 2e Marie-Louise Constance Deloule (Lyon 2e, 23 septembre 1895-17 mai 1993), fille de Xavier Victor Deloule (Nîmes 1864-Lyon 1913) et d’Élisa Jeanne Bouson de Bourran (Saint-Rambert-en-Bugey [Ain] 1870-Lyon 12 novembre 1948). Il s’associe avec son beau-père dans son entreprise de pompes hydrauliques, Les pompes Deloule, sise rue des Remparts-d’Ainay. De cette union naîtront cinq enfants : deux (Odette et Xavier Louis Marie) qui décèderont en bas-âge, puis Raymond (1927-2014), et deux jumeaux, Élisabeth et Bernard (nés en 1932).
Membre en 1932 du conseil de direction de la Chambre syndicale des industries métallurgiques du Rhône, il en devient le vice-président. Trésorier vers 1950 de la chambre de commerce de Lyon, puis président du Syndicat des pompes de Paris (1956-1960). Fondateur et président en 1960 du Syndicat européen des pompes, Europump. Passionné de musique et de composition, il ne cesse de jouer du piano, de l’orgue, ou de la clarinette. Il écrit ainsi quelques pièces pour ces instruments, mais aussi des opérettes ou des ballets. Sa musique est influencée par Fauré et Ravel.
En mai 1941, maréchaliste convaincu, il est nommé adjoint aux beaux-arts de Lyon par Georges Villiers, désigné maire par Darlan, jusqu’à l’épuration par Vichy en décembre 1942 de dix-huit conseillers municipaux suspectés d’être en contact avec la Résistance. Pendant l’Occupation, il publie des articles culturels dans le Nouvelliste sous le pseudonyme de Robert de Fragny, et plus tard, après l’interdiction faite à ce journal de reparaître, dans l’Écho-Liberté. Comme critique, il s’inspire de trois personnalités : Émile Vuillermoz, critique parisien qu’il considère comme son guide, Manuel Rosenthal, élève de Maurice Ravel, et Marcel Landowski qui a exercé une grande influence sur la vie musicale française.
Engagé auprès de l’Association philarmonique (fusion en décembre 1938 de la Société des Grands Concerts, fondée par Georges Martin-Witowski* en 1905, et de la société musicale Le Trigintuor), il la préside en 1953, à la mort de Jean Witowski qui a succédé à son père en 1943. En 1949, avec Charles Gantillon, Paul Camerlo et Ennemond Trillat*, il avait créé un festival de musique classique dans les arènes gallo-romaines de Fourvière, le Festival de Lyon-Charbonnières, qui deviendra les Nuits de Fourvière.
En 1957, celui que l’on surnommait « neutron de la cathédrale » retrouve son poste d’adjoint aux affaires culturelles avec le maire Louis Pradel, et il est renouvelé jusqu’en 1977. Très actif et bon organisateur, il participe à la création le 22 décembre 1968 de l’Orchestre philarmonique Rhône-Alpes (nouvelle appellation de l’Orchestre de la Société philarmonique de Lyon, qui avait intégré en 1965 les musiciens de l’Orchestre de la Radio lyonnaise supprimé par l’ORTF), devenu plus tard en 1972 Orchestre national de Lyon. Il développe le Conservatoire national de musique et de danse de Lyon (dont le premier directeur est Pierre Cochereau, organiste de Notre-Dame de Paris), fait construire la bibliothèque de la Part-Dieu, le théâtre du 8e arrondissement, et l’Auditorium Maurice-Ravel, où s’installe l’orchestre et où il a fait installer un grand orgue. Après le suicide de Charles Gantillon, il remplace l’ancien système de concession du théâtre des Célestins par une régie municipale, et nomme Jean Meyer* directeur. Il impose la même organisation à l’Opéra de Lyon, où il fait succéder Louis Erlo à son oncle Paul Camerlo. Le noviciat des jésuites à Fourvière ayant été fermé, il y installe le Conservatoire de Région alors dirigé par Michel Lombard*, aujourd’hui appelé Conservatoire à rayonnement régional. Quelques mois avant sa mort, il écrit à la hâte dans un petit livre intitulé 50 de vie musicale à Lyon : « J’aime ma ville. Je l’aime parce que les chemins d’eau de ses deux fleuves entre lesquels j’aurai passé toute ma vie me semblent des chemins de lumière drainant dans leur sillage leur ration de grandeur et de beauté ». Il fonde la revue littéraire Résonances, organe de la connaissance des Arts et des Lettres à Lyon, dont le rédacteur en chef sera Régis Neyret*. Il est l’auteur de trois romans, et de deux vies d’artiste : Maurice Ravel et Ninon Vallin.
Président du Rotary Club de Lyon, et gouverneur de district, il est le fondateur de la revue de langue française Le Rotarien.
Officier de la Légion d’honneur, commandeur dans l’ordre national du Mérite, commandeur des Arts et Lettres.
Il est mort le 30 septembre 1982 à Lyon 2e, et a été inhumé à Saint-Just-d’Avray.
Il donne à l’Académie le 28 février 1956 une conférence intitulée : L’âge de la machine sera-t-il l’âge d’or de la musique ? Un premier rapport de Jean Tricou* sur sa candidature est lu le 30 novembre 1954, mais l’élection prévue le 7 décembre est reportée. Tricou lit un second rapport le 26 avril 1955. Proton de La Chapelle est élu titulaire le 7 juin, au fauteuil 2, section 4 Lettres. Communications : 10 novembre 1964, Un rénovateur du théâtre : Gaston Baty (MEM 1971, R) ; 7 janvier 1969, À Tahiti sur les traces de Gauguin (MEM 1971, R) ; 19 janvier 1971, L’Arménie soviétique (MEM 1975, R) ; 20 février 1973, La vie culturelle en Israël (MEM 1975, R) ; 4 juin 1974, Physionomie de l’homme rhodanien (MEM 1977, R) ; 4 juin 1974, Physionomie de l’homme rhodanien (MEM 1977) ; 1979, Éloge nécrologique d’Albert Husson* (1912-1978) (MEM 1980) ; 1980, Éloge funèbre d’Ennemond Trillat* (MEM 1981). Président en 1974, il est membre émérite en 1980. Son éloge funèbre a été prononcé par Michel Lombard*.
Une salle de l’auditorium de Lyon porte son nom.
« Robert Proton de La Chapelle, un Lyonnais exemplaire », Bull. municipal, n° 5587, 23 mai 2005, p. 1-2 ; n° 5589, 6 juin 2005, p. 1-2. – Pauline Alessandra, Robert Proton de la Chapelle (1894-1982), biographie d’un Lyonnais entre traditions et modernités, Lyon : École Normale Supérieure de Lyon, mémoire de Master en Histoire contemporaine, 2014.
[Souvent sous le pseudonyme de Robert de Fragny].
Œuvres musicales. Le premier Bouquet, valse-boston pour piano. Musique de Robert Proton de la Chapelle, Lyon : Dulieux, [1913]. – Trois Pièces pour piano, Paris : Ch. Hayet, [1919]. – Tes yeux, tango, extrait de l’opérette Six cylindres et un cœur, paroles de Georges Champeaux, musique Robert de Fragny, pour orchestre, avec piano conducteur [créé à Lyon au Casino Kursaal le 1er janvier 1929], Lyon : éd. Marc Muva, 1931. – Messe en la, pour chœur à quatre voix mixtes, avec accompagnement d’orgue, Paris : Ch. Hayet, 1932. – En Alsace reconquise. 1. Un dimanche au village. II. Souvenirs tristes. III. Idylle..., [pour piano], Paris : C. Hayet, [1929]. – Messe en la, pour chœur à quatre voix mixtes, avec accompagnement d’orgue, Paris : Ch. Hayet, 1932. – Ave Maria, pour baryton ou mezzo et orgue, Paris : Ch. Hayet, 1932. – Trotting-girls, fox-trot, pour orchestre, avec piano conducteur, Paris ; Lyon : éd. Marc Muva, 1932. – Rien n’est si doux..., valse-boston, extrait de l’opérette « Six cylindres et un cœur », paroles de Georges Champeaux, pour orchestre, avec piano conducteur, Lyon : éd. Marc Muva, 1933. – Trois Pièces pour piano, Paris : Ch. Hayet, [1919]. – Musique de Monsieur de Pourceaugnac, [joué aux Célestins en décembre 1940]. – Jacky et Mado, Conte musical moderne en huit chansons pour enfants, poésies de M. Revellin Ott, C. Mehnert, J. Lefaurichon, musique de R. de Fragny, illustrations d’A. Favier et Emmanuel Cocard, chant et piano, Lyon : éd. Marc Muva, [s.d.]. – Perrette et le Pot au lait, petite fable musicale, d’après La Fontaine, pour piano, Paris : Ch. Hayet, [s.d.]. – Musique de scène en collab. avec Ennemond Trillat, Jeanne d’Arc de Péguy, [joué en juin et juillet 1952 sur le parvis de la primatiale Saint-Jean, dans le cadre du festival Lyon-Charbonnières]. – Musique de La Conquête de l’eau, court métrage de Jean Mousselle, Armor films, 1953. – Pourpre impériale, [opéra joué à Fourvière le 7 juillet 1965], livret d’Amable Audin*, adapt. théâtrale d’H. V. Vallier, mise en scène de Louis Erlo, Gaston Benhaim, décors de Jacques Rapp, musique par Robert de Fragny, orchestre dirigé par Edmond Carrière, dir. générale artistique de Paul Camerlo. – Musique, en collab. avec Ennemond Trillat, de Jedermann, le jeu de la Mort de l’homme riche, [joué en 1966 sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean pour le 21e Festival de Lyon. – Musique de Lorenzaccio, [joué le 15 juin 1971 au théâtre Romain de Fourvière pour le 26e Festival de Lyon]. – Chorégraphie de Géo Stone, Robert de Fragny (musique), Jean Aster (mise en scène), René Goliard (chorégraphie), Albert Husson (livret et chansons), Jacques Rapp (costumes et décors), Cavacade, comédie chantée et dansée, Lyon : Théâtre municipal de l’Opéra, 1975.
Œuvres littéraires. Sur le chemin de Salzbourg, éd. Maison des écrivains, 1939. – Ruisseau de feu, Lyon : éd. CBC, 1948, 221 p. – Avec Mathieu Varille*, Albert Gravier et Edmond Locard*, Hommage à Ennemond Trillat [pour son jubilé], Lyon : Audin, 1951, 47 p. – Maurice Ravel, Lyon : impr. du Sud-Est, [1960], 99 p., ill. de Jacques Ravel. –Ninon Vallin, princesse du chant, Lyon : impr. du Sud-Est, 1963, 197 p. – Appassionata, [la vie secrète d’un célèbre chef d’orchestre], Paris : Presses du Palais-Royal, [1976], 272 p. – Cinquante ans de vie culturelle àLyon 1924-1977, Lyon : SME Résonances, 1982, 183 p.