Pierre-Louis Edmond Mounier est né le 6 septembre 1901 à Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées, auj. Pyrénées-Atlantiques depuis 1969), fils de Pierre Jean Auguste Mounier (Nîmes 27 avril 1867-tué à Foucaucourt [Somme] 24 septembre 1914) – Saint-Cyrien et capitaine d’active – et de Louise Émilie Kuhn (Fort-National [Algérie] 9 mars 1877-Lyon 2 septembre 1959), mariés le 7 novembre 1900. Après le décès en 1915 de son oncle Maurice-Edmond Kuhn, polytechnicien, mort pour la France et resté sans descendance, il adjoint le nom de Kuhn au patronyme Mounier pour relever le nom. Dans la leçon inaugurale qu’il prononcera en 1955 lors de son installation dans la chaire de laryngologie à la faculté de médecine de Strasbourg, il évoquera sa famille : « Par mon père, Pierre Mounier, officier de carrière, je suis issu d’une lignée de pasteurs qui vécurent en Hollande après l’exode qui suivit le siège de La Rochelle. Mon grand-père fut le premier qui revint en France et il termina sa carrière pastorale dans le Midi. C’était un homme fin, aussi exquis qu’érudit, puisqu’il lisait l’hébreu, l’arabe et le sanscrit. Il m’avait conté les plus belles pages de l’Ancien et du Nouveau Testament avant même que je pusse lire. Par ma mère, je suis de pure souche strasbourgeoise. Ma grand-mère, alors âgée de quinze ans, avait vécu les terribles journées du siège de 1870, dans les caves de la maison familiale. Aussi ne serez-vous pas surpris que dans cette ambiance alsacienne, j’ai appris à lire dans les livres de Hansi, et que plus tard je dévorai ceux d’Erckmann-Chatrian. »
Son père ayant été affecté à Sathonay au 22e RI avant les hostilités de 1914, Pierre-Louis Mounier fait ses études secondaires à Lyon, au lycée Ampère. Il s’inscrit en 1918 au PCN (Physique, Chimie, Sciences naturelles). Externe des Hôpitaux de Lyon en 1920, interne en 1923, il soutient sa thèse de doctorat en médecine en 1926, sur un sujet inspiré par Victor Cordier : Asthme et glandes endocrines, la thyroïde en particulier. Sa vocation est d’emblée l’otorhinolaryngologie, même s’il ajoute à cette spécialité l’ophtalmologie, qu’il pratique en reprenant en 1926 le cabinet privé de son tuteur le Dr. Etiévant, place Bellecour.
Élève des maîtres de l’ORL lyonnaise, Jean Baptiste Garel, Frédéric Collet et surtout Maurice Lannois*, premier titulaire d’une chaire de clinique otorhinolaryngologique à Lyon, Pierre-Louis Mounier-Kuhn s’oriente en particulier vers l’endoscopie bronchique. Chef de clinique en 1931, il est nommé à l’agrégation d’ORL en 1939, avec le titre d’assistant des hôpitaux obtenu en 1938. Il assure alors un cours de broncho-œsophagologie à Lyon et, à Paris, participe à un cours international d’endoscopie avec celui que l’on considère comme le père de l’endoscopie, le laryngologiste américain Chevalier Jackson (1865-1958). Il y noue une longue amitié et une collaboration avec André Soulas, introducteur en France de la méthode Chevalier Jackson, avec qui il publie, en 1949, un manuel de bronchologie. En 1942, il est nommé professeur à la faculté de médecine d’Alger, mais le débarquement allié ne lui permet pas de prendre son poste. Le 1er mars 1955, il est nommé professeur de clinique ORL à la faculté de médecine de Strasbourg. Un an plus tard, le titulaire lyonnais de la chaire, René Mayoux (1897-1956) étant décédé, il obtient sa mutation comme professeur à Lyon et prend la tête du pavillon U à l’hôpital Édouard-Herriot, qu’il dirigera jusqu’à sa retraite en 1968, donnant un essor considérable à l’audiophonologie avec son élève Jean-Claude Lafon (devenu par la suite professeur à la faculté de médecine de Besançon). Fondateur de l’école d’orthophonie et de l’institut d’audiophonologie, Pierre-Louis Mounier-Kuhn développe la prise en charge des surdités de l’enfant et des surdités professionnelles, ainsi que l’assistance aux laryngectomisés. Membre du comité de rédaction du Lyon médical depuis 1957, il préside en 1958 la société française d’ORL. Rapporteur dans de nombreux congrès internationaux, il développe un réseau international de relations professionnelles et amicales, appuyé sur la communauté scientifique dans sa spécialité ainsi que sur le Rotary Club et organise à Lyon, en 1962, la session mondiale du Collegium ORL. À la même époque il exerce pendant quelques années comme ORL du shah d’Iran et enseigne à Téhéran. Membre du conseil municipal de Lyon de 1959 à 1971, il anime le Comité lyonnais contre le bruit. Il est de 1965 à 1974 administrateur des Hospices civils de Lyon. Après avoir quitté les hôpitaux en 1972, il continuera une activité de consultation médicale jusqu’à l’âge de 80 ans.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1951, il est promu officier en 1962. Il est aussi officier des Palmes académiques (1962), commandeur de l’ordre du Mérite (1969) et commandeur de l’ordre du Mérite italien.
Pierre-Louis Mounier-Kuhn est décédé à Lyon le 18 janvier 1998.
Le 8 avril 1926, il avait épousé Georgette Dunais (1905-1987), assistante à la SACEM, puis journaliste. Deux fils jumeaux sont issus de ce mariage ; Pierre a d’abord été officier de marine et capitaine au long cours, puis s’est reconverti dans l’industrie comme ingénieur en organisation, cadre dirigeant et chef d’entreprise ; Alain, ancien interne des hôpitaux de Lyon et agrégé de chirurgie, a exercé et enseigné à Lyon, puis dirigé le service de chirurgie orthopédique des adultes de l’Institut Calot de Berck (Pas-de-Calais) ; à sa retraite, il a participé à des opérations humanitaires et s’est consacré à l’histoire, soutenant une thèse en 2003 sur Les Services de santé et les médecins militaires français pendant la conquête du Tonkin et de l’Annam (1883-1896). Il a aussi publié Chirurgie de guerre, le cas du Moyen Âge (Economica, 2005), et Les Médecins militaires au 19e siècle (Glyphe, 2014).
Après son divorce, Pierre-Louis Mounier-Kuhn avait épousé Josette Sandoz dont il a eu un fils, Bernard, devenu cadre commercial dans l’industrie informatique.
Sur le rapport du doyen Hermann*, il est élu le 7 mai 1968 au fauteuil 5, section 3 Sciences, laissé vacant par le décès du professeur Patel*. Son discours de réception, lu à la séance publique du 26 novembre 1968, a pour titre : Décibels et santé de l’homme. Président de l’académie en 1977, il fait de nombreuses communications: 15 février 1969, La Tunisie (MEM 27, 1971) ; 30 mars 1971, Le message humain (MEM 28, 1975) ; 21 mars 1972, Marshall McLuhan, prophète ou farceur (MEM 29, 1975) ; 10 avril 1973, L’Italie et la médecine à la Renaissance (Ibidem) ; 29 avril 1975, La maladie et le monde aujourd’hui (MEM 30, 1977) ; 6 novembre 1976, Défense et illustration de la mémoire (MEM 31, 1977) ; 1977, Allocution de présidence (MEM 32, 1978) ; 1er février 1977 : Éloge funèbre de Jean Tricou* (Ibidem) ; 3 mai 1977, Le centenaire de la faculté de médecine et de pharmacie de Lyon (Ibidem) ; 18 octobre 1977 : Éloge funèbre de Louis Jung* (Ibidem) ; 18 octobre 1977 : Éloge funèbre de Marcel Chamaraud* (Ibidem) ; 1978 : Allocution prononcée en quittant la présidence de l’Académie, (MEM 33, 1979) ; 1979, Éloge funèbre du professeur Henri Thiers (MEM 34, 1980) ; 30 mars 1982, Éloge funèbre de René Hugonnier* (MEM 37, 1983) ; 26 octobre 1982, Avec Cier* et Boissel : Placebo et médicament (MEM 37, 1983) ; 25 mars 1986, Crise en médecine (MEM 41, 1987) ; 1987, Éloge funèbre de Pierre Croizat* (MEM 42, 1988) ; 1989, Éloge funèbre de Pierre-Raphael Lépine (MEM 44, 1990). Son ancien élève Alain Morgon, membre correspondant, a prononcé son éloge funèbre (MEM 53, 1999, photo).
David 2000. – Bouchet. – Jean Gaillard, In memoriam Pierre Mounier-Kuhn, JFORL 1998, t. 47, n° 1. – Alain Mounier-Kuhn, « Mon père », Bull. d’audiophonologie, 1998. – Jean François Cier*, « Hommage au professeur Pierre Mounier-Kuhn », Bull. d’audiophonologie, 1998. – Cérémonie jubilaire de Monsieur Pierre Mounier-Kuhn, samedi 9 décembre 1972, JFORL, 1973, t. 22, n° 9).
Médaille jubilaire par Paul Penin, médailleur, frappée à l’occasion de la journée jubilaire du 9 décembre 1972.
Pierre-Louis Mounier-Kuhn est l’auteur de plus de 850 publications. On citera : Asthme et glandes endocrines, la thyroïde en particulier : essai physiopathologique, clinique et thérapeutique, thèse Lyon, 1926, 288 p. – Titres et travaux scientifiques du Dr Pierre Mounier-Kuhn, Lyon : Bosc, et Paris : Masson, 1939, 191 p. – Avec André Soulas, Bronchologie, technique endoscopique et pathologie trachéo-bronchique, Paris : Masson, 1949, XX + 653 p. ; 16 éditions. – Avec Aliette Mounier-Kuhn, Les bronchopathies post-opératoires et leur traitement, Paris : Masson, 1955, 170 p. – Au service de la personne, médecine et monde nouveau, Paris : Nlles éd. latines [1959], 221 p. – Avec J.-C. Lafon et Georges Straka, « Message et phonétique : introduction à l’étude acoustique et physiologique du phonème », Cahier d’audiophonologie n° 2, 1961, 167 p. – La parole et l’enfant sourd, Lyon : Simep éd., 1967, 95 p. – La bouche de l’œsophage, anatomie, physiologie, pathologie, Paris : Arnette, 1971, 311 p. – Avec Éric Guerrier, Histoire des maladies de l’oreille, du nez et de la gorge : les grandes étapes de l’oto-rhino-laryngologie, Paris : Dacosta, 1980, 492 p., 12 feuillets de pl. – Avec G. Despierres, Médecins et hôpitaux de Lyon pendant la Révolution, Lyon : éd. d’art et d’histoire, 1986, 143 p.