Nicolas Sicard né le 9 janvier 1846, 94 quai de l’Hôpital (act. quai Jules-Courmont), est déclaré le lendemain. Sont témoins : Nicolas Sicard, son grand-père, employé de mairie, demeurant 22 rue Belle-Cordière, et Louis Goux (époux de Catherine Sicard, tante du nouveau-né), rentier, 18 chaussée Perrache. La lignée des Sicard est constituée de fabricants de bas de soie installés dans la paroisse Saint-Nizier depuis le début du xviiie siècle : Jean (1695-1747), Philibert Claude (1742-1802), Nicolas (1758-1853). Celui-ci est encore fabricant de bas de soie lors du mariage en 1831 de son fils Apolitain Louis (Lyon 26 avril 1806-3 mai 1881). Mais les bas de soie étant passés de mode, Nicolas a dû ensuite se reconvertir en inspecteur des convois funéraires. Apolitain, connu sous le nom d’Apollinaire Sicard (c’est le prénom qui figure par erreur sur son acte de décès), est un peintre de fleurs reconnu, qui a été l’élève de Berjon, Revoil et Thierriat à l’école des beaux-arts de Lyon. Il se dit « dessinateur » lors de son mariage le 14 avril 1831 avec Madeleine Charmillon (Lyon 15 décembre 1814-17 juin 1888), fille d’un menuisier. Nicolas est l’avant-dernier de leurs sept enfants (trois filles suivies de trois garçons puis d’une fille). Au moment de la naissance de Nicolas, Apolitain Sicard se déclare « antiquaire » ; à la naissance de sa fille Claudine (29 septembre 1848), il est « marchand de tableaux ». Il s’est fait une belle réputation comme pastelliste, notamment pour quatre médaillons représentant les saisons, dont deux ont été achetés par le musée des Beaux-arts de Lyon. Avec un tel père, la voie de Nicolas est toute tracée ; celui-ci lui rend hommage en organisant après son décès une rétrospective dans son atelier du n° 120 de la rue Saint-Georges et en publiant un très beau portrait dessiné par lui-même (notice nécrologique dans Le Monde lyonnais, 1881).
Nicolas Sicard, d’abord formé par son père, entre à l’école des beaux-arts où il apprend la gravure en taille douce avec Victor Vibert (Paris 1799-Lyon 1860), puis la gravure au burin avec Jean-Baptiste Danguin (Frontenas [Rhône] 1823-Paris 1894). Il se forme à la peinture murale en aidant Antony Sublet (Lyon 1821-Paris 1897) pour des décors religieux (cathédrale de Belley, chapelle des Chartreux, chapelle de l’Hôtel-Dieu). Sa mobilisation dans l’armée en 1870 est pour lui l’occasion de peindre des scènes militaires. Le 10 octobre 1894, il succède à l’architecte Amédée Hadin à la tête de l’école des beaux-arts, et reste directeur jusqu’en 1918. Il est membre de la société des Artistes français en 1883, après avoir reçu une mention honorable en 1881 ; il y obtient une médaille de bronze en 1889. Il se marie le 23 septembre 1882 avec Caroline Antoinette Garbit (Lyon 25 avril 1862-Tassin la Demi-Lune 30 mars 1953), fille d’Antoine Marie Aimé Garbit, négociant (bijoutier), 13, place d’Albon. Sur l’acte de mariage, sont précisés « les véritables prénoms de feu le père du comparant Apolitain Louis au lieu de Appollinaire Louis inscrits par erreur ». Les témoins sont un marchand de soie, un docteur en médecine, un architecte (Pierre Rivière) et un commis greffier de la justice de paix. De ce mariage naissent sept enfants, dont Nicolas fait de beaux portraits, dans le style de Renoir : Maurice (1883, 67 rue Saint-Georges- Lyon 1er, 1957), directeur commercial ; Juliette (13 janvier 1885, 22 quai Fulchiron-Lyon 1er, 1969) ; Marie-Louise (25 décembre 1885, 22 quai Fulchiron-Lyon, 1er, 1982) ; Louis (10 septembre 1887, 22 quai Fulchiron-Sainte-Foy-lès-Lyon, 1964) ; Aimée (19 janvier 1889, 4 cours du Midi [cours de Verdun]-Tassin-la-Demi-Lune, 1984) ; Denis (19 juin 1891, 4 cours du Midi Lyon 8e , 1972) ; Athanase (1897-1990). Après de nombreux déménagements, la famille habite cours Morand (n° 32 en 1903, n° 40 en 1896), avant de s’installer à Tassin-la-Demi-Lune. Nicolas Sicard est honoré de la Légion d’honneur le 16 août 1900, et la décoration lui est remise le 17 octobre suivant par Thomas-Joseph Armand-Calliat* (LH/2506/59).
Peintre de genre à la mode, tenté aussi par l’orientalisme à la manière de Delacroix, il expose à Lyon et à Paris à partir de 1869 ; il est membre fondateur (1881) et président de la société lyonnaise des beaux-arts. Il décède le 1er janvier 1920 chemin de l’Étoile d’Alaï (Tassin-la-Demi-Lune), et il est inhumé le 4 au cimetière de Loyasse, après une cérémonie à l’église du Point-du-jour. Son nom a été attribué à l’ancien chemin de Terre-Neuve (Lyon 5e), le 17 juin 1935.
Le 3 août 1875, en concurrence avec Sarrasin et Mitiffiot de Bel Air, Nicolas Sicard obtient le prix Dupasquier, dont le rapporteur est Jean-Marie Reignier* pour son tableau Dans la tranchée, une victime du froid. Le prix lui est remis par le président Paul Sauzet* (MEM 1876). Il est élu à l’académie le 7 décembre 1886 au 3e tour, au fauteuil 2, section 4 Lettres et arts. En 1888, Bénédict Teissier* signale qu’il a reçu une médaille pour son tableau Un duel (MEM 1889) ; en 1891, 1899, 1905 et 1910, il est membre de la commission du prix Dupasquier. Charles Jacquier* prononce son éloge funèbre (Ac Rapports 1919-1923, 1924).
Bernard Gouttenoire, Dict. des peintres & sculpteurs à Lyon aux xixe et xxe siècles, Lyon : La Taillanderie, 2000.
La tombe familiale de Loyasse est ornée d’un portrait en médaillon posé sur le sol, dont l’original en plâtre est signé et daté Pierre Aubert, 1886 (Hours, 24). – Son portrait en buste a été peint par Jacques Florent Berruet et se trouve au lycée de La Martinière.
Ses œuvres conservées majoritairement dans des collections privées sont fréquemment proposées en salles des ventes. Le musée de la guerre de 70 à Gravelotte (Moselle) expose Épisode de la campagne de 1870-71 (1873). Le musée des Beaux-arts de Lyon possède L’Entrée du pont de la Guillotière par temps de pluie (1879), visiblement inspiré par le tableau de Caillebotte Rue de Paris par temps de pluie, peint en 1877. En 1883 Émile Guimet* lui commande un tableau, La fanfare de Fleurieu-sur-Saône à la procession de la Fête-Dieu (1885), réalisé à partir de photographies des habitants du village, dirigés par Émile Guimet en personne. Ce tableau a été déposé par la famille en 1921 dans l’église paroissiale de Fleurieu. En 1892, Sicard est chargé par le département du Rhône d’orner la salle à manger de l’Hôtel du département d’une grande peinture représentant Diane accompagnée de deux nymphes.