Né à Lyon, rue du Bât-d’Argent, le 10 mars 1746, baptisé le 12, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, fils aîné de Guillaume Tabard (Saint-Romain-de-Popey 1714-Saint-Pierre Saint-Saturnin 1788), maître-boulanger, et de Jeanne Pitiot (Vourles vers 1718-Saint-Pierre et Saint-Saturnin 1786). Parrain François Tabard, son oncle (1706-1786, maître-tanneur) ; marraine Catherine Beniere, grand’mère maternelle.
D’une « famille honnête, nombreuse et peu fortunée », François est éduqué au collège de la Trinité. Très jeune, il est (comme l’abbé Roux*) professeur au collège Notre-Dame, dit le Petit Collège, jusqu’à la fermeture de l’établissement en 1793, puis professeur de mathématiques à l’École centrale (1796-1802), professeur d’humanités au lycée de Lyon, professeur adjoint et secrétaire de l’éphémère faculté des Lettres. Il consacre ses loisirs à l’histoire naturelle et aux antiquités : « pierres, plantes, débris, tout l’intéressait » (Mollet).
En 1790, il est chargé des bibliothèques des couvents de Lyon, notamment celle des Augustins. Il est bibliothécaire de l’École centrale (à qui la garde de la grande bibliothèque a été remise) puis conservateur de la bibliothèque de la ville de Lyon, à son ouverture, en 1795. « Il entreprit de restaurer la bibliothèque qui lui avait été confiée ; il y fit apporter tous les livres qui avaient été déposés au monastère des Dames de Saint-Pierre ; il en tira les meilleurs ouvrages pour remplacer ceux qui avaient été détruits ou enlevés ; il plaça dans la salle Villeroy tous les livres qui appartenaient à l’académie, afin de ne pas les confondre avec ceux de la ville, et il fit mettre le portrait de M. Adamoli au fond de cette salle » (Péricaud). En mars 1803 il est remplacé par Delandine*, « ce fut pour lui le chagrin le plus cuisant qu’il eût éprouvé de sa vie ».
Il meurt le 4 mars 1821, à son domicile du 26, rue Tramassac. Il est dit ancien bibliothécaire et professeur de Belles-Lettres. Est porté en marge de l’acte de décès : « Par jugement du tribunal civil de Lyon du 14 avril 1821, transcrit dans les registres de décès de la même année n° 1758 bis, il a été prononcé que l’acte ci-contre est rectifié ainsi qui suit : Les mots professeur de Belles-Lettres, seront remplacés par ceux-ci : Ex-Professeur de la faculté des Lettres de Lyon ».
L’abbé Tabard est reçu à l’Académie de Lyon le 3 juin 1788, en remplacement de Charles Admiral*. Il est membre de l’Athénée de Lyon, lors de son établissement en messidor an VIII, dans la classe des belles-lettres. Il en est le président en 1810. Son éloge est prononcé par Joseph Mollet en 1821 (Ac.Ms140-II f°216).
Dès le 30 mai 1778, il rejoint la Société littéraire fondée le 9 mai par Riboud*, Delandine*, Béraud*, Gerson et Geoffroy, où il fait de nombreuses lectures, jusqu’à son entrée à l’Académie. En avril 1786, avec Villers*, Gilibert* et Delandine, il participe au projet d’établir à Lyon un « Lycée ou Sallon des arts », dans la grande salle du concert, place des Cordeliers, en se proposant « d’employer le peu de loisir que ses occupations lui laissent à donner des cours d’histoire et de géographie ». Il fut aussi membre de la Société d’agriculture de Lyon à l’époque même de sa formation, et associé de la société d’émulation de Bourg-en-Bresse, fondée en 1779 par Béraud (juin 1788).
Péricaud, « Notice sur la bibliothèque de la ville de Lyon », AHSR VI, 1827, p. 422-423. – Dumas. – Léon Charvet, Le Centenaire, Société littéraire de Lyon, 1778-1878, 1880.
Outre une Note sur la découverte de plusieurs pierres antiques à Lyon, 1817 (Ac.Ms139 f°97), les traces de l’activité académique de l’abbé Tabard consistent en une vingtaine de rapports principalement rédigés entre 1800 et 1812, qui témoignent d’un intérêt pour la physique : Sur quatre mémoires d’astronomie de M. Flaugergues présentés le 15 mars 1791, Ac.Ms201 f°35. – Sur la grammaire théorique et pratique du citoyen Boinvilliers, 3 floréal an IX, Ac.Ms153 f°2. – Sur le mémoire du citoyen Antoine qui propose de substituer au mètre une nouvelle toise, 13 pluviôse an IX, Ac.Ms188 f°22. – Sur deux mémoires du citoyen Lapierre, professeur d’histoire naturelle du département de la Loire, an X, Ac.Ms219 f°22. – Sur la doctrine du citoyen Quatremère-Disjonval sur l’origine et le caractère des langues, 3 nivôse an X, Ac.Ms153 f°4. – Sur l’annuaire de Bourg, an XI, Ac.Ms123bis f°234. –Sur le concours de l’an XI « Atterrissements du Rhône », avec Loyer*, Mollet, Jambon*, Cochet* et Ampère*, Ac.Ms242 f°12. – Sur les machines monétaires proposées par M. Mathieu, 5 frimaire an XI, Ac.Ms159 f°115. – Sur la découverte de M. Gensoul pour appliquer la vapeur de l’eau bouillante à la manipulation du tirage des cocons, an XII, Ac.Ms159 f°185. – Sur le mémoire de M. Eynard* « De l’électrophore », 14 messidor an XII, Ac.Ms230 f°120. Sur la question de l’incendie des mines de Rive de Gier, 1805, Ac.Ms230 f°155. – Sur le concours de 1807 « Déterminer par l’expérience les rapports de l’évaporation spontanée de l’eau avec l’état de l’air comme par le baromètre, le thermomètre et l’hygromètre », avec Mollet, Eynard, Petit* et Clerc*, Ac.Ms242 f°77. – Sur l’Académie de Nancy en 1810, jan. 1812, Ac.Ms123 f°81. – Sur les Lettres à Sophie de M. Aimé Martin*, 1811, Ac.Ms123 f°69. – Sur le concours de 1812 « Congélation de l’eau », avec Mollet et Eynard, 23 août 1812, Ac.Ms242 f°240.
Non datés : Sur un camée allégorique relatif à l’histoire d’Angleterre, Ac.Ms159 f°206. – Sur un ouvrage de M. Liebaut « Plan d’éducation en faveur des enfants de Lyon », avec Mathon*, Ac.Ms307 f°31. – Document relatif à l’Histoire de l’Académie de Dumas*, 6 juillet, Ac.Ms270 f°42.
Datés, mais non conservés : Rapports sur le prix des mathématiques sur l’aplatissement de la terre, séance publique 7 décembre 1790. – Sur la pyramide de la place des Jacobins qui vient d’être abattue (1793). – Sur la roue à godets inventée par Philippe Meunier. Au maire de Lyon sur le pavé qui convient le mieux à cette ville (1807).
Delandine et Petit, dans leurs comptes rendus des travaux de l’Académie en 1804 et 1805, citent trois autres rapports : Sur un ouvrage de M. Lacoste de Plaisance sur les volcans d’Auvergne. – Sur le frappé des médailles et des jetons de l’Académie. – Sur une dissertation de M. Claude Giraud concernant le lieu où la croix miraculeuse est apparue à Constantin.
« Il n’a laissé après lui aucun ouvrage parce qu’entraîné continuellement par de nouveaux objets d’étude, il manquait de la patience nécessaire pour coordonner et perfectionner ses premiers travaux ». Néanmoins : Département du Rhône. École centrale. Discours du citoyen Tabard, bibliothécaire, à la séance d’ouverture, le 3e jour complémentaire an IV (19 septembre 1796), 12 p. – Procès-verbaux des séances publiques de l’École centrale pour la distribution des prix de 1798, 1799, 1800 et 1801.