Paul Feuga est né à Lyon le 29 juin 1929, troisième des cinq enfants (Anne, Raymond, Paul, Monique, Hélène) d’Henri Feuga (Francheville 1890-Lyon 5e 1969), ingénieur ECP, administrateur de sociétés, président de chambre au Tribunal de commerce, descendant de trois générations d’architectes, et de Joséphine Hippolyte Renée Dumont (Lyon 2e 1899-Francheville 1988). Neveu de Pierre Garraud* qui avait épousé Marguerite Feuga.
Élève de la Tour-Pitrat, puis des jésuites à Lyon et Avignon, baccalauréat en 1946. Classes préparatoires scientifiques, puis École centrale de Lyon d’où il sort ingénieur en 1951. Il épouse Aliette Gindre en 1953 ; il en aura quatre fils et deux filles, et plus de vingt petits-enfants.
Paul Feuga est administrateur-directeur des Ateliers Lyonnais d’Emboutissage (1952-1987), président de la section de Lyon puis de la région Rhône-Alpes du Centre des jeunes patrons (1958-1968), il a des postes de responsabilité à la Chambre syndicale des industries métallurgiques du Rhône et au Syndicat national du découpage et de l’emboutissage (1969-1989) ; il est élu ou délégué (1975-1995) au conseil d’administration et au comité des sages de la Fédération des industries métallurgiques et transformatrices des métaux. Administrateur d’associations interentreprises de service social et de médecine du travail, il intervient dans des centres d’étude et de formation industrielle ou commerciale à Ecully, à Lyon, à Grenoble. Il participe activement pendant trente ans à la gestion de l’enseignement technique catholique lyonnais : l’ÉCAM (arts et métiers), l’École de La Salle, les Lazaristes, les facultés catholiques et l’Institut polytechnique de Lyon.
Parallèlement, son engagement politique au sein des Républicains indépendants de 1968 à 1976 [le 25 janvier 1971 une bombe explose à la porte de son appartement rue Tronchet], puis au Parti républicain jusqu’en 1981, le conduit à la présidence des fédérations départementale et régionale, et à la Section de l’industrie et du commerce du Conseil économique et social. Il est élu pour trois mandats successifs, de 1971 à 1989, à la municipalité de Lyon et à la communauté urbaine, adjoint au maire, il participe à de nombreuses commissions, finances, urbanisme, à divers organismes dans les 6e et 7e arrondissements, et il est délégué départemental de l’éducation nationale.
En 1964, Paul Feuga fait l’acquisition de la maison forte du Grand Mécoras à Ruffieux, en Savoie, possédée autrefois par ses ancêtres Girod-Monfalcon, et entreprend sa restauration ; elle sera inscrite partiellement en 1979 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, et obtiendra en 1991 un prix de l’Association des vieilles maisons françaises. Pour reconstituer le passé et l’évolution des constructions, retrouver et connaître les propriétaires et occupants successifs, il consulte et fréquente les archives. C’est mettre un doigt dans l’engrenage de la recherche : l’amateur d’histoire va devenir un érudit passionné, éclairé et compétent.
Le bonheur de Paul Feuga est de dénicher des archives non inventoriées, inexploitées, prometteuses. Telle est la découverte « dans la soupente d’une maison amie » de la succession de Madame de la Barmondière, qui va longuement l’occuper. Il s’attaque courageusement et mène à bien la transcription des 3 126 pages des chroniques de l’abbé Duret (1762-1792) et son indexation de 25 000 entrées. Il s’adonne avec passion à l’histoire lyonnaise, il en collectionne les documents, enrichit ses archives familiales de nombreux achats. Les archives municipales, les archives départementales, la Société académique d’architecture de Lyon ont bénéficié d’importants fonds Paul Feuga. Il devient au fil des ans un connaisseur distingué des événements et des personnages des xviiie et xixe siècles, en particulier de la Révolution.
Paul Feuga a alors toute sa place dans les sociétés qui s’intéressent à l’histoire. Adhérent à Lyon 93, Association des familles des victimes lyonnaises de la Révolution, dès sa création en 1982, il la préside en 1989, et participe à la Commission du monument expiatoire des Brotteaux, rue de Créqui. Il est accueilli en 1985 à l’Académie de Villefranche et du Beaujolais où il fait un compte rendu annuel des Journées de l’USHR à partir de 1997. Il est élu en 1988 à la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon, il en est le secrétaire général en 1992, le président de 1998 à 2001. Il inaugure le 10 avril 1996, dans la basilique d’Ainay, une plaque à Pierre Poivre* qui y a été inhumé le 8 janvier 1786. Il est président-fondateur de l’Association des amis des Archives municipales de Lyon en 1989. Membre du conseil à l’Union des sociétés historiques du Rhône dès 1988, il en est le secrétaire général de 1992 à 2006, et c’est grâce à lui qu’elle est sortie en 2010 d’un long sommeil de cinq ans dû à la regrettable défaillance d’un président. Membre d’honneur de la Société académique d’architecture de Lyon.
Conférencier disert, il intervient dans de nombreuses associations, il guide la visite de monuments lyonnais. Doué d’une mémoire étonnante, il a une connaissance encyclopédique des familles lyonnaises et de leur généalogie. Chaque année Paul Feuga s’accordait une semaine de retraite spirituelle au prieuré de Ganagobie, dans la vallée de la Durance entre Sisteron et Manosque. Dans les derniers temps, souffrant d’insuffisance respiratoire, après un séjour inopérant au centre de réadaptation cardio-respiratoire de Dieulefit (Drôme) il a dû s’aider d’oxygène. Il habitait 61 rue Duguesclin.
Il est mort près de chez lui le 5 juin 2014. Prévoyant, il avait acheté, au cimetière de Loyasse, en mitoyenneté du monument où se lisent les noms de ses ascendants sur quatre générations, une concession et une tombe portant déjà son nom pour lui et sa famille, Il y repose depuis le 13 juin 2014.
Élu le 1er juin 2004 à l’Académie au fauteuil 2, section 2 (histoire) Lettres, il prononce son discours de réception le 22 mars 2005, La recherche historique : amateurs et professionnels. Discours de haute tenue dans lequel il défend et revendique la place que mérite l’amateur, qui par son esprit de curiosité, le désir d’apprendre et de comprendre, le plaisir de la recherche, l’indépendance et le bénévolat de son action, est complémentaire du monde professionnel institutionnalisé. En 2007, Paul Feuga est nommé trésorier de l’Académie. Le 15 février 2011 il présente une communication sur Les providences de Lyon au début du xixe siècle.
Le 8 février 2008 il est intronisé à l’académie du Gourguillon et des Pierres Plantées, juste reconnaissance de son érudition lyonnaise et de son implication au sein de nombreuses sociétés historiques ; obligé de quitter son nom de ville, il devient Lupicin [patriarche rayé de la liste des évêques] Cliophile [par dévotion à la muse de l’histoire] Poussacier [pour rappeler sa profession héritée de son père].
Jean Burdy, « Paul Feuga (1929-2014) », MEM 15, 2015.
Journal de l’abbé Duret, Nouvelles générales, et en particulier de Lyon, 1761-1776, transcription dactylographiée, BML, Ms. 5423.
Les publications de Paul Feuga sont abondantes ; un ou deux articles paraissent chaque année dans les Actes des journées d’études de l’Union des sociétés historiques du Rhône [USHR], dans le Bulletin de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon [BSHALL]. Onze dans la revue Centre-presqu’île, nos 14-31, 1988-2005, quarante dans le BMO, le Bulletin municipal officiel de Lyon, de 1985 à 2014, une dizaine encore dans diverses revues, portent sa signature.
Citoyen de Lyon, réflexions d’un conseiller municipal, Lyon, 1977, 128 p. – L’hôtel de ville de Lyon, l’hôtel commun et les municipalités lyonnaises 1789-1795, Lyon : LUGD, 1985, 230 p. – Des pennonnages aux sections, une tentative de démocratie vite étouffée, USHR, Saint-Genis-Laval, 1985. – Un office royal de courtier de change et de monnaie à la fin de l’ancien régime, USHR, Anse, 1986. – Un collaborateur et ami du ménage Roland : Luc-Antoine Champagneux, USHR, Villefranche, 1989 – La destruction des signes de féodalité à Lyon en 1791-1792, USHR, Mornant, 1990. – Un «méchanicien» à Lyon à la fin du xviiie siècle : Joseph Smith, USHR, Châtillon-d’Azergues, 1991. – Luc-Antoine Champagneux, ou le destin d’un Rolandin fidèle, Lyon : LUGD, 1991, 166 p. – Un chroniqueur mondain, l’abbé Duret, USHR, Oullins, 1992. – Portraits d’hommes d’affaires aventuriers de la Révolution (Gavot, Bourry et Pampelone), BSHALL, 22, 1992. – Un économiste moderne, Jean Paganucci (1723-1797), USHR, Amplepuis, 1993. – Une visite à La Freta de Pierre Poivre en 1782, BSHALL, 24, 1994. – Les malheurs de madame Vitet, femme du maire de Lyon, BSHALL, 26,1996. – Les intéressés aux mines de cuivre du Lyonnais : des associés désunis (1699-1799), USHR, L’Arbresle, 1996. – Les officiers de notre compagnie, la Société historique, BSHALL, 27, 1997. – Jean-Antoine Morand et la création des Brotteaux (avec J. Barre), Lyon : ELAH, 1998, 128 p. – Visite du château de Montribloud à Saint-André-de-Corcy, Ain, BSHALL 28, 1998. – La reconstruction des façades de Bellecour sous le premier Empire, Ibidem. – L’esprit de république et les premières municipalités de Lyon, BSHALL 29, 1999. – Le bâtonnier Jean Bernascon (1913-1999), Ibidem. – La maison de la Garde à Jarnioux, Ibidem. – Raymond Feuga (1768-1860), Notice biographique, chez l’auteur, 2000, 95 p. – René Gacogne (1927-2001), BSHALL 31, 2001. – Paul Desgrand (1799-1878), BSHALL 32, 2002. – Les bienfaits de madame de la Barmondière (1755-1842), Ibidem. – Henri Feuga, lettres de guerre, 1914-1919 (transcription), chez l’auteur, 2003, 86 p. – Mécoras, chez l’auteur, 2003, 110 p. – « La recherche historique : amateurs et professionnels », MEM 5, 2005, p. 169-178. – Paul Desgrand (1799-1878) et le domaine de Montcelard, USHR, Tassin, 2006. – La Société historique, archéologique et littéraire de Lyon, 1807-2007, Bicentenaire de la Société, Lyon, 2007, p. 9-179. – « Le dernier préfet de la Monarchie de juillet : Achille Chaper » (1795-1874), BSHALL 36, 2008. – Marc Mulsant (1921-2010), BSHALL 37, 2010. – « Les providences de Lyon au début du xixe siècle. », MEM 11, 2011, p. 104.
À paraître : « Recherche sur les relations lyonnaises de l’abbé Raynal », dans Actes du colloque sur l’abbé Raynal. – « Le métier d’architecte au xixe siècle. Henri Feuga (1819-1884) » [son arrière-grand-père], dans Mélanges en mémoire de François-Régis Cottin, Société d’histoire de Lyon, 2015.