Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

CHAPAS Georges Francisque (1895-1973)

par Philippe Lebreton.

 Né le 23 mai 1895 à Lyon 6e, Georges Francisque Chapas est fils de Joanny Chapas (cocher, 25 ans) et de Marie-Caroline Morard (sans profession, 29 ans), demeurant 143 rue de Créqui. Il épouse le 25 septembre 1934 à Taninges (Haute-Savoie) Denise Marie Joséphine Ducrettet, ancienne élève de licence ès sciences, fille de François Ducrettet, géomètre, d’une famille originaire de Taninges depuis plusieurs générations, et d’Angèle Choupin, originaire de Mont-Saxonnex (Haute-Savoie). Le couple a cinq enfants : Marie-Françoise (1936), Jeanne (1937-2002), Jean (1941), Michel (1944), Pierre (1946).

 Georges Chapas décède à Taninges le 9 septembre 1973 après une courte maladie ; ses funérailles ont lieu le 13 septembre, en la basilique de Saint-Martin d’Ainay.

 Élève brillant et remarqué à l’École de La Salle en 1907-1910, où il obtient son brevet d’études supérieures, il prépare seul le baccalauréat en 1912 et poursuit à Lyon ses études supérieures à la Faculté Catholique des Sciences de Lyon. Entre 1912 et 1914, il obtient deux licences ès mathématiques et ès sciences physiques. Chargé de cours de mathématiques, physique et chimie aux Facultés catholiques dès 1913, il est détaché au Collège de France auprès du professeur Camille Matignon, avec lequel il prépare une thèse de doctorat ès-sciences physiques, soutenue le 8 mars 1932 à l’université de Paris (sujet : « Isomérie et solubilité : recherches sur la série benzénique).

 Doté d’un grand sens pédagogique doublé d’un brio presque théâtral (ce qui impressionna tous ses élèves, dont le grand respect se mêlait parfois de crainte), ainsi que de la largeur de vue nécessaire à l’enseignement supérieur, Georges Chapas est nommé en 1943 doyen de la Faculté Catholique des Sciences de Lyon et directeur de l’Institut de Chimie Industrielle (ICI) de cette faculté. En 1952, il fonde l’École de Biochimie Pratique, dont il est le premier directeur (aujourd’hui, École Supérieure de Biologie, Biochimie, Biotechnologies - ESTBB). En 1953, il est président de l’Association Française des Professeurs de l’Enseignement Supérieur privé, nouvellement créée. Dès 1956, il met en œuvre des contrats de recherche pour les élèves de l’ICI, notamment dans le Service des Poudres, dont il est officier de réserve. De nombreux contacts sont également établis avec l’industrie chimique régionale, en vue du placement des élèves : Rhodiacéta, Société Chimique de Gerland, Péchiney, Rhône-Poulenc, Société le Nickel, etc. Georges Chapas est membre actif de la Société Chimique de France, de la Société de Chimie-Physique, de la Société Française de Physique.

 En 1957, Georges Chapas est à l’origine de l’extension de l’ICI en Institut de Chimie et Physique Industrielle (ICPI). A cette époque, avec son éminent collègue et ami Marcel Prêtre, directeur de l’École Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon (ESCIL), il réfléchit à la fusion des deux écoles ; elle sera réalisée trente-sept ans plus tard, en 1994, avec l’École Supérieure de Chimie-Physique-Electronique (CPE Lyon). En juin 1958, Georges Chapas donne sa démission de doyen et de directeur de l’ICPI ; l’année suivante il enseigne, comme professeur de chimie et de mathématiques à l’École de la Salle, à l’INSA, à l’ECAM, au Collège des Jésuites et à l’École d’Apprentissage Supérieur. De 1959 à 1963, il est ingénieur-conseil à la Direction des Applications Militaires du CEA. Il prend sa retraite de l’enseignement en 1971.

 Georges Chapas avait effectué son service militaire de 1915 à 1919, affecté aux Usines du Rhône à Saint-Fons. Détaché aux Services des Poudres, devenu officier de réserve, il est mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940 à la Poudrerie de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) ; ayant effectué de nombreuses recherches pour le Service des Poudres, il est promu au grade d’ingénieur militaire de 1re Classe (équivalent du grade de capitaine).

 Les évènements d’Algérie ont été un des motifs de sa prise de retraite de la Faculté, témoignant de la droiture de son caractère et de la rigueur de son patriotisme. Dès 1958, outre ses cours, publications et travaux scientifiques, Georges Chapas « a consacré beaucoup de temps à notre ville comme conseiller municipal, élu dès 1959, et comme adjoint » (Maurice Jacob). Dans cette activité, il a été chargé des bibliothèques et s’est attaché notamment à la rénovation du quartier Saint-Jean, qu’il suivit jusqu’à sa mort. Cet engagement municipal s’est également inscrit dans son engagement politique des années 1950 pour la reconnaissance du titre d’ingénieur, et l’accession de l’enseignement supérieur privé au bénéfice de la taxe d’apprentissage, en 1953.

 Georges Chapas a été chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques, et commandeur de l’Ordre pontifical de Saint-Grégoire-le-Grand.

 Le nom de Doyen Georges Chapas a été donné à une rue du 9e arrondissement de Lyon.


Académie

Georges Chapas avait obtenu les prix académiques Herpin dès 1922, et Joseph Gillet en 1931. Présenté par Joseph Lepercq*, il a été élu le 3 juin 1947 au fauteuil 5 section 1 Sciences, succédant à Auguste Lumière* devenu émérite. Discours de réception le 24 avril 1951. Il était membre du jury de la Fondation scientifique de Lyon et du Sud-Est. « Les membres de l’Académie, aussi bien que ceux du Conseil municipal et de la Communauté urbaine, garderont de lui le souvenir d’un ami fidèle et d’un homme de cœur, passionnément attaché aux tâches qu’il avait accepté d’assumer » (Éloge funèbre le 16 octobre 1973 par Maurice Jacob*). Ses proches et ses élèves se souviennent de « sa grande simplicité de vie et d’un désintéressement sans doute partagé avec tous les enseignants de l’Université Catholique de l’époque ».

Bibliographie

M. Jacob, « Éloge funèbre de Georges Chapas » (prononcé le 16 octobre 1973), MEM 28, 1974.

Publications

Citons : « Solubilité des nitranilines isomères dans le métaxylène », CRAS. – « Conductance atomique des éléments chimiques », BSCF. – « Réduction graphique des volumes gazeux en analyse chimique », Chim. Indus., 1925. – « Thermodynamique du système binaire : paracrésol + acide benzoïque », Journ. Chim. Phys., 1935. – « Solubilité des sels métalliques : essais de systématiques », BSCF, 1945. – « La chimie et l’odeur » (discours de réception à l’Académie le 24 avril 1951), Bull. Fac. Catho. Lyon 11, 1951, 8 p.

Ouvrages didactiques : Cours élémentaire sur les matières colorantes organiques artificielles, ICPI : 1924. – Analyse minérale quantitative (et supplément). – Cours d’électricité théorique, 1941, rédigé pour les élèves de l’ECAM, réfugiée d’Erquelinnes (Belgique). – Cours de Mécanique rationnelle, 1947. – De nombreux cours, mono-graphies et traductions ont été écrits de sa main et reproduits avec les moyens de l’époque.

Traductions (Éditions Dunod, Paris) : E. Rochow, Introduction à la chimie des silicones, 1952. – G.E. Coates, Composés organométalliques, 1960. – T.A. Geismann, Principes de Chimie organique, 1965. – Harver et Porter, Introduction à la Chimie physique minérale, de 1967. – R.D. Guthrie et J. Honeyman, Introduction à la Chimie des Glucides, 1968.