Né le 27 décembre 1774 à Neuilly (Yonne), Jean Louis Piestre, fils d’un agriculteur et aîné de neuf enfants, a été baptisé le 28 décembre 1774. Parrain : Louis Janney ; marraine : Edmée Cormont, qui a déclaré ne savoir signer. Ses parents – Jean Piestre, fils de Jean Piestre et d’Anne Cormont, et Edmée Couste, fille d’Henri Couste et d’Edmée Breton – s’étaient mariés le 11 janvier 1774 à Neuilly ; la mariée et ses témoins avaient déclaré ne savoir signer.
Il vient à Lyon comme commis de librairie chez un parent, à la librairie Cordon et Blanc, près de l’archevêché. Arrêté lors de la répression qui a suivi le siège de Lyon, il est mis en liberté le 7 nivôse de l’an II [27 décembre 1793]. Il se marie avec Jeanne Cormon le 10 juin 1800 à Sainte-Foy-lès-Lyon, où il réside. L’acte de mariage indique qu’il est employé à la préfecture du Rhône ; le premier témoin est Claude Julien Bredin*, professeur à l’école vétérinaire de Lyon, qui sera membre de l’Académie dès son rétablissement en 1800.
En 1800, Jean Louis Piestre est premier commis à la préfecture ; en 1805, il est chef de bureau. Il a encore cette fonction quand il déclare la naissance de son fils Pierre Étienne, né le 5 mai 1810. Il demeure alors 69 rue Saint-Dominique (act. rue Émile-Zola), tout près de l’ancien couvent des Jacobins, où avait été installée la préfecture ; un des témoins est Jacques Louis Barthélémy Cormon, libraire rue de l’Archevêché, cousin de l’enfant. À partir du 1er avril 1813, Jean Louis Piestre est chargé, par décision du préfet, de rédiger le Journal de Lyon et du département du Rhône. En 1815, il est chef de division. Pendant les Cent-Jours, le préfet du Rhône Pierre-Marie Taillepied de Bondy est nommé préfet de la Seine (20 mars 1815-3 juillet 1815). Piestre le suit à Paris. Il semble que le retour des Bourbons ait mis fin à sa carrière en préfecture. On le retrouve à Lyon en 1823, membre de la Commission des recherches sur le patois ou idiome vulgaire en usage dans le département du Rhône. De 1830 à 1857, il est secrétaire général de l’administration des hôpitaux de Lyon. Il prend sa retraite en 1857, et va habiter à Paris près de son fils Pierre Étienne (Lyon 1810-Paris 1903), auteur, sous le nom d’Eugène Cormon, de nombreuses œuvres dramatiques – la plus connue étant Les Deux Orphelines (1874) –, et de livrets d’opéra, comme Les Pêcheurs de perles (1864), et directeur de la scène de l’opéra de Paris.
Jean-Louis Piestre est mort le 4 août 1866 à Paris (16e). L’acte de décès indique : « Ce matin à dix heures est décédé en son domicile grande rue de Passy, n° 44, Jean-Louis Piestre, âgé de quatre-vingt-douze ans, rentier, né à Joigny (Yonne), veuf de Jeanne Cormon ».
Son petit-fils, le peintre Fernand Piestre dit Cormon (1845-1924), fils d’Eugène Cormon, a été membre de l’Institut (Académie des Beaux-Arts) et professeur à l’École des beaux-arts. Il a exécuté des frises au Petit Palais, à l’Hôtel-de-Ville de Paris, à l’ambassade de France à Berlin, des tableaux historiques, le tableau de Caïn fuyant avec sa famille (1880, au musée d’Orsay), et fait de nombreux portraits, notamment du président Émile Loubet (musée d’Orsay) et de Paul Deroulède.
Émule de l’Athénée en 1800, il devient en 1807 membre titulaire de l’Académie, membre correspondant en 1816, membre émérite en 1827. Le 16 juin 1807, MM. Piestre, Dumas et Martin, forment une section de la Commission générale de statistique, sur « la gymnastique, les théâtres et les jeux publics ». Le 25 février 1823, M. Cochard lit en séance ordinaire un travail intitulé Recherches sur le patois ou idiome vulgaire en usage dans le département du Rhône. Piestre était membre de la Commission constituée le 3 mars 1812 par le préfet de Bondy pour faire ces recherches.
Dumas, tome II, p. 409-411. – Ferdinand Fauchereau, « Notice biographique sur Jean-Louis Piestre », Bull. Soc. sci hist. et natur. Yonne, vol. 47, 1893, p. 51-56.
Mémoire sur Lavater. – Mémoire sur le véritable génie du christianisme. – Considération sur la physionomie du style. – Rapport sur une dissertation relative à l’adverbe, présentée à l’Académie dans sa séance du 3 juin 1806, par M. Morel, l’un de ses membres titulaires, rapport lu à l’Académie le 10 juin 1806 (Ac.Ms153 fos72-75) – Dissertation sur un malade qui a perdu l’usage des mots substantifs. – Ac.Ms123bis f°284 : Rapport sur un ouvrage de [Charles] Malix, [de Belley], concernant l’enseignement public [Observations sur l’enseignement public, Lyon : Gentot-Lambert, 1806], 29 juillet 1806. – Rapport sur deux discours de Pierre Morel (Discours sur les pronoms et De la nature du verbe) 5 et 12 mai 1807, Ac.Ms153 fos112-119. – Rapport sur le mémoire de Pierre Morel Obreptices / subreptices, 18 juillet 1809, Ac.Ms153 fos137-139 – Éloge de Pierre Morel, grammairien, membre de l’Académie de Lyon et correspondant de l’Institut (1723-1812), prononcé le 25 août 1812.
Vers à M. Verninac, préfet du Rhône, Lyon, 1800, in-8. – Considérations sur l’origine de l’idolâtrie, lues à l’Athénée de Lyon, le 13 messidor an 9, Lyon, an IX, 16 p (d’ailleurs en manuscrit : Ac.123bis f°135). – Les crimes de la philosophie ou tableau succinct des effets qu’elle a opérés dans la plupart des sciences et des arts, et dans le régime des associations politiques. Paris, 1804, 416 p. – Nouveau vocabulaire, ou Dictionnaire portatif de la langue française rédigé d’après les dictionnaires et les écrivains les plus estimés par J.-L. Barthélemi Cormon et par J.-L. Piestre, [d’abord publié en 1801 sans nom d’auteur, chez les libraires Cormon et Blanc], 2e éd., 1805, 688 p. ; rééd. en 1810, 1813. – Observations psychologiques et physiognomoniques, sur la nouvelle doctrine du professeur Gall, concernant le cerveau ; cet organe étant considéré comme le siège des facultés de l’âme : auxquelles on a ajouté la description physionomique du fameux criminel décapité tout récemment à Lyon, pour y avoir construit une trappe par laquelle il avait fait tomber une fruitière. Lesdites observations lues à l’Athénée de Lyon, le 25 brumaire an XI. Lyon : Reymann et Paris : Brunot, 1802, 38 p. (Piestre est favorable à Lavater et s’oppose à Gall). – La Synonymie française, ou Dictionnaire de tous les synonymes définis jusqu’à ce jour, par MM. Girard, Beauzée, Roubaud, Guizot, et autres auteurs, Lyon, Cormon et Blanc, 1810, 2 vol.