Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

ADAMOLI Pierre (1707-1769)

par Michel Dürr.

 Né à Lyon le 5 août 1707, baptisé le 6 paroisse Saint-Pierre, il est le fils d’Alphonse François Adamoli (1660-Saint-Laurent 1710), naturalisé en 1673, banquier et marchand de soies, rue Lainerie à Saint-Paul, et d’Anne Trollier, filleul de Pierre Brossier, écuyer, et de Catherine Vulliet. Par sa mère, il est le cousin germain des académiciens Antoine Trollier* et Benoit Goy*, ainsi que d’Aimé Bertin* (par le mariage de ce dernier avec Catherine Vulliet, fille de Marie Trollier et de Louis Vulliet). Sa sœur Suzanne, épouse d’Alexis Bonaventure de Roche, est la mère de l’épouse de Jean-François Tolozan de Montfort*. Il meurt à Lyon le 3 juin 1769, alors qu’il est dit ancien conseiller du roi, maître des ports, ponts et passages de la ville de Lyon, c’est-à-dire qu’il doit s’opposer au passage des marchandises prohibées. Il est inhumé le 4 dans le tombeau de la chapelle de la Sainte Vierge de l’église d’Ainay. On trouve dans Dumas (t. I, p. 115-123) le texte intégral de son testament reçu le 23 octobre 1763 par Me Antoine Roche, notaire à Lyon. Bibliophile éclairé, amateur d’histoire des naturelle et d’antiquités, il lègue à l’Académie de Lyon sa bibliothèque de 5 600 volumes, un médaillier renfermant 1 016 pièces et ses collections d’histoire naturelle. La bibliothèque confiée aux bons soins de l’Académie, est d’abord conservée dans le bâtiment du Concert appartenant à l’Académie des Beaux-Arts ; puis, en 1777, elle est ouverte au public tous les mercredis non fériés, dans les locaux du pavillon d’angle de l’Hôtel de Ville donnant sur la place de la Comédie et la rue Puits-Gaillot, en même temps que le cabinet de curiosités Monconys-Pestalozzi*. En 1793, l’Académie cesse d’exister, la bibliothèque Adamoli revient à la ville de Lyon jusqu’en 1826, date à laquelle elle est restituée à l’Académie recréée depuis 1800. En 1831, l’Académie accepte que ses livres soient mis à disposition de la Bibliothèque de la ville, ouverte au public. Elle en garde la propriété jusqu’en 1961, date à laquelle ils sont cédés sans retour à la Bibliothèque municipale de Lyon. Le testament d’Adamoli prévoit aussi un legs de 3 500 livres pour récompenser les lauréats d’un prix bisannuel consistant en deux médailles, l’une d’or de 800 livres, l’autre d’argent de 25 livres. Jusqu’à la dissolution de l’Académie en 1793, le legs de Pierre Adamoli finance cinq prix, portant sur des questions d’histoire naturelle ou d’agronomie : les plantes indigènes susceptibles de remplacer l’ipéca, le quinquina et le séné (1774) ; les aliments des grands peuples relativement à la santé (1782, le seul concours à n’avoir suscité aucune réponse) ; les insectes venimeux (1788) ; les Stellatae (1790) ; les étangs (1778). Après la reconstitution de l’Académie en 1800, la ville de Lyon, héritière d’Adamoli depuis 1793, refuse de verser la rente afférente et le prix s’éteint faute d’être financé.

 La dissolution de l’Académie en 1793 entraîne la dispersion de la collection de monnaies d’Adamoli au sein de celles du musée. Aujourd’hui, l’Académie ne conserve plus que le meuble qu’Adamoli avait fait aménager pour ranger ses monnaies. Après la mort d’Adamoli le 3 juin 1769, l’Académie s’empresse de délibérer (6 mars 1770) sur la composition de la médaille, et d’en confier le dessin à Nonnotte et la gravure des coins à François Brun (ou Le Brun). Les difficultés rencontrées par Le Brun pour honorer cette commande ont retardé la frappe des médailles, qui ne seront présentées qu’en décembre 1776. Elles expliquent aussi qu’ont été déposés sur le bureau de l’Académie : « [] 2° le double coin et la virole d’acier qui ont servi au frap de ces médailles, 3° deux autres coins aux mêmes empreintes qui, n’ayant point de virole et n’étant pas fabriqués pour en avoir, ne pouvaient servir à frapper des médailles, qui pourraient suppléer à une matrice si les autres coins venaient à se casser ». Ces coins défectueux, celui de revers présentant une erreur dans l’inscription de la date (mddlxix pour 1769), sont probablement ceux que conserve l’Académie (n° C 04 - Drevon n° 11, et C 05 - Drevon n° 16). On ne peut actuellement situer aucun exemplaire original de cette médaille. Jean Tricou en a repéré un exemplaire en argent doré figurant dans la collection du chevalier Max de Wilnersdörffer, vendue à Francfort-sur-le-Main en 1905, qui serait l’un des deux attribués au docteur Strach, professeur à l’université de Mayence, lauréat du second prix du premier concours Adamoli.


Académie

Bienfaiteur de l’Académie, Adamoli n’en a jamais été membre.

Bibliographie

Dumas. – Michaud. – Morin-Pons, p. 35-40, pl. III. – Tricou 1958, p. 64, pl. XII. – Yann Sordet, L’amour des livres au siècle des Lumières. Pierre Adamoli et ses collections, 1707-1769, Paris : Champion, Genève : Droz, 2001, 537 p. (Mém. Doc. École Chartes 60).

Manuscrits

BML : BML MsPA52 f°54 à 57 Chansons ; f°68-69 Lettre de l’abbé Pernetti à Adamoli et réponse de celui-ci au sujet de l’inscription à mettre sur le frontispice de la nouvelle salle de spectacle. – MsPA53 : Recueil pour Lyon en vers sur divers événements… contenant quatre brevets de la calotte, plus chansons, épigrammes, inscriptions, épitaphes… dont f°53-57 Brevet de la calotte ; f°71 et 78 Épitaphes du cardinal du Tencin (1738), de Voltaire (1738) et autres pièces de vers ; f°87 Les mœurs du siècle, pièce de vers par Adamoli, etc. Voir Yann Sordet p. 479. – MsPA55 : Opuscules divers (Delandine 707), dont f°1 à 21 Mes pensées philosophiques sur la nature de l’âme ; f°29-30 Adieu aux Jésuites détruits en France en 1762 ; f°66-76 Mes remarques sur la dissertation prononcée [par Claret de la Tourette*] à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon sur la découverte d’une jambe de cheval en bronze que je prétends être celle de la figure équestre élevée en l’honneur de Tiberius Antisthius (1766), etc., voir Yann Sordet, p. 480. – MsPA79 : Recueil sur Lyon, divers dont pages 21-23 : Observation faite au thermomètre exposé au grand air, du progrès du froid et de sa variation depuis le 26 décembre 1765 et les mois de janvier et février de l’année suivante 1756 (Avec addition pour le mois de mars) ; pages 39-40 : Note sur la création des prêtres nommés Augustaux, destinés au service du temple d’Auguste à Rome et à Lyon, etc., voir Yann Sordet, p. 481. – MsPA112 f°7-21 et 22-33 : Pensées philosophiques sur la nature de l’âme, f°34-120 et f°128-133 : Dictionnaire universel d’histoire naturelle [Lettre A], f°121-127 : Mots à ajouter au dictionnaire de Richelet qui ont été omis. – MsPA167 : Catalogue d’une collection de livres, d’antiquités et de médailles, le tout extrait de la bibliothèque de P. Adamoli, sous ce titre : Petit catalogue particulier, fait le mois de décembre 1758, pour mon usage. – MsPA168 : 7 cahiers in folio contenant la liste des livres et manuscrits d’Adamoli restitués par la ville de Lyon en 1825 à l’Académie en dix envois successifs. – MsPA294 : Catalogue des médailles romaines en bronze du haut et du bas Empire, de la collection de P. Adamoli, 1768, 2 volumes. – MsPA295 : Catalogue des livres de M. Pierre Adamoli, avec les prix ; dressé en 1740 et écrit de la main d’Adamoli. – MsPA296 : Catalogue des médailles d’argent grecques et romaines, 1768, de la main d’Adamoli. – MsPA297 : Catalogue des médailles de bronze des impératrices romaines du haut et du bas Empire. – MsPA 298 : Catalogue général définitif, 10 cahiers, voir Yann Sordet, pages 468-475.

Académie : Ac.MsPA158 f°279 : Dissertation par Adamoli, sur une édition de la Légende dorée, imprimée sans date avec des caractères mobiles en bois, vers 1454… etc. ; f°285-290 Copie d’une lettre écrite de Berlin par M. Gaultier de la Croye à l’auteur de la nouvelle bibliothèque germanique en 1752 sur le Catholicon de Joannis de Janua, avec les commentaires d’Adamoli ; f°291-292 Observations sur des figures gravées en taille de bois, imaginées en Allemagne entre les années 1490 à 1495…, etc. – Ac.MsPA 354 : Premier état du catalogue des médailles (l’état définitif est dans BML MsPA294-296-297), voir Yann Sordet, p. 476-477.

Publications

Lettre de M. P. AD** à M. le marquis de Migieu, chevalier de Saint-Louis, ancien capitaine au régiment des gardes françaises, sur une découverte faite à Lyon le 4 février 1766, d’un monument antique enseveli sous les eaux de la Saône, Lyon, 25 février 1766. – Seconde lettre de M. P. AD** à M. le marquis de Migieu, sur les nouvelles recherches qu’il a faites à l’occasion de la découverte d’une jambe de cheval, façon bronze, de figure équestre, qu’on croit avoir été élevée au devant du Temple d’Auguste, appelé Athanatum vel athanacum, aujourd’hui Ainai, à l’honneur de Tiberius Antisthius, chevalier romain, envoyé dans les Gaules, Lyon, 25 mars 1766. – Note sur la création des prêtres nommés Augustaux, destinés au service des Temples d’Auguste à Rome et à Lyon, 7 juin 1766, Lyon ; Aimé Delaroche, 23 p. – Troisième lettre de M. P. Adamoli à M. le marquis de M*** sur la découverte de la pierre où est gravée l’inscription qui était au piédestal de la statue équestre élevée à l’honneur de Tiberius Antistius et qui répond aux objections contre l’existence de cette statue, et prouve qu’il n’y a jamais eu d’autres temples dans Lyon, dédiés aux Césars, que celui construit au confluent des deux rivières. Lyon : Bruyset, 23 février 1767, 44 p. – Livre des portraits des Rois de France depuis Pharamon et de plusieurs hommes illustres qui ont été sous leurs règnes, recueilli par Pierre Adamoli, Paris, 1er mai 1728.