François Hainl est né à Issoire (Puy-de-Dôme) le 16 novembre 1807, fils de Jean Georges (Georg) Hainl (Vienne [Autriche], 1775-Saint-Étienne 24 janvier 1834) et de Marie Dumas. Témoins : François (Franz) Hainl, cordonnier, oncle, et Annet Vigier, tailleur d’habits. Son père Georg et son oncle Franz Hainl, prisonniers autrichiens, avaient été internés à Issoire après la prise de Landrocies en 1794. Installés dans cette ville en 1796, refusant de retourner dans leur pays, ils y exercent les professions de cordonnier, de ménétrier et de maître de musique. Georges est dit cordonnier à la naissance de son fils et artiste à Saint-Étienne, rue de la Comédie, en 1833 au mariage de son fils et à son propre décès en 1834. Il apprend les premiers rudiments de la musique à François, dont le frère, Joseph, artiste à Lyon, né vers 1804, comme lui adoptera le nom de George Hainl (parfois Georges Hainl), en utilisant le prénom du père.
François reçoit une formation générale dans un collège de sa ville natale, puis à Saint-Étienne, où s’est transférée la famille, joue du violon dans les villages et se consacre enfin entièrement à la musique et en particulier au violoncelle dont il deviendra un virtuose. Il rentre à Lyon comme violoncelliste à l’orchestre des Célestins en 1826. En 1829, il reprend des études de musique ; il est admis le 22 avril au conservatoire de Paris dans la classe de Louis Norblin où, dès l’année suivante, il remporte un brillant premier prix. Il prend également des leçons auprès d’Olive-Charlier Vaslin. Pour vivre, il devient pour quelques mois violoncelliste dans divers théâtres de Paris puis revient à Lyon où il va jouer un rôle majeur dans la création en 1830 de la première société philharmonique lyonnaise, ancêtre de l’orchestre philharmonique de Lyon qui aura ultérieurement une destinée brillante sous la direction de Georges Martin-Witkowski*. Virtuose unanimement apprécié, il poursuit parallèlement une carrière de soliste, en France où il se fait entendre aux Concerts du Conservatoire à Paris (28 janvier 1838), puis dans toute l’Europe où il donne des concerts en Belgique (en compagnie du pianiste Doehler), en Hollande, en Allemagne et en Angleterre, et dans le Midi de la France. En 1840, il revient à Lyon pour devenir premier chef d’orchestre du Grand-Théâtre inauguré en 1831, poste fort bien rémunéré à l’époque qu’il occupera jusqu’en 1863. Le 23 septembre, il quitte Lyon pour devenir chef d’orchestre, jusqu’à sa mort, à l’Opéra de Paris, remplaçant Louis Dietsch révoqué, qui lui avait été préféré à ce poste en 1860 à la mort de Girard. Là, il a monté Le docteur Magnus, Roland à Roncevaux d’Auguste Mermet, L’Africaine, Don Carlos, La fiancée de Corinthe, Hamlet, Érostrate d’Ernest Reyer, La coupe du roi de Thulé d’Eugène Diaz et une adaptation de Faust, et les ballets La Maschera de Paolo Giorza, Néméa de Léon Minkus, Le Roi d’ Yvetot de Théodore Labarre, La Source de Delibes et Minkus, Coppélia de Léo Delibes et Gretna-Green. Il demeure alors 91 rue Blanche.
Le 21 décembre 1863, succédant à Théophile Tilmant, il devient chef d’orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, jusqu’au 12 mai 1872. Il y a donné cent seize concerts. En 1867, il dirige les concerts de l’Exposition universelle et en 1869 la musique de la chapelle impériale et des concerts de la cour.
François Georges Hainl a été non seulement un violoncelliste virtuose exceptionnel et un brillant chef d’orchestre qui a renouvelé le répertoire vieillot des concerts en faisant connaître aux lyonnais par exemple la neuvième symphonie de Beethoven ou les œuvres de Weber, mais également un compositeur estimé. Il a laissé notamment plusieurs pièces intéressantes pour son instrument (Souvenirs du Bourbonnais, Souvenirs de Naples...).
Franc-maçon, il a collaboré à la colonne d’harmonie de plusieurs loges : Équerre et Compas et Étoile Polaire à Lyon. Pendant le siège de Paris, malgré son âge, il rend des services en faveur des blessés au Comité des Ambulances de la Presse.
Chevalier de la Légion d’honneur le 14 août 1868 sous le nom de « George-Hainl, prénom : François » (LH/1115/86). Officier d’Académie (25 mars 1869). Chevalier de l’Ordre de Médjidjé (1851).
Il est mort à Paris le 2 juin 1873 d’une congestion cérébrale. Il a été inhumé au Père-Lachaise (69e division, 1re ligne, V, 7). Plus de six mille personnes assistaient aux funérailles.
Sous le nom de François Hainl (signant F. George Hainl), alors qu’il était domicilié à Lyon 2 rue Lafont, il avait épousé à Saint-Étienne le 18 novembre 1833 Victorine Pichon (Outre-Furan [commune rattachée en 1855 à Saint-Étienne] 29 avril 1815-Lyon 3e 18 mars 1857 au domicile 14 cours Morand), fille de Marguerite Pichon. Le curé, peu bienveillant, porte dans son acte de décès qu’elle est « sans enseignement d’affiliation de famille » ; sur le registre d’Outre-Furan, est porté dans une marge en avril 1815 : « Jugement du 16 mars 1819 qui rectifie l’omission de l’acte de naissance de Victorine Pichon, fille naturelle de Marguerite Pichon, ce qui est fait à la date du 29 avril 1815 ». Deux enfants naissent de cette union : Marguerite Alice (Lyon 14 février 1835-Lyon 28 octobre 1913), et Marie (Lyon 17 décembre 1836-1912) : l’aînée, Marguerite Alice, auteur sous le nom d’Alice George Hainl d’un Boléro pour piano, Op. 4 (Paris : A. Ikelmer, 1859, 9 p.), de Montagnardes du Puy de Dôme et du Cantal (Paris : Benoit, 1868, 13 p.), de Bourrées d’Auvergne et du Bourbonnais, transcrites pour le piano (Paris : Benoît, 1868, 9 p.), d’Inquiétude, étude pour piano (Paris : Meissonnier fils, 1859, 5 p.), épouse en premières noces Charles Le Corbeiller, négociant à Rouen (décédé en 1876), remariée à Paris le 16 juillet 1877 à Paul Benoît Louis Dumarest (Trévoux 1833-Nimes 1882), avocat et journaliste républicain, préfet du Jura, des Ardennes, des Pyrénées-Orientales, du Finistère, puis du Gard ; la seconde fille, Marie, professeur de piano, épouse à Lyon le 30 septembre 1858 Antoine Grenier (1833-1881), professeur de rhétorique à Clermont, publiciste et homme de lettres à Paris, rédacteur du Figaro, rédacteur en chef du Pays et de La Situation.
Devenu veuf en 1857, présenté sous le nom de Hainl François dit Georges, artiste demeurant à Lyon 3e 35 rue Malesherbes, il se remarie à Lyon 3e avec Claire Françoise Estibot, artiste, (née à Lyon le 30 mars 1829), fille de Dominique Estibot et de Marie Anne Cariat. Claire Françoise était pianiste et donnait des concerts avec lui. De cette union naîtra Émile Georges Hainl (Lyon 13 août 1861-1922), employé de commerce à Paris.
Le 6 décembre 1848, il envoie quelques-unes de ses compositions et demande à Claude Louis Grandperret* à être candidat au titulariat (Ac.Ms277-V-6-12-1848). Il est élu à la séance du 5 juin 1849, fauteuil 4, section 4 Lettres, sur un rapport de Grandperret, Boullée* et Monfalcon* (Ac.Ms279-III pièce 143), lu par Grandperret à la séance du 6 mars. Le 15 juin 1852, il écrit qu’il ne peut lire son discours de réception aujourd’hui en raison des surcharges et des ratures, et demande un renvoi pour qu’il puisse le recopier (Ac.Ms277-V-15-6-1852) ; le 22 juin 1852, il prononce son discours de réception titré De la musique à Lyon depuis1713 jusqu’à 1852 (Lyon : impr. A. Vingtrinier, 1852, 37 p.), qu’il envoie à l’Académie le 16 décembre (Ac.Ms277-V-16-12-1852). En 1857, il demande le soutien de l’Académie pour la création à Lyon d’un conservatoire de musique (Ac.Ms277-V-fin 1857), qui ne verra le jour qu’en 1872 avec Édouard Mangin qui l’a obtenu du maire Désiré Barodet. Il a fait un Rapport sur les harmoniums de M. H.-C. Beaucourt, lu [par le secrétaire] à l’Académie… le mardi 8 avril 1862 (MEM L 10, 1861-1862, et Lyon : impr. Vingtrinier, 1862, 15 p.). Il est membre correspondant à partir de 1863 en raison de son départ définitif pour Paris.
Membre de l’Académie impériale de musique le 24 juillet 1863. Son gendre, Le Corbeiller, avait créé un Prix George-Hainl, en faveur du premier prix de violoncelle, d’un montant de 1 000 francs.
F. Fétis, Biographie universelle des musiciens, 1978. – J.-M. Fauquet (dir), Dict. de la Musique en France au xixe siècle, Paris : Fayard, 2003. – Arthur Pougin « George Hainl », La Chronique musicale, Revue bimensuelle de l’art ancien et moderne, vol. 1, 1er juillet 1873, p. 28-32, portrait. – Yves Ferraton, Cinquante ans de vie musicale à Lyon, éd. Trévoux-Patissier, 1984. – Paul Vandevijvere, Dict. des compositeurs francs-maçons, 2013. – Vincent Wright, Les préfets de Gambetta, Paris-Sorbonne, 2007 (notice « Dumarest »). – Frédéric Jarrousse, Auvergnats malgré eux, Prisonniers de guerre et déserteurs étrangers dans le Puy-de-Dôme pendant la Révolution française (1794-1796), Institut d’études du Massif Central, Presses Univ. Blaise Pascal, 1988, 249 p. – Marie Boyer, F. George Hainl (1807-1873), la baguette et l’archet, Ville d’Issoire, 2005. – Bruyère, Saint-Jean, p. 175. – Gérard Corneloup, DHL. – G. Bourligueux, DBF.
Nombreuses caricatures et photos sur Gallica ou dans le fonds G.-Hainl, aux archives municipales de la ville d’Issoire : caricature par A. Lemot (1868). – Gravure d’après dessin de Thierry (1873). – Médaillon plâtre en haut relief (ovale formant niche inscrit dans un rectangle), H. 954 m, L. 0,752 m, par Auguste-Flavien Poitevin, exposé au salon de 1868, donné à l’Académie de Lyon en 1914 par les héritiers d’Alice Hainl, épouse Dumarest, fille du modèle (Procès verbal de la séance du 17 février 1914). – Puis médaillon bronze. – Dessin-caricature signé A. Cabannes (1963).
Il a composé et publié quelques Fantaisies (Fantaisie sur des motifs de Guillaume Tell de G. Rossini pour violoncelle et piano, 1830 ; Fantaisie sur la Fiancée…), jouées dans ses concerts. – Souvenirs des eaux du Mont-Dore, scène pastorale pour violoncelle, avec acc. de deux violons, alto et basse ou piano. Op. 2, Paris : A. Meissonniers et L. Heugel, s.d. – L’Éloge des larmes, mélodie de F. Schubert, transcrite pour violon, violoncelle, orgue et piano par F. George Hainl, Paris : Choudens, [1862]. Voir sur Gallica un grand nombre de lettres de George Hainl.