Joseph Hugues Fabisch voit le jour le 19 mars 1812, 88 boulevard Sextius à Aix-en-Provence ; sont présents Joseph Hugues Baudisson, oncle maternel par alliance et probable parrain, et Paulin Davenas, maçon. Son père, Charles Fabisch « tisseur à toile », né en la ville d’Andrichovie (act. Andrychów) en Pologne le 4 novembre 1769, décédé à Aix le 9 juin 1841 – fils de feu Albert Fabisch et de feue Sophie Wietrzouka, décédés à Andrichovie respectivement le 29 juin 1797 et le 4 février 1778 –, arrive à Aix en octobre 1809. Il y épouse 18 mois plus tard, le 28 mars 1811, Françoise Agathe Salen (Éguilles [Bouches-du-Rhône] 14 mars 1782-Aix 25 janvier 1833), fille de Julien Salen, propriétaire, et d’Élisabeth Saint-Etienne. Charles a pour témoin à son mariage Jean Louis Gabriel Pécout, tailleur de pierre, qui se marie le même jour que lui. Cette même année 1811, il entre dans la loge des Arts et de l’Amitié (Élisabeth Hardouin-Fugier). Joseph Hugues est suivi d’une sœur, Marie Sophie Louise, née à Aix le 10 septembre 1814, et il n’est pas inintéressant de noter que les témoins sont Pierre Jacques Juramy, sculpteur, et Antoine Casimir Dost, orfèvre. Ainsi, bien que modeste tisserand, Charles Fabisch semble avoir évolué rapidement dans une sphère d’artistes, ce qui devrait avoir eu une incidence sur l’orientation de Joseph Hugues. Et de fait, celui-ci fréquente l’école de dessin d’Aix, où à partir de 1819 Juramy enseigne la sculpture.
Nous ignorons dans quelles circonstances et à quelle date précisément Joseph Hugues Fabisch arrive à Lyon. Il y est présent en 1836 (âgé de 24 ans), et semble fréquenter déjà le milieu catholique lyonnais. C’est Antoine Mollière* qui lui aurait fait rencontrer à Millery (Rhône), où il avait un domaine, Simon Saint-Jean* avec lequel il va rester lié. Il s’essaye à la poésie mystique et publie en février 1837 Le Peintre au poète, ode à M. Sézil, professeur au pensionnat de Saint-Genis-Laval, suivi en août de La Vierge au Golgotha, qu’il dédie à M. Reboul de Salze, prêtre, chef d’institution à Saint-Étienne où il a obtenu en 1836 un poste de professeur de dessin. Il y réalise en 1838, pour l’église Notre-Dame de l’Assomption, un important groupe sculpté représentant une Vierge de pitié au pied de la croix, encadrée par Madeleine et Jean. C’est à Saint-Étienne également que Fabisch épouse, le 29 mars 1843, Louise Catherine Testenoire (Saint-Étienne 5 mai 1820-Lyon 7 janvier 1894), « rentière », orpheline de Charles Testenoire, négociant, et de Laurence Detours (Gerbe de Tours) ; parmi les témoins, un frère de la mariée, Philippe Testenoire, négociant, qui le 5 octobre 1852 épousera à Vourles Marie Fleurie Anthelmette Duclaux, fille du peintre Antoine Jean Duclaux* (1788-1868). Mais le sculpteur est déjà installé 25 rue des Remparts-d’Ainay, à Lyon où il a commencé à exposer à la Société des amis des arts en 1842 (un Christ et une Vierge). Dès 1843, il crée un atelier et, en 1845, il commence à enseigner à l’école des beaux-arts, dont il sera directeur de 1871 à 1876. Sans véritable concurrent (hormis Guillaume Bonnet*), Joseph Hugues Fabisch a pu s’engouffrer avec énormément de succès dans le créneau très porteur de la sculpture religieuse à un moment où les églises lyonnaises et alentour sont construites, reconstruites, agrandies et remeublées. Pour lui, « l’art apprécié de la hauteur des idées chrétiennes n’est pas une vaine spéculation et ne doit jamais être un but. Auxiliaire de la prédication, ses œuvres doivent tendre sans cesse à élever l’âme, à toucher le cœur ». Son succès auprès du milieu pratiquant lyonnais est total ; les choses sont plus nuancées de la part des critiques d’art. S’ils soulignent la suavité, la grâce et le caractère poétique de ses œuvres, ils ne voient pas en lui un artiste de premier plan (il obtiendra une modeste médaille de 2e classe à Paris en 1861). La quantité impressionnante de sa production – sculptures et mobilier surtout religieux, hormis sa Béatrix (1854) et sa Rebecca (1858) – incite à penser qu’il était aidé de praticiens et d’élèves au sein de son atelier, situé 38 rue Sainte-Hélène ; deux d’entre eux sont témoins lors de la déclaration de la naissance de sa fille Jeanne Marie le 1er août 1848 (née le 29 juillet) : François Protheaux (1825-1865), peintre et sculpteur, et le sculpteur Armé Médard, né à Lyon en 1816, alors domicilié 40 rue Sainte-Hélène. Les nombreuses reproductions des œuvres de Fabisch préfigurent d’une certaine façon le style sulpicien très en vogue à la fin du siècle. Deux réalisations de Joseph Hugues Fabisch sont particulièrement marquantes : la statue de la Vierge du clocher de la chapelle de Fourvière, fondue par Lanfrey et Baud d’après un modèle en plâtre grandeur nature, et inaugurée le 8 décembre 1852 (cérémonie à l’origine de la tradition des illuminations). L’autre est la Vierge en marbre de la grotte de Lourdes, réalisée en 1863-1864 à la demande des trois sœurs Lacour – célibataires, petites filles de l’ancien échevin Jean-Baptiste Lacour, et héritières du château de Montluzin à Chasselay (Rhône) – ; Fabisch, avant de sculpter la statue, avait soumis un questionnaire détaillé à Bernadette Soubirous sur les apparitions, mais le jour de l’inauguration (le 4 avril 1864), celle-ci exprima sa déception, au grand désarroi de l’artiste. Il s’agit néanmoins de l’œuvre la plus reproduite dans le monde. Le sculpteur a réalisé en 1883 un buste en marbre du philosophe Blanc de Saint-Bonnet*, dont l’Académie possède un moulage en plâtre. Il a été fait chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand en 1885.
Fabisch a eu quatre enfants, dont trois sont nés rue des Remparts d’Ainay : Marie Antoinette Marcelline le 10 janvier 1844 ; Marie Philippe le 12 août 1845 ; Jeanne Marie le 29 juillet 1848 ; la dernière, Marie Philippine Marguerite, est née rue Puzy le 11 juin 1850. En 1872-1873 la famille habite 1 rue Vaubecour, et y est encore en 1881.
Joseph Fabisch décède le 7 septembre 1886 au 1 quai d’Occident (act. quai Maréchal-Joffre). Après une cérémonie à Ainay, il est inhumé le 9 à Loyasse dans la chapelle des Testenoire, où il rejoint son fils et le peintre Antoine Duclaux* (Hours 528). Du 22 au 31 janvier 1889 a été organisée une vente des « œuvres statuaires de Fabisch et ses collections de tableaux, dessins, gravures bronzes antiques, objets d’art du 16e s. faïences et porcelaines, meubles anciens, etc. » (catalogue Crozet, Lyon 1889).
La liste des œuvres de Joseph Hugues Fabisch est consultable dans le dictionnaire d’Audin et Vial.
Philippe Fabisch a été formé à la sculpture par son père à l’école des beaux-arts de Lyon, puis à celle de Paris, où il a été élève d’Auguste Dumont. Il enseigne le dessin au lycée de Lyon, en 1871, puis à l’école des beaux-arts de 1875 à 1877. Il reçoit une médaille au salon de 1872. Il se marie à Lyon 5e le 3 mai 1876 avec Victorine Adélaïde Félissent, fille d’Eustache Félix Félissent, ancien directeur de la condition des soies. Père de cinq enfants, Philippe Fabisch décède à l’âge de 36 ans le 14 juin 1881, chez son père rue Vaubecour, laissant inachevé un portrait de l’abbé Noirot*. Il a été inhumé dans la chapelle Testenoire qu’il avait ornée d’une Vierge de pitié. Il avait rédigé un petit essai : De l’Influence des Médicis sur les arts, publié chez Pitrat en 1882.
Sur proposition d’Antoine Chenavard*, Joseph Fabisch est élu le 24 novembre 1857 au fauteuil 1, section 4 Lettres-arts. Il prononce son discours de réception le 28 février 1860 sur La dignité de l’art, et le même jour y fait un rapport sur le prix Ampère (MEM L 1879-1880). Il fait également un rapport sur le prix Dupasquier le 25 juillet 1876 (MEM L, 1876-1877). En 1881 il offre une médaille qu’il a dessinée pour la Société de géographie (MEM L 1881-1882). Arnould Locard*, en tant que président, prononce un discours lors de ses obsèques (MEM 1887).
Audin et Vial. – Élisabeth Hardouin-Fugier, « Fabisch », Les peintres de l’âme : art lyonnais du xixe siècle, Exposition. Lyon : MBAL, 1981. – Séverine Penlou, Rôles et fonctions de la sculpture religieuse à Lyon de 1850 à 1914, thèse d’histoire, université Lumière Lyon-2, Lyon, 2008 (inédite), en ligne. – DHL. – M.-L. Blumer, DBF.
Le Peintre au poète, Lyon : Deleuze, 1837. – La Vierge au Golgotha, Lyon : Deleuze, 1837. – De la dignité de l’art, Lyon : Vingtrinier, 1860.