Du féminisme à l’Académie ?

Ce titre est bien sûr trompeur : il n’y a pas un seul féminisme, ni une seule invention de tels mouvements. Nous nous concentrerons sur deux décennies (1858-1878) à partir d’un concours financé par un Lyonnais atypique.

François Arlès-Dufour, industriel saint-simonien, l’un des fondateurs de l’École centrale lyonnaise, de la SEPR (Société d’enseignement professionnel du Rhône) et du Crédit lyonnais, a financé par trois fois un prix de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon sur l’amélioration du sort de la femme. L’Académie conserve la trentaine de mémoires reçus.

Les trois concours d’Arlès-Dufour (1859, 1870, 1877) ne posaient pas exactement la même question. Pour le premier, elle était formulée ainsi :

Étudier, rechercher, surtout au point de vue moral, et indiquer aux gouvernants, aux administrateurs, aux chefs d’industrie et aux particuliers, quels seraient les meilleurs moyens, les mesures les plus pratiques :

  1. Pour élever le salaire des femmes à l’égal de celui des hommes lorsqu’il y a égalité de service et de travail.

  2. Pour ouvrir aux femmes de nouvelles carrières et leur procurer des travaux qui remplacent ceux qui leur sont enlevés par la concurrence des hommes et la transformation des usages ou des mœurs.

Arlès-Dufour souhaitait qu’on examine tous les dix ans comment la situation avait évolué, ce qui donna l’énoncé suivant pour le concours de 1877 :

Étudier les faits qui se sont produits depuis le concours ouvert en 1858 par l’Académie de Lyon, concernant la condition économique des femmes, leur éducation, leur salaire, les emplois qui leur ont été ou pourraient leur être ouverts ou fermés ; examiner enfin tout ce qui a été fait ou essayé depuis ce temps pour améliorer cette condition à tous les points de vue.

Pour le premier concours, l’Académie a reçu 23 mémoires et la lauréate principale fut Julie-Victoire Daubié (1824-1874) ; plusieurs médailles et mentions honorables ont également été décernées. Les 7 mémoires du second prix furent jugés insuffisants ; il y avait pourtant une pièce bien travaillée d’Eugénie Niboyet (1796-1883) qui apparemment ne fut pas du goût des commissaires. Quant au dernier concours, qui eut lieu après la mort du donateur, il ne donna lieu qu’à deux mémoires, dont celui d’un militant socialiste modéré, Marc Guyaz (1852-1909) qui fut primé.

C’est cet ensemble que le colloque examinera en détail, en tentant de le situer dans le contexte de la situation des femmes, en particulier des ouvrières, et aussi de la vie académique, lors de ce troisième quart du XIX siècle.

Colloque Jeudi 14 Novembre 2024

Programme

9 h à 12 heures : au Palais Saint-Jean. Grand Salon :

  • 9h. Préambule :

  • Pierre Crépel. Les concours de l’Académie.

  • Nicole Dockès. François Arlès-Dufour, un Lyonnais saint-simonien.

  • 9h15Claude Prudhomme. La cohabitation des courants philosophiques et spirituels au sein de l’Académie (1848-1878).

  • 9h45Philippe Dujardin. Lyon épicentre du saint-simonisme.

  • 10h15Marie Janin. Le saint-simonisme au féminin, les écoles Lemonnier au service de l’affranchissement des femmes.

  • 10h45 – Pause.

  • 11hNicole Dockès. La situation juridique des femmes au travail au milieu du XIX siècle.

  • 11h30Jean-Pol Donné. La condition des femmes au travail dans les mémoires reçus par l’Académie.

14 h– 17 h 30 : au Palais Saint-Jean. Grand salon :

  • 14hMaryannick Lavigne-Louis. Le concours de 1859.

  • 14h30Anne-Sophie Chambost. Un concours avant le baccalauréat : le parcours lyonnais de Julie Victoire Daubié.

  • 15h – Pause.

  • 15h15 Denis Reynaud. Le concours de 1870.

  • 15h45 Ludovic Frobert. La voix des femmes au concours de 1870. Eugénie Niboyet (1796-1883).

  • 16h15 Pierre Crépel. Le concours de 1877. Marc Guyaz.

  • 16h45 : Débat.